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jeudi 25 novembre 2010 0:00

Sylvie Vartan en interview

C'est à l'occasion de la parution de son nouvel album, "Soleil bleu" - dès lundi prochain dans les bacs, réalisé par Keren Ann et Doriand, et contenant notamment un duo avec Julien Doré et un autre avec Arthur H, que Sylvie Vartan s'est confiée à Charts in France sur la genèse de son disque, mais aussi sur une vie de voyages, de rencontres… Une vie passée en grande partie sur scène. Merveilleusement...
Est-ce le très réussi (à mon sens) album "Dingue" d'Emmanuelle Seigner paru l'année dernière, écrit, composé et réalisé par Keren Ann et Doriand, qui vous a donné envie de faire appel à cette même équipe (Mathieu Rosaz, rédacteur ) ?
Sylvie Vartan : Oui et non. J'ai beaucoup aimé l'album d'Emmanuelle Seigner mais je connaissais déjà depuis pas mal de temps le travail de Keren Ann et je l'apprécie beaucoup en tant qu'artiste. J'aime son originalité, sa façon d'aborder les chansons et c'est en parlant de nos projets avec Etienne Daho qu'on est arrivé à parler de Keren et je me suis dit que c'était une bonne idée de faire appel à elle.

Nous nous sommes rencontrés chez Etienne et Keren m'a présenté Doriand
A-t-il été facile de la convaincre ?
On n'a pas eu besoin de se convaincre, on s'est rencontré. Et c'est ça le point charnière : c'est la rencontre, les affinités, le ressenti que l'on a lors de la première rencontre. Moi je suis assez instinctive et je marche toujours comme ça. La première fois nous nous sommes rencontrés chez Etienne, et Keren m'a présenté Doriand, ainsi qu'une première chanson qu'ils avaient déjà écrite en pensant à moi et qui s'appelle "J'fais la moue". J'étais vraiment emballée par l'autodérision et l'humour de cette chanson et à partir de ce moment le contact s'est fait et on a parlé plus longuement de musique et de fil en aiguille on en est arrivé à faire cet album entièrement réalisé par eux.

Découvrez l'EPK du nouvel album de Sylvie Vartan, "Soleil bleu" :


C'est un album résolument pop qui sous une apparente légèreté et des touches d'humour dit des choses assez graves et profondes mais avec sérénité ("Je me détacherai") . Cela correspond-il à votre état actuel?
Oui, c'est vrai que ce que je veux transmettre au public, ce sont avant tout des mots, un état d'esprit et puis un point de vue. C'est vrai que la vie que j'ai passée pratiquement tout le temps sur scène depuis mes 17 ans m'a enrichie en joies, en peines, en déceptions, en moments fous et je ne dis pas les choses de la même façon qu'avant. Je ne recherche pas les même mots, je les dis différemment. On ne change pas dans le fond mais ce qui évolue c'est la façon de transmettre les idées.

On sent une volonté de poser un regard optimiste malgré tout sur la vie à travers notamment la chanson de Patrick Loizeau "Soit dit en passant" qui semble dédiée à votre fille adoptive Darina...
Oui je voulais vraiment trouver une chanson sur l'adolescence car justement ma fille est adolescente et mes deux autres petites filles (les filles de David Hallyday) sont adolescentes aussi et c'est un moment assez difficile même si personnellement je n'ai pas de repère car à cet âge-là je n'avais pas de rébellion. J'ai tout vécu sur scène. Je n'avais pas à me rebeller. J'étais déjà dans un monde tellement merveilleux, fantastique et enthousiasmant… J'avais un rapport serein avec mes parents, beaucoup d'amour et pas de soucis d'adolescente. Mais je me rends bien compte que la crise d'adolescence existe vraiment, que ce ne sont pas que des mots ou des thèses de psychanalystes, que ce sont des moments de la vie où on se cherche, où on est anxieux… Je voulais une chanson sur ce thème-là qui ne soit pas moraliste et qui parle des quinze ans.

