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samedi 03 juin 2023 12:29

Vitaa en interview : "C'est très dur de revenir après un gros succès"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Après l'immense succès de son album avec Slimane, Vitaa est de retour en solo. Elle se confie sans tabou à Purecharts sur son nouvel album, son prénom Charlotte qu'elle met en avant pour la première fois, ses débuts compliqués dans l'industrie, sa potentielle fin de carrière... Interview !
Crédits photo : Fifou
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Dans quel état d'esprit es-tu alors que tu reviens en solo après l'aventure "VersuS" avec Slimane ?
Ça fait bizarre ! Mais je crois que Slimane il l'a encore plus ressenti que moi parce qu'il a vachement enchaîné. J'ai quand même eu le temps de faire une petite pause, même si je n'ai pas trop l'impression d'avoir breaké longtemps très honnêtement. Je suis assez excitée de revenir, c'était prévu, on avait prévu nos parcours comme ça. Je me suis mis beaucoup de pression pendant la création de ce disque mais là je suis super contente d'y retourner, vraiment.

Je n'aime pas mon prénom !
Pourquoi avoir choisi de revenir aux sources en reprenant ton vrai prénom Charlotte ?
Franchement, ce n'était pas mon idée. C'était l'idée de mon mari, de mon équipe. C'était très dur pour moi de l'envisager, je leur ai dit : "Jamais de la vie les gars, même pas en rêve !" J'ai mis ce point d'honneur à créer cette armure derrière mon nom de scène, qui est mon deuxième prénom et qui est le prénom de ma maman, qui est d'origine sicilienne. Charlotte, c'est la maison, l'intimité, et ce besoin de faire une séparation entre l'artiste et la femme. Mais plus les années passent, plus j'ai envie de tout dire, de tout montrer. Je n'ai jamais été aussi prête à le faire. J'y ai réfléchi et je me suis dit qu'il fallait peut-être faire tomber les dernières barrières, c'est le moment. Mais je n'étais pas du tout prête à le faire avant.

J'ai lu que tu n'aimais pas ton prénom !
Je n'aime pas mon prénom !

Toujours pas ?
Toujours pas ! (Rires) Là, je fais une espèce de psychanalyse en le mettant en avant parce que l'album va s'appeler "Charlotte". Je commence à l'accepter, il était temps ! C'est comme ça, on aime ou pas son prénom. Dans l'intimité, les gens m'appellent Cha ou Charlotte, et là d'un coup, ça appartient à tout le monde, c'est encore une autre étape. Bien que de l'avoir vu sur les bannières sur les réseaux et sur la pochette, je commence à l'accepter... Mieux vaut tard que jamais !

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Dans ce métier, c'est plus dur pour une femme
Comment est née la chanson d'intro "Charlotte" ?
C'était une volonté de vider mon sac. C'est un des derniers titres qu'on a fait sur cet album. Je l'ai écrit et composé avec Dadju et Seysey. Dadju, j'avais vraiment envie d'avoir sa plume incisive parce que je voulais beaucoup de punchlines. J'ai commencé à écrire le couplet et à chaque fois il prenait une punchline et il me disait : "Ce n'est pas assez fort, il faut la transformer". On l'a écrit comme ça, en passe-passe. Je crois que c'est celui qui me connait le mieux dans cet amour que j'ai de la langue française et de la culture hip-hop. Il y a beaucoup de flow dans le morceau, c'est chanté mais j'avais envie de l'écrire comme un morceau trap en fait. C'était aussi une volonté de faire table rase, de dire tout ce que j'avais à dire. Je parle de ma carrière, de ma vie de femme, de mes craintes, de mes enfants. J'avais envie d'une remise à zéro. On s'est dit : "Est-ce que c'est l'intro ou l'outro de l'album ?" Et finalement, c'est l'intro !

