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Le rebond post-Covid n'aura pas duré. Après deux saisons exceptionnelles marquant le retour massif du public suite à la crise sanitaire, les festivals ont plus de mal à faire le plein pour cette saison 2024. Pire, certains événements ont déjà mis la clé sous la porte : c'est le cas du Greenland Festival, qui fait polémique pour
des accusations d'arnaque, du
Lollapalooza Paris à cause des JO, mais aussi de l'Electrobeach, important festival du Barcarès, en raison de contraintes techniques. Le Jardin du Michel et une journée des Papillons de Nuit ont été déprogrammés en raison de violents orages. Certains événements, qui avaient l'habitude d'afficher complet en quelques jours voire en quelques heures, ont encore beaucoup de places à vendre cet été. Et l'organisation des Jeux Olympiques n'est pas la seule raison à ces ventes timides ! À commencer par Solidays. L'événement parisien au profit de Solidarité Sida a l'habitude de
battre des records de fréquentation chaque année, avec jusqu'à 259.000 festivaliers l'an dernier. À moins de trois semaines de sa 26ème édition, le festival propose encore des places pour les trois jours. Ce qui aurait été encore impensable l'an dernier...
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"L'industrie des festivals est en danger"
«
Nous serons complets, mais plus tard que d'habitude. Il faut que l'on soit complet. L'industrie des festivals est en danger, le risque est encore plus grand, les points d'équilibre financier sont beaucoup trop haut. Et les festivals associatifs comme le nôtre sont les plus concernés » s'alarme au
Parisien Luc Barruet, directeur et fondateur de l'événement, qui accueillera Mika, Louise Attaque, Sam Smith, PLK, Diplo ou Santa : «
On a moins d'artistes intergénérationnels cette année et peut-être moins de vieux festivaliers fidèles ». Le patron des lieux regrette également que les artistes soient plus gourmands qu'avant dans ce festival où, par le passé, ils acceptaient de baisser leur cachet voire venaient jouer bénévolement : «
Ils font toujours un effort sur leurs cachets mais moins qu'avant ». Ce sans compter les 32% de hausse des coûts liés à la production et à l'arrivée des Jeux Olympiques.
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Même son de cloche à l'Ouest aux Vieilles Charrues. Le plus célèbre festival breton, dont
la tenue est menacée par la mairie de Carhaix, n'a rempli que sa journée du vendredi, avec Sting, PJ Harvey, Santa et Hoshi. Les trois autres jours sont encore à la vente avec David Guetta, Sam Smith, Dadju & Tayc, Simple Minds ou Grand Corps Malade. Assez étonnamment, la journée du dimanche mise beaucoup sur Kings of Leon,
groupe de rock américain très populaire dans son pays mais peu connu chez nous, pour faire venir 55.000 festivaliers. Les pass 3 et 4 jours sont également complets, mais au bout de six mois de vente. Une déception pour le festival breton, habitué à afficher "sold out" au bout de quelques heures seulement. «
Nous revenons à des normes qu'on a connues il y a six-sept ans. En même temps, quand vous regardez l'ensemble des festivals français de musique, vous vous rendez compte que pour ceux qui reçoivent plus de 30.000 festivaliers par jour, c'est difficile. Aucun n'est complet » reconnaît Jérôme Tréhorel, directeur des Charrues, à nos confrères de
Ouest-France.
Deux contrexemples : Hellfest et Beauregard
En effet, les mêmes ventes timides se constatent dans la plupart des gros événements. Aux Eurockéennes de Belfort, seule la journée spéciale du dimanche, avec David Guetta, ainsi que le pass 4 jours sont épuisés. Ce même si les organisateurs se félicitent de
ventes plutôt encourageantes. Idem
à Rock en Seine, où seul le mercredi spécial avec
Lana Del Rey est complet. Le Heavy Weekend, avec Scorpions, Judas Priest et Alice Cooper au Zénith de Nancy en plein air fin juin, brade ses places à 21 euros sur la Fnac. Le Main Square Festival, lui aussi habitué à se remplir en peu de temps, ne fait "sold out" qu'avec son pass 3 jours. «
On ne sera pas complet. On n'est pas mal, on aura du monde, mais on est en retard sur les ventes, comme tout le monde » se désole Armel Campagna, directeur du festival d'Arras, au
Parisien : «
Le souci, c'est qu'il n'y a pas énormément d'artistes qui tournent. Et tout le monde en pâtit, pas seulement en France. Il y a d'ailleurs énormément d'annulations à l'étranger ».
"On ne s'attendait pas à un tel ralentissement"
Ces faibles ventes sont donc en partie dues à des affiches moins prestigieuses que l'an passé. Les têtes d'affiches internationales de l'été se nomment Sam Smith, Sting, The Prodigy, Maneskin, Lenny Kravitz, Massive Attack ou Macklemore. Des artistes qui tournent assez régulièrement, et qui sont donc bien moins rares et peut-être un cran moins populaires que les Strokes, Rosalia, Red Hot Chili Peppers, Blur ou Kendrick Lamar, stars de l'été 2023. «
Il y a un ralentissement général des ventes de billets. L'an dernier a été exceptionnel, mais on ne s'attendait pas à un tel ralentissement » reconnaît Malika Séguineau, directrice d'Ekhoscènes (ex-Prodiss) : «
Les affiches sont moins fortes qu'après le Covid, lorsque tous les artistes internationaux étaient sur la route. Beaucoup d'artistes étrangers ne tournent pas cet été en France, à cause des Jeux olympiques ».
Au contraire, deux festivals résistent et font le plein. Outre le Hellfest, sold-out en quelques heures grâce à Metallica ou Foo Fighters, la véritable surprise vient de l'événement normand Beauregard. Après les scores historiques de son édition 2023, marquée par la venue d'Indochine, le festival situé à Hérouville Saint-Clair affiche complet depuis début mai. Sont attendus
David Guetta et The Prodigy (encore !), mais aussi Justice,
Zaho de Sagazan, Parcels, IDLES, Werenoi, L'Impératrice, LCD Soundsystem, Etienne Daho ou encore Véronique Sanson. De nouvelles places ont toutefois été remises en vente.