Elle parle de l'homosexualité mais sur un ton tout à fait différent
Comment la chanson "Tous ces garçons" qui évoque l'homosexualité avec humour a atterri sur l'album sachant qu'elle est écrite par Frédéric Botton décédé en 2008 ?
Ah je l'aime beaucoup ! Eh bien j'ai eu accès à pas mal de chansons inédites de Frédéric et j'ai choisi celle-ci parce qu'elle parle de l'homosexualité mais sur un ton tout à fait différent de tout ce qui a pu être écrit je crois jusqu'à présent. Ce thème a toujours été abordé de manière un peu grave ou mélancolique à travers les magnifiques chansons de Berger/Plamondon ("Ziggy") ou Aznavour ("Comme ils disent") mais pas comme ça, sur un ton léger (sourire) !

Et justement, par extension, je pense au monde de la nuit et plus précisément aux travestis. Vous êtes une des chanteuses les plus imitées, caricaturées. Est-ce que cela vous a parfois irrité ou avez-vous toujours pris cela comme un hommage voire un honneur ?
Non, ni irrité, ni un hommage, ni un honneur. Je trouve cela rigolo et je trouve que ça met en relief les travers et les mimiques de quelqu'un de manière exagérée et c'est drôle de voir ce qui ressort de moi au fond. C'est toujours amusant car on n'a pas toujours le même regard !

Le nouvel album "Soleil bleu" est d'une grande sobriété au niveau du traitement sonore de la voix...
Oui j'aime beaucoup le traitement de la voix justement qui est très intime. J'adore les mix qui ont été faits par Tore Johansson qui est suédois. Une fois que les chansons ont été terminées, on les lui a envoyées par “federal express” et quand il me les a renvoyées, j'avoue que j'ai trouvé que ma voix n'avait jamais été aussi bien mixée. Quand je chante en studio et que je me réécoute sur le moment, je veux toujours faire des rectifications car j'ai l'impression de ne pas entendre ce que je cherche à faire dans l'interprétation. Toutes les finesses, tout ce que j'essaie de faire passer peut rester inaperçu mais là c'est la première fois qu'on entend le souffle, notamment dans le duo avec Arthur H, je trouve que c'est magistralement mixé et que l'auditeur peut vraiment avoir l'impression d'être à côté. Il y a une intimité et une proximité incroyables dans cette chanson qui s'appelle "Sous ordonnance des étoiles".

On ne peut pas chasser le naturel. Le timbre de la voix reste le timbre de la voix
Ce passage à la loupe de la voix peut être cruel aussi. Avez-vous dû vous remettre en question par rapport à certains tics que vous pouviez avoir parfois ?
Non, je pense qu'on ne peut pas couper à certains effets qui sont devenus naturels. On ne peut pas chasser le naturel. Le timbre de la voix reste le timbre de la voix sauf que je trouve que curieusement, et je ne sais ni d'où ça vient, ni pourquoi, je chante différemment aussi. Est-ce que ce sont les arrangements très originaux, très élégants, très raffinés qui m'ont inspirée? Je ne sais pas. Il y a une certaine fraicheur dans la voix qui n'existait pas auparavant et qui rappelle davantage mes premiers enregistrements.

Visionnez Sylvie Vartan, "Je me détacherai" (France 3) :


C'est le troisième album studio que vous sortez en quatre ans. Cela peut-il s'expliquer par une urgence et un désir de chanter plus forts que jamais?
Non, c'est une question de rencontre je crois. En fait là, avec Keren, ça s'est précipité. Mon disque ne devait sortir qu'en 2011. Le processus de trouver des chansons est tellement long. On commence à chercher du matériel et on met parfois deux ans à trouver quatre chansons et puis là, je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est le hasard … D'abord on a dû précipiter les choses parce que Keren était en train d'enregistrer parallèlement pour elle-même donc elle était prise par le temps. Moi également, et on a dû mettre l'“overdrive” et il s'est trouvé que les chansons sont venues comme par miracle et que je les ai aimées tout de suite, ce qui est rare parce que d'habitude je mets énormément de temps à faire le choix parce que je ne trouve pas ce qui me convient. Le choix est quelque chose de très personnel qui doit m'inspirer, m'émouvoir, m'enthousiasmer. La magie et l'alchimie étaient au rendez-vous!