Tu chantes "une femme dans un milieu d'obsédés" sur ce titre. Tu as été victime de sexisme à tes débuts ?
Je n'aime pas me victimiser. C'est plus le fait que c'est plus dur pour une femme. Dans ce métier comme dans la plupart des métiers, je crois. D'autant plus il y a 15 ans, d'autant plus dans cette musique-là, entre la variété et la pop urbaine. Et à ce moment-là, il n'y avait personne, il n'y avait pas de femme qui avait tout péter dans cette musique-là. En France on aime nous classer et là c'était inclassable. On s'est pris des portes partout que ce soit pour signer ou être diffusée en média car j'étais entre deux chaises. Et avant même de signer en maisons de disques, je me souviens de rendez-vous... Il y a un patron de maison de disques qui m'a dit : "Tu as un physique, il faudrait que tu sortes avec un rappeur ! Et tu vois ça pourrait marcher". Je le connais bien et je lui ai redit il n'y a pas longtemps, il était super gêné. On est dans un pays et une industrie où il faut que tu fasses tes preuves trois fois plus quand tu es une femme, et c'est ce que j'ai dû faire. Mais ce n'est pas grave parce que je m'en suis servi et c'est devenu un moteur.




Tu chantes aussi qu'on t'a dit "Sois belle pour vendre des CD". Tu as ressenti une pression supplémentaire par rapport à ton physique ?
J'ai senti qu'au début on a essayé de me mettre dans une case qui n'était pas la mienne. Je ne me suis jamais laissée faire. Etant donné que je suis auteure-compositrice, j'ai raconté mes histoires, et vu que je racontais ma vie, je leur ai tout de suite expliqué que ce n'était pas ça qu'on allait mettre en avant. Moi je voulais évoquer mon histoire, comme un journal intime, et que c'étaient des histoires de femmes qui allaient surement toucher les femmes mais que je n'étais en aucun cas une chanteuse bimbo. Ce n'était pas ça que je voulais dégager et je ne savais pas le faire. Ça a été un combat au début.

J'ai écrit cet album comme si c'était le dernier
Le fond plutôt que la forme...
Oui et eux ils voulaient axer sur la forme. Dans ce métier, bien sûr que l'image compte énormément. Et je l'assume, je suis très coquette, j'aime jouer de mon image mais je ne voulais pas aller vers le personnage sexy. C'est quelque chose que je bannissais.

Le clip de "Charlotte", où tu mets en scène ton enterrement, a fait beaucoup réagir...
Je suis très touchée par les commentaires sur le clip. J'avais une vraie crainte en envoyant ce titre, même si on dit que c'est l'intro et non pas un single car j'ai conscience que c'est un morceau dense, qui n'est pas du tout dans un format single... Mais c'est important pour moi de montrer que l'album a beaucoup de fond, que j'ai des choses à dire. J'ai eu envie de le mettre en image même si ça coûte cher, j'avais une idée de clip. On a eu l'idée tous ensemble de réaliser l'enterrement de Vitaa et la renaissance de Charlotte. Je trouvais ça symbolique de montrer que derrière l'artiste, c'est Charlotte, avec ses failles, ses forces. L'idée de l'enterrement est forte mais culottée ! D'ailleurs, ma mère m'a tuée ! Elle m'a dit : "Pourquoi tu as fait ça ?". Mais je me suis pris la tête pour que ce soit pas glauque. C'est pour ça qu'on ne l'a pas fait dans un cimetière... Il y a une émotion très forte dans le clip et c'est ce que je voulais. Il y a mon mari, mes enfants, Slimane et Amel (Bent), c'était important pour moi.

La symbolique du clip c'est la mort de Vitaa, donc est-ce la fin de ta carrière de chanteuse ?
(Rires) Ça a été une crainte aussi avec la chanson et le clip, car on commence avec quelque chose de fort, et les gens se disent : "Mais est-ce qu'elle annonce une fin de carrière ?". Mais ce n'était pas ma volonté, je voulais plus baisser les dernières barrières et montrer que la source d'inspiration de Vitaa c'est Charlotte. Cela dit, il est vrai qu'après 15 ans de carrière et d'exposition, de up and down... C'est un chemin difficile, j'ai vécu des grands succès et des échecs, et c'est ce qu'il y a de plus fort dans une carrière, de construire dans la longévité. Je crois que plus ça va, plus j'aime être moins dans la lumière. Je prends énormément de plaisir à travailler pour d'autres. Plus le temps passe, plus j'aime faire ça. Donc peut-être qu'on me verra un peu moins dans les prochaines années...




