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samedi 07 octobre 2023 11:56

Vitaa en interview : "Dans ce métier, il faut s'endurcir sinon tu deviens fou"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Vitaa est de retour en solo avec son nouvel album "Charlotte". A coeur ouvert, la chanteuse se livre à Purecharts sur ses textes sombres, ses années difficiles, sa relation avec son mari ou son lien fort avec ses enfants.
Crédits photo : Fifou
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Tu es de retour en solo avec l'album "Charlotte". Mais avant ça, est-ce que ça a été lourd d'être une seule entité, "Slimane et Vitaa", durant toute l'ère "VersuS" ?
Franchement, je ne l'ai pas du tout ressenti comme ça. C'était un projet qui avait un début et qui avait une fin. On savait qu'on allait reprendre nos carrières solo après. Ce qui a été pas lourd mais assez intense, c'est la surmédiatisation à un moment. On a fait tellement tellement de télés ! Avec Slimane, on s'interrogeait : "Est-ce qu'on ne va pas lasser les gens ?" On s'est dit : "Est-ce qu'il faut pas lever le pied ? Est-ce qu'il ne faut pas disparaitre avant de revenir chacun en solo ?". Ça, ça a été des vrais questionnements. Mais sinon nous deux, tout le temps ensemble, ça a été que du bonheur. On s'aime tellement, on s'entend tellement bien. Sans langue de bois, on s'est jamais pris la tête. Il me manque même en interview parfois ! Je pense qu'on s'est arrêté au moment où il fallait s'arrêter.

D'ailleurs, musicalement, "Charlotte" s'inscrit dans la lignée de "VersuS"...
Oui c'est vrai ! C'est Renaud Rebillaud à la composition, qui fait 90% de l'album avec moi. Il a fait beaucoup de titres sur "VersuS". Il y a cette couleur qui fait le lien c'est vrai... Et Slimane qu'on retrouve à l'écriture de quatre ou cinq chansons. Il a été étroitement lié à moi sur le processus de création de cet album. Il n'y a pas une semaine qui passe sans que je lui écrive. Dans les thèmes, je lui disais : "J'ai eu cette idée, tu en penses quoi ?" Il me disait : "Oui c'est génial, et je pense que tu devrais aussi écrire sur ça". La couleur est là parce qu'on travaille en famille.

Je suis allée au plus loin dans la démarche de vérité
C'est un album que j'ai trouvé assez sombre...
C'est marrant tu es la deuxième personne à me dire ça ! Pourtant, il y a quand même des morceaux... Mais dans l'écriture c'est vrai. A la fois, je suis contente qu'on me dise ça parce que je crois que je suis allée au plus loin dans la démarche de vérité. Je le voulais vraiment comme une mise à nu, et certains titres comme une mise au point. Je pense à "Charlotte" où j'avais envie de vider mon sac après 15 ans de carrière, 15 ans où je prends sur moi, où j'ai sorti mon armure Vitaa parce qu'il faut s'endurcir, sinon tu tiens pas le coup, sinon tu deviens fou. "Charlotte" c'est un titre sombre mais très fort. J'avais envie, si c'est le dernier, de dire des choses que j'ai jamais osé dire tout. "Charlotte" c'est un titre sombre mais très fort.

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Puisque tu as été puiser loin, est-ce que l'album a été fait dans la douleur ?
Je ne dirais pas dans la douleur, mais c'est vrai que j'aime être sincère dans la création des chansons, je raconte ma vie. Je ne me cache pas derrière un personnage. Il y a des chansons qui m'ont touchée plus que d'autres, et quand je les réécoute toute seule dans ma voiture, elles me mettent les larmes aux yeux. Je pense à "Ton amoureuse", "Coeur endommagé"... Elles racontent le processus de survivante... C'est comme ça, dans la vie, dans les ruptures, dans tout ce qu'on est, dans la construction aussi... J'avais besoin d'aborder tous ces thèmes-là et peut-être fermer la parenthèse et le raconter sans filtre.