Dans votre dernier spectacle de l'Olympia 2009-2010, vous avez repris avec beaucoup d'émotion la chanson "Mon enfance" de Barbara qui vous aimait beaucoup et parlait souvent de vous. Pouvez-vous me parler de votre amitié avec Barbara qui vivait relativement recluse en France et vous aux Etats-Unis ?
Cette chanson est un bijou. J'aimais justement sa manière de vivre. Elle n'avait pas de “clique”, elle avait une distance avec le show-business et elle faisait son métier avec beaucoup d'amour. C'était quelqu'un que j'aimais beaucoup. Elle avait beaucoup d'humour. C'était quelqu'un de réservé en fait, de timide. Indéniablement une grande artiste. J'ai beaucoup écouté ses chansons, je connais bien son répertoire et il est vrai que "Mon enfance" aurait pu être écrite pour moi. C'est une chanson qui me va comme un gant, c'est vraiment un vécu identique. Je n'ai qu'à me glisser dans les mots, fermer les yeux et je m'y trouve. C'est extraordinaire. Il est difficile de lui prendre certaines chansons qui lui sont tellement propres et personnelles mais "Mon enfance", elle ne la chante pas du tout de la même manière et moi je la chante à mon tempo et au rythme de mes émotions et de mon feeling. Ça devient une autre chanson mais je suis sûre qu'elle doit sourire là-haut et qu'elle est contente de ça.

Barbara. Indéniablement une grande artiste
Elle ne vous a jamais proposé de vous écrire une chanson? Je pense par exemple à la chanson "Hop-là" (1970) qu'elle présentait sur scène comme une chanson pour “femme blonde” et qui aurait pu trouver sa place, je trouve, interprétée par vous dans un show des Carpentier ?
Non et curieusement, je n'ai jamais eu l'idée de le lui demander. On se voyait de temps en temps, j'allais la voir sur scène… Mais "Mon enfance" restera à jamais dans mon tour de chant. Je ne peux pas ne pas la chanter, c'est impossible. Elle me bouleverse…

Visionnez Sylvie Vartan live, "Mon enfance" de Barbara (Olympia 2009) :
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Est-ce un tout nouveau spectacle que vous présenterez au Châtelet à Paris le 5 décembre 2010?
Oui, pratiquement. Je chanterai beaucoup de chansons du nouvel album et puis d'autres que je n'ai pas chantées depuis des lustres !

"Merveilleusement désenchantée" m'est arrivée et tout de suite je l'ai aimée
J'aimerais savoir si vous comptez chanter à nouveau ma chanson préférée de votre répertoire : "Merveilleusement désenchantée" (1979) signée Francis Basset et Jean Denjean et pouvez-vous me raconter l'histoire de cette chanson ?
Eh bien oui ! Je la chante ! Eh bien voilà (rires) ! Cette chanson est arrivée chez mon éditeur , on me l'a proposée et ça a été un coup de foudre immédiat. Je n'ai rien eu à changer, ce qui est rarissime, je dois dire, parce que les gens qui ne vous connaissent pas et qui vous disent «j'ai fait cette chanson pour vous», je peux vous dire que dans 99,9% des cas, c'est raté. C'est cliché, c'est impersonnel, les gens ne vous voient pas comme vous êtes et ça ne marche jamais au fond. Que ce soit des gens connus ou pas. En fait, l'erreur c'est qu'ils veulent faire du sur mesure pour l'interprète alors que si on demande une chanson à quelqu'un, c'est pour qu'il l'écrive dans son propre style mais surtout pas que l'auteur se transpose en imaginant qui vous êtes. Ça ne marche jamais comme ça. Ça fait des chansons bâtardes, ratées ou de pâles copies. Honnêtement, la chanson "Merveilleusement désenchantée" m'est arrivée et tout de suite je l'ai aimée. J'ai adoré le côté très sophistiqué et très profond des mots. J'ai adoré aussi la mélodie. Enfin tout allait ensemble !