Tu as pensé "Charlotte" comme ton dernier album ?
Oui, je l'ai pensé comme ça. C'est la première fois que je le dis en interview. Je l'ai construit comme si c'était le dernier. Même dans le propos, mon premier album c'était un journal intime, quelque chose de très sincère. Là aussi, on est sur quelque chose de très introspectif, j'avais envie d'aller au fond des thèmes qui me chamboulent, qui me touchent. Est-ce que c'est le dernier ? Sincèrement, j'en sais rien mais je l'ai écrit comme si c'était le dernier. Je ne suis pas carriériste donc je laisse le temps faire les choses mais c'est vrai que j'ai envie de prendre plus de temps pour moi par la suite.

C'est très dur de revenir après un gros succès
Pourquoi ce besoin de prendre du recul ? C'est le cap des 40 ans, d'avoir eu un troisième enfant ou le tourbillon "VersuS" ?
Ça fait plusieurs années que j'y pense. J'ai eu une petite fille, je l'ai emmenée en tournée et j'ai le sentiment de courir un peu partout depuis pas mal d'années. C'est un métier où tu ne n'arrêtes jamais vraiment. Même quand on fait une pause, on réfléchit tout le temps, on est en création tout le temps, on pense à un thème, à une idée de chanson... Le studio j'adore ça, c'est ce que je préfère avec la scène, mais ça prend énormément de temps, c'est des nuits et des nuits, à écrire, à ne pas garder, à faire le point. En plus de ce que je fais pour d'autres artistes. Cumulé à ça, tu as la promo, les tournées, tu es tout le temps en déplacement. Là ce sont peut-être les plus belles années de mes enfants et je me dis : "Est-ce que je ne suis pas en train de rater des choses ?" J'essaie de me découper en quatre et de tout faire, mais ce n'est pas évident. Donc c'est le fait de construire ma vie de famille en même temps, et de vieillir aussi. Est-ce que j'ai envie d'être tout le temps dans la lumière ?

Le véritable premier single de l'ère "Charlotte" est "Les choses qu'on fait" qui sonne comme un tube pop. Tu as eu la pression de revenir fort après "VersuS" ?
Ah oui, bien sûr ! Je ne vais faire la mytho, je me suis mis la pression en studio. C'est très dur de revenir après un gros succès comme "VersuS". On est dans une industrie en crise, où les chiffres ne font que baisser... Je ne fais pas ce métier pour les chiffres mais tu es attendue au tournant quand tu es quelqu'un qui a beaucoup vendu. Au-delà de ça, artistiquement, j'essaie de me renouveler à chaque album, de ne pas refaire la même chose. Il faut surprendre, surtout quand on est là depuis un moment, les gens te connaissent et ne t'attendent pas forcément. Recréer un engouement c'est aussi surprendre et ce que j'ai essayé de faire avec "Les choses qu'on fait".

J'ai écrit trois ou quatre chansons avec Slimane
Il signifie quoi ce titre pour toi ? Tu parles de l'école, du passé...
Il y a de la mélancolie, de la nostalgie. Pour moi, ça parle de l'être humain qui se construit à travers ce qu'il a été, et ça parle de résilience. C'est très humain comme thème.

Qu'est-ce que tu veux livrer sur ce disque, par rapport aux précédents ? Qu'on apprenne à mieux te connaitre ?
Je me suis toujours beaucoup livrée. Je ne me suis jamais cachée derrière un personnage, même si je me suis cachée derrière mon nom de scène. (Sourire) Donc c'est d'aller au bout de ce processus d'introspection, de me raconter, là où j'en suis à mes 40 ans, en tant que femme et maman. Aller encore plus loin là dedans. Parler du fait que oui je pense à arrêter, que j'ai peur que mes enfants ne réussissent pas dans la vie...

Il y aura des collaborations sur l'album ?
Oui, il y a des feats. Des gros feats ! Mais je ne peux pas en parler. Il y aura des collaborations très surprenantes.

Et Slimane ?
Il ne sera pas en feat. Mais Slimane il est avec moi dans cet album, je lui fais tout valider. Il a tous les titres depuis six mois. Il vient même m'aider sur mes visuels télé. J'en ai besoin ! On est amis, un vrai binôme. J'ai du mal à prendre des décisions parfois sans le concerter, que ce soit la pochette de l'album ou tel couplet sur une chanson. On a des images parce que je prépare un documentaire. Il est très présent dans cet album sans y être vraiment. Mais j'ai écrit trois ou quatre chansons avec Slimane sur l'album !

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