J'ai eu des années assez sombres
Les chansons du disque parlent beaucoup d'amour, souvent d'amour toxique. C'était important pour toi d'évoquer à nouveau ce thème ?
Oui, c'était important d'en parler. Le rapport homme-femme, c'est vraiment mon thème de prédilection. Je l'ai toujours fait. Ce qui me touche c'est que depuis 15 ans, il n'y a pas un jour où dans la rue sans que les gens me parlent de mes chansons, comme "A fleur de toi" ou "Pourquoi les hommes", en me disant "Ça c'est mon histoire". On est tellement de femmes à s'enfermer dans ces histoires-là... Ça a été mon histoire aussi, jusqu'à ce que je rencontre mon mari. J'avais encore envie d'en parler, et encore plus dans cette ère du paraître, des réseaux sociaux, où tout le monde triche. C'est important en tant que femme de le dire, de dire qu'il faut s'accepter, qu'il prendre soin de soi, qu'il faut prendre les bonnes décisions, qu'il faut se regarder dans la glace avant d'aller dans une histoire où on sait, dès le départ, que ça ne marchera pas. Il faut savoir dire non. J'avais envie de parler de tout ça.

"J'me déteste" est un titre avec un texte très fort, très direct, sur un amour toxique. Tu évoques notamment le fait d'avoir "des cachets dans la main". Tu l'as vécu ?
Je l'ai co-écrite avec Abou Debeing, je l'aime beaucoup et on écrit souvent ensemble. On avait envie d'écrire une chanson forte qui parle de rupture. Il y a des détails qui font partie de ma vie. Avant de rencontrer mon mari, j'étais une grande angoissée, j'étais insomniaque, je ne dormais pas sans cachets. J'ai mis des années à trouver une espèce d'équilibre dans ma vie. Mon mariage ça a été comme une guidée. J'ai eu vraiment des années assez sombres où j'enchaînais les relations toxiques. J'en ai beaucoup parlé dans mes précédents albums. Donc oui c'est inspiré de faits réels. Cette chanson, c'est le fait de dire que je me suis retrouvée dans une relation toxique, où je m'en prenais à l'autre car je disais "C'est lui, regarde ce qu'il me fait !". Mais finalement, est-ce que ce n'est pas toi qui fais les mauvais choix ? Quand j'ai compris ça, ma vie a changé. D'ailleurs, dans la chanson, je dis "J'me déteste", et non pas "J'te déteste", car ce sont mes choix qui m'ont emmenée là. Ce sont des conséquences, des causes à effets. J'avais envie d'utiliser cette chanson pour faire passer ce message. Souvent, c'est nous la cause de ces mauvais choix. On laisse faire, et on s'enlise dans une histoire qui est nocive.




Tu évoques aussi ton mari sur l'album, et on comprend que cette relation t'a sauvée...
Oui, même si ma relation a aussi ses hauts et ses bas comme toutes les histoires, mais oui, pour moi, ça a été le début de la lumière.

Rendre son couple public, c'est le début des problèmes
Je me disais d'ailleurs qu'on ne vous voit jamais ensemble... C'est important de garder ça pour vous ?
Effectivement, on nous voit très rarement publiquement, on est très discrets parce que "Vivons heureux, vivons cachés", c'est une phrase qui a beaucoup de sens dans ma vie. Je pense que c'est le début des problèmes que d'être public dans son couple. C'est mon opinion à moi. Je suis mariée avec quelqu'un de très discret, de très ambitieux, c'est un bosseur, c'est un homme d'affaires. Ce n'est pas quelqu'un qui aime la lumière. Ça fait partie des choses qui m'ont fait tomber amoureuse de lui. Je n'aurais pas pu être avec quelqu'un de public. Je ne l'aurais pas supporté parce que déjà, moi j'en ai souffert, car c'est violent ! Il faut accepter les critiques, les remarques... Il n'a pas envie d'être dans la lumière et ça me va très bien. Mais, le scoop, c'est que je prépare un documentaire et qu'il sera dans le documentaire, parce qu'il est au centre de ma vie et qu'on travaille ensemble.

On entend ton fils Liham, âgé de 12 ans, sur le titre "Charlotte". Tu as d'ailleurs révélé qu'il écrivait des textes !
Oui j'ai découvert ça il y a quelque temps ! On était au ski, et j'ai découvert qu'il a cette fibre de l'écriture. Avec ses cousins, ils écoutent beaucoup de rap, ils s'enfermaient dans la chambre, ils écrivaient sur des instrus... Et il se trouve qu'il écrit des textes qui sont vraiment stylés. Il écrit même pour les autres, ses cousins.