Visionnez Sylvie Vartan, "Merveilleusement désenchantée" (1980) :
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Dans le choix de chansons, il n'y a pratiquement rien, la moisson est mauvaise
Comment peut-on interpréter une aussi belle chanson en 1979 et chanter quelques années plus tard des choses plus discutables comme "Déprime" (1983 - adaptation de "Sweet Dreams" du groupe Eurythmics) ou encore les chansons de l'album "Virages" (1986) ?
(rires) Ce sont des moments où la maison de disques vous demande de faire des albums et dans le choix de chansons, il n'y a pratiquement rien, la moisson est mauvaise et on prend des chansons qui sont quelconques en fait. La période dont vous me parlez correspond aussi à une époque où j'avais un peu arrêté la scène parce que mon fils David était adolescent et allait terminer l'école et puis j'avais changé de vie aussi. Donc j'avais mis un peu la pédale douce sur tout ce qui était scène et j'ai enregistré et puis ma foi je n'y ai pas prêté grande attention je dois dire, c'est ma faute.

L'écrivain Roger Peyrefitte (1907-2000) dresse un très joli et très touchant portrait de vous dans son récit "L'enfant de cœur" (1978), récit qui retrace la tentative de suicide de son compagnon Alain-Philippe Malagnac, qui deviendra le mari d'Amanda Lear et qui fut le producteur de votre premier grand show à l'américaine au Palais des Congrès en 1975. J'aimerais savoir ce que Roger Peyrefitte, homme de lettres controversé, vous a apporté sur les plans culturels et humains ?
Ô c'était un homme qui était très cultivé, élégant et qui avait un regard très acéré sur tout! Quand je l'ai rencontré c'était quelqu'un qui avait déjà "vécu" comme on dit …

Il adorait vos chansons. Vous a-t-il proposé de vous en écrire ?
Il parait qu'il m'écoutait, oui. Il ne me l'avait jamais dit. Mais vous savez, curieusement c'est souvent difficile pour un écrivain d'écrire une chanson parce qu'au fond une chanson c'est très court et très concis, c'est un art très différent, c'est une histoire en abrégé et en général les écrivains s'y perdent. Je ne dis pas que c'est impossible mais c'est souvent un exercice difficile pour eux.

On associe souvent vos débuts à ceux de Françoise Hardy et de Sheila. Avec le temps, vous semblez clairement plus proche musicalement de Françoise Hardy. A l'exception de vos débuts qui coïncident, vous sentez-vous encore un lien de parenté artistique avec Sheila ?
Non pas vraiment. Enfin pas vraiment… Disons qu'on fait le même métier en même temps…

J'ai toujours eu de bons rapports avec Sheila
J'ai remarqué que bien avant les forum de discussion sur internet, il y avait déjà une sorte de petite guerre de fan club entre les défenseurs de Sheila et ceux de Sylvie Vartan...
Ce n'est qu'entre fans parce qu'honnêtement j'ai toujours eu de bons rapports avec Sheila. Disons que je connais mieux Françoise Hardy parce qu'on a été amenées à se fréquenter beaucoup plus et Françoise est une amie proche mais c'est tout. Sinon il n'y a aucun problème, absolument pas. Nous faisons toutes des métiers très difficiles. Les affinités que j'ai avec Françoise datent de l'époque et ça s'est perpétué. On a gardé cette amitié entre nous.

