Zaho

Crédits photo : Pochette de Contagieuse
« J’veux pas de boloss dans ma life ». En écoutant "Boloss", le premier extrait très produit et plein de gimmicks de son album "Contagieuse", on se demande pourquoi Zaho a pris une nouvelle fois le risque de ne pas être prise au sérieux, comme ce fut déjà le cas avec "C’est chelou" qui avait fait le buzz grâce à son langage direct en 2008. Alors que son premier essai "Dima", écoulé à plus de 100.000 exemplaires, avait levé le voile sur un talent brut, à l’univers plus profond que ne le laissait présager son single phare, la chanteuse aurait pu revenir et confirmer instantanément son véritable registre urbain mais écrit. Quoiqu’il en soit, avec le sourire et du cœur, Zaho persiste et signe.

Mais touchante, la chanteuse R&B sait l’être aussi, et elle nous le prouve à de nombreuses reprises. Alors que sa ballade "Je te promets" avait su toucher le public dans le passé, celle qui possède tous les atouts sur "Contagieuse" pour prendre le relai n’est autre que le titre "Jardin d’Eden", dans lequel Zaho met un terme à une histoire de cœur avec lucidité. Mais il n’est pas question que d’amour. Si l’envoûtant "Quelqu’un d’autre" aborde le thème d’une relation impossible, le piano-voix "Tourner la page" évoque l’inspiration et le passage au deuxième album mais peine à décoller, tandis que "Divisés" aborde avec délicatesse le thème de la différence et se pose des questions sur l’être humain, le tout sur un air de guitare acoustique. La jeune femme joue avec les mots et impose sa plume.

Sur les morceaux plus rythmés, Zaho a également fait l’effort d’offrir des textes à la hauteur de ses productions à l’américaine, modernes et entêtantes. Si le disque démarre doucement avec "Mea Culpa", le plus pop et rayonnant "Tout est pareil" nous embarque dans la bonne humeur communicative de l’artiste, et "Imagine" finit de nous taper dans l’œil par sa mélodie à la fois douce et saccadée. On retrouve ce grain de voix et ce style bien particulier qui avait déjà fait sensation sur "Dima". L’accrocheur "Allô", qui nous conte avec optimisme et détermination ses débuts difficiles, continue sur ce créneau, tout comme "Aller", véritable hymne à l’évasion et radiophonique à souhait malgré un refrain qui aurait demandé à s’étoffer. Autre moment fort : "Maintenant ou jamais", duo avec Rohff, qui grâce à son flow à la fois street, dangereux et sensuel, s'inscrit comme l'un des singles potentiels du disque.