Je n'aimerais pas que mes enfants soient chanteurs
Tu l'encouragerais à faire ce métier ?
Non, vraiment, je vais être très honnête, je ne l'encouragerais pas du tout à faire ce métier. Ni lui, ni mes autres enfants. Ma mère me dit : "Je trouve ça hyper hypocrite, tu fais ce métier." Avec ma mère, on a des grands débats, on n'est jamais d'accord ! (Rires) Mais si c'est sa volonté et qu'il est déterminé, je ne vais pas l'empêcher. Mes enfants feront ce qu'ils auront envie de faire. Je leur donne une éducation, des bases, et après ce sont des êtres humains, ils auront la liberté de faire ce qu'ils veulent faire. Mais, parce que je connais trop bien ce métier, ses avantages et ses inconvénients, ses limites, les épreuves que ce métier engendre, la violence que ça peut être. Je pense que ce n'est pas la meilleure chose à faire pour une mère que d'encourager ses enfants à être dans un métier public. On est public malgré nous ! Moi j'ai fait ce métier parce que j'étais passionnée de musique, que je voulais chanter, que j'aimais écrire. Mais je ne savais pas ce que c'était que d'être connu. Mais ça, ça va avec. Pour ma part, ce n'est pas ce que je recherchais. De toute façon, quand on brime un enfant, on le pousse vers l'interdit donc je le laisse faire ce qu'il veut mais à choisir, je préférerais qu'il fasse autre chose.




Comment c'est venu qu'il soit sur le titre "Charlotte" ?
On a eu un débat. Je voulais qu'il intervienne sur "Charlotte", on en parlait avec Dadju, qui a écrit cette chanson avec moi, et je trouvais ça fort que ce soit mon fils qui me posent les questions de transition dans cette espèce de mise au point. Mon fils c'est quelqu'un qui m'interpelle souvent. "Mais maman pourquoi tu fais ça ?" "Tu as dit ça mais tu fais ça". Les enfants ils nous posent des questions parfois... Et là tu te dis : "Il a raison en fait !" (Rires) Je trouvais que c'était légitime que ce soit lui. Au début, il ne voulait pas le faire. Je lui ai dit : "Si tu ne veux pas le faire, tu ne le fais pas". Mais quand je lui ai expliqué que c'était des phrases de transition, il m'a dit : "Ok je le fais". Et il l'a fait hyper naturellement. Il était content. En plus, je crois que ses copains à l'école lui ont dit : "C'est toi qui es sur le son de ta mère ?" (Elle éclate de rire)

J'ai un lien très très fort avec mes enfants
Tu lui dédies d'ailleurs la chanson "Ton amoureuse"...
Sur cette chanson, je parle de mes deux fils en fait. J'ai un lien très très fort avec les deux. Le grand, il est plus grand, c'est un charmeur, je le vois... C'est vraiment un sujet auquel je pense. C'est pas que ça m'obsède mais je me dis qu'un jour il va me laisser, il va se marier. Pourtant je ne suis pas une mère over protectrice, mais en tant que femme, ce sont des questionnements qu'on a, avec le temps. C'est ma belle-fille qui m'a dit : "Mais sa future femme elle va écouter le son, elle va flipper !". (Rires)

La "Star Academy" revient. Slimane a dit qu'il aurait adoré être prof. Toi, tu pourrais le faire ?
Alors, j'aurais pas forcément aimé être jurée dans le sens où je trouve que c'est difficile d'avoir cette casquette. Je l'ai fait pour "The Voice" en Belgique pendant plusieurs années. Mais moi je n'aurais pas fait ce genre d'émissions en tant que candidate. Je trouve ça très dur de se présenter devant des gens, t'es là, tu es stressé, tu vas chanter et on te juge sur une prestation. Je trouve ça extrêmement dur ! En revanche, apporter mon expérience, que ce soit dans l'écriture ou dans les conseils comme j'ai pu le faire dans la "Star Ac" l'année dernière, ça j'ai vachement aimé cet exercice. Etre dans un travail de conseil, d'accompagner les élèves, je trouve ça super intéressant. Mais être directrice, je ne sais pas si j'aurais su faire ça !
Pour en savoir plus, visitez le site officiel de Vitaa ou sa page Facebook.
Ecouter et/ou télécharger l'album "Charlotte" de Vitaa, sur Pure Charts.

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