Visionnez le portrait croisé de Sylvie Vartan et Sheila :
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Il y a huit ans dans le film "Huit femmes" de François Ozon, Catherine Deneuve a repris une de vos chansons peu connues: "Toi jamais" datant de 1976 (écoutez l'originale en cliquant sur ce lien). Avez-vous aimé cette version et envisageriez-vous de chanter ce titre à nouveau ?
Oui c'était bien ! Je n'ai pas envisagé sur le moment de la rechanter mais pourquoi pas, oui.

Visionnez Catherine Deneuve chantant "Toi jamais" dans "Huit femmes" (2002) :
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J'ai appris le français à l'âge de 8 ans
Concernant votre carrière aux Etats-Unis, avec le recul, ne pensez-vous pas que vous étiez trop "américaine" dans votre look, votre répertoire et votre manière de travailler pour faire l'unanimité là où le public en était resté à la petite robe noire d'Edith Piaf ?
Ah non, les spectacles que j'ai présentés là-bas ont très bien marché. Ça s'est borné en fait à Los Angeles, Las Vegas et Atlantic City. J'avais adapté mon spectacle pour un public américain puisque j'avais fait des medley avec des chansons américaines et des adaptations françaises et vice et versa et tout ce qui était ballet avait toujours été américain, même en France, donc je n'avais pas grand chose à changer. Les chansons que je chantais en Français c'était plutôt amusant parce que pour eux le rock n'roll c'est surtout américain. C'était “entertaining” comme on dit ! Mais vous savez, je pense que la langue française plait beaucoup. C'est la sonorité des mots et je peux en témoigner parce que comme j'ai dû apprendre le français, la langue a une autre consonance pour moi que pour un français dont c'est la langue maternelle. J'ai appris le français à l'âge de 8 ans et le français a toujours eu pour moi une sonorité très douce, très romantique et j'avais une certaine distance forcément par rapport aux mots et c'est vrai que je peux comprendre que cette langue plaise au plus grand nombre. Aussi bien les japonais que les américains adorent le français! J'ai enregistré quelques chansons en japonais mais ce ne sont pas celles qui ont marché. Celles qui ont marché ce sont les françaises et les italiennes. "Irrésistiblement" (version remix 1988) a été un énorme tube au Japon. J'ai l'habitude aussi de chanter en anglais depuis le début. J'ai fait des album en anglais donc pour moi ce n'est pas difficile de faire les deux. En japonais c'est déjà beaucoup plus problématique (rires) donc je leur dis quelques mots en japonais entre les chansons mais ils préfèrent m'écouter chanter en anglais et en français.

Visionnez Sylvie Vartan live, à Las Vegas (1982) :


Lorsque Danièle Thomson m'a approchée pour cette pièce, elle m'a plu, j'ai accepté
Pour la première fois vous allez jouer au Théâtre Marigny en mars 2011 dans une pièce de Danièle Thomson : "L'amour, la mort, les fringues". Quelques mots à ce sujet ?
C'est Danièle qui m'a abordée en me proposant ce projet et c'est vrai que cela faisait quelques temps déjà que je cherchais à jouer dans une comédie. Ne serait-ce qu'au cinéma, une comédie romantique, mais les sujets n'abondent pas et c'est toujours aux même, forcément, que l'on fait appel et je ne suis pas, moi, implantée dans le monde du cinéma de façon à inspirer et à donner l'idée peut-être à un réalisateur de faire appel à moi alors que lorsque Danièle Thomson m'a approchée pour cette pièce, je l'ai lue, elle m'a plu et voilà, j'ai accepté.

Il vous est arrivé de composer quelques chansons comme "Quelqu'un m'attend" (1996) ou encore "L'amour avec des sentiments" (2009), auriez-vous un jour envie d'écrire et composer entièrement un album ?
Non, alors ça je suis incapable. Ça demande beaucoup trop de recherche et puis je ne serai jamais satisfaite parce que je suis quelqu'un de très exigeant et je trouve que les autres le font tellement mieux que moi et tellement plus rapidement. Moi je n'aime pas plancher. Écrire me demanderait beaucoup de temps et il me faudrait la liberté que je n'ai pas car je suis toujours pressée et j'ai du mal à me poser quelque part. Je n'ai pas le temps de la réflexion en fait.

La situation des enfants en Bulgarie est toujours difficile et l'objectif de mon association est que les fonds aillent bien là où ils doivent aller
Quelques mots au sujet de l'association Sylvie Vartan pour la Bulgarie ? Comment se porte-t-elle ?
Ecoutez elle se porte le mieux qu'elle peut dans la mesure où la Bulgarie n'est pas un pays qui appelle forcément la générosité car il y a tellement de causes… Moi évidemment ça me tient à cœur car c'est un pays oublié où il y a tellement de besoins. Quand je suis retournée chanter là-bas en 1990, j'étais vraiment très attristée par la situation et la vie des gens. Ça s'est arrangé un peu mais maintenant l'espoir est retombé. Le grand élan d'espoir que l'on ressentait au moment de la chute du mur s'est un peu délité parce que les choses mettent du temps à se mettre en place, le passage à l'économie de marché est très difficile, l'euro est très haut et la corruption a pris place là-bas et a remplacé le régime communiste. C'est une autre sorte de dictature et c'est très compliqué de remettre le pays à flot. Les besoins sont toujours immenses. La situation des enfants est toujours difficile et l'objectif de mon association est que les fonds aillent bien là où ils doivent aller. Je ne veux absolument pas de ce genre de problème. Nos cibles sont surtout au niveau des hôpitaux et de l'équipement médical. On a commencé par donner des berceaux bleus qui sont des appareils de photothérapie utilisés pour soigner la jaunisse des nourrissons et qui sauvent vraiment beaucoup de vies d'enfants. Au départ aucune maternité n'était équipée de ce genre d'appareils qui sont très courants en occident. En 20 ans, on en a donné 40, ce qui est vraiment formidable. Évidemment on est toujours frustré car on a toujours envie de faire plus mais avec nos petits moyens on arrive quand même à faire de grandes choses.

Visionnez Sylvie Vartan live, "Mon père" à Sofia en Bulgarie (1990) :
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Les mails ? Entre ceux de ma fille que je surveille et les miens, je peux y passer la journée !
Une dernière question anecdotique : je voulais savoir si internet était rentré dans votre quotidien, si vous consultiez régulièrement vos mails etc. ?
Oh la la mon Dieu oui et combien hélas (rires) ! Oui parce qu'entre ceux de ma fille que je surveille et les miens, je peux y passer la journée ! C'est terrible et en même temps c'est extrêmement pratique. C'est un outil merveilleux mais c'est un peu l'apprenti sorcier quand même. On se laisse tellement envahir que ça devient absolument indispensable au point où on en devient “addict” ! Ma fille l'est complètement ! Elle est jeune surtout, c'est une catastrophe… C'est la perte de l'anonymat. C'est quand même effrayant et inquiétant à un niveau élevé pour les jeunes et les enfants. A un moment donné, moi je me dis «allez basta tu fermes» ! Mais les jeunes sont parfois tellement dépendants qui si on leur retire, ça devient un drame ! Ils ne peuvent pas vivre sans. Tous les rapports sont changés : les rapports d'amitié, les rapports à la musique. C'est la rapidité, l'impossibilité de se fixer. Ils deviennent impatients, exigeants, certains deviennent paresseux… C'est un moyen mais pour le considérer simplement comme un moyen il faut déjà une grande sagesse et beaucoup d'expérience…

Je vous remercie infiniment, Sylvie.
Merci, merci.

Pour en savoir plus, visitez sylvie-vartan.com.
Visionnez Sylvie Vartan, "Déprime" - cover de "Sweet Dreams" (1983) :

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