CalogeroVariete Francaise » Variété française
samedi 09 septembre 2023 14:14
Calogero en interview : "Je crois qu'on arrive de plus en plus à vivre ensemble en France"
Par
Julien GONCALVES
| Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Alors que vient de sortir son nouvel album "A.M.O.U.R", Calogero se confie à Purecharts sur la pression, sa vision de l'amour, son optimisme pour l'avenir, les médias, les maisons de disques ou encore ses enfants qui chantent sur quelques titres. Interview avec un artiste passionné et passionnant.
Crédits photo : Marcel Hartmann
Propos recueillis par Julien Gonçalves. Quelle a été l'étincelle pour ce nouvel album "A.M.O.U.R" ? L'étincelle, ça a été les chansons "A.M.O.U.R" et "Juste une chanson". C'est la manière de chanter, de scander le texte. C'est ce qui a donné la couleur, un peu nouvelle, de déplacer un peu la caméra sur mes habitudes sur le chant. C'était une humeur, sur un riff de guitare et une batterie, et j'ai mis des mots comme ça. Pour "A.M.O.U.R", tout de suite, des choses sont venues. « A gauche ! » J'ai balancé plein de mots, avec une manière différente que j'ai de chanter habituellement. Après, le reste est né autour de ces chansons-là. Et bien entendu, il y a des chansons plus "classiques" qui sont arrivées aussi. Il y aussi le retour de Dominique A sur "Rien comme les autres", très romantique, dans la musique en tout cas. C'est l'une de mes plus belles chansons d'amour. J'en avais parlé avec lui, pour que ce soit dans l'humeur du moment. Mais bon les humeurs changent vite... (Sourire) A chaque album, j'essaie de surprendre Vous avez signé de nombreux succès populaires depuis le début de votre carrière. Cet héritage, c'est une pression quand on crée de nouvelles chansons ? D'être à la hauteur...Forcément, le passé ça laisse des traces. C'est ce qui nous construit. Pour aller vers l'avant, il faut savoir se réinventer sans redire les choses. Je n'ai jamais voulu faire un deuxième "En apesanteur" ou "Face à la mer". A chaque album, j'essaie de surprendre. J'avais jamais fait une chanson funky comme "Donne". Et j'avais aussi fait une chanson très disco avec "Je joue de la musique". C'est vrai qu'à chaque fois, il faut se renouveler. Après, j'ai un style reconnaissable... C'est peut-être ma voix ou ma basse qui fait le lien. Le plus important, c'est d'avoir une identité, une signature. Dans "A.M.O.U.R", vous chantez « Qu'importe le prix, tu te prends une claque ». L'amour ça a souvent été une claque pour vous ? Je suis quelqu'un qui me lasse assez rapidement. Et puis, il y a beaucoup de formes d'amour. L'amour le plus puissant, c'est celui qu'on a pour ses enfants. Mais il y a des gens qui n'ont pas d'enfants, et ils vont avoir un amour infini pour leurs animaux. Il y a plein de manières d'aimer. Et je crois beaucoup au fait de réinventer. Il y a quelques chansons dans cet album qui voudraient réinventer le schéma classique de l'amour. Par exemple, j'aime l'idée que la distance entre deux êtres dans deux pays différents et qui s'aiment, et qui sont obligés de se séparer... Moi ça m'est arrivé... Et l'amour subsiste quand même. On peut aimer quelqu'un à distance. Le lien se transforme. Et je pense que quand on a quelqu'un dans la peau, on l'a pour toujours. De toute façon, tous les gens que j'ai aimés dans ma vie, je les aimerai toute ma vie. La plus belle chanson de l'album pour moi, c'est "Dénouement heureux". Vous chantez : « Il semblerait même si on fait de notre mieux / Qu'il n'y ait pas de dénouement heureux »... Il semblerait ! Le vivre-ensemble est tellement important Les histoires finissent toujours mal ?Non, il faut bien écouter la fin ! Le début paraît triste. Au début, je chante : « Il semblerait même si on fait de notre mieux. Qu'il n'y ait pas de dénouement heureux ». Mais à la fin c'est : « Est-ce qu'on peut passer pour des fous si on se tient la main alors que c'est fini depuis longtemps nous deux ? ». Ça veut dire que malgré la rupture, il y a des gens qui continuent à s'aimer mais qui n'arrivent pas à rester ensemble. L'amour, c'est tellement complexe... Je n'ai aucune leçon à donner sur l'amour. Il n'y a rien de plus mystérieux que l'amour. Le lien fort, s'il est là... Parce que des rencontres on en fait plein, mais LE lien sacré avec une personne, c'est tellement rare. Et ça vous n'y pouvez rien. Le lien magique, c'est une vie en fait. C'est inexplicable, ce n'est pas physique, c'est au-delà que ça se passe. Le player Dailymotion est en train de se charger...
Ce que j'ai aimé sur cet album, c'est que l'optimisme y est très présent, que ce soit à travers "La nuit n'est jamais noire", "Si tu passes par là" ou "Donne". Il y a toujours un espoir, un élan de distribuer des bonnes ondes. "Donne", c'est limite un hymne pour le vivre-ensemble, un titre politique dans le beau sens du terme ! Oui ! Le vivre-ensemble est tellement important. On est dans un pays extraordinaire... Et, petit à petit, je suis très optimiste, je crois qu'on arrive de plus en plus à vivre ensemble en France. Les infos, c'est plus des infos, ça devient une série Vous pensez ?Moi je crois. Les médias nous montrent beaucoup de choses très moches. Mais quand vous rencontrez les gens, que vous allez en province... J'y vais avec les concerts et j'ai ma famille aussi... Les gens vivent bien ensemble. Il faut se méfier des infos. Les infos, c'est plus des infos, ça devient une série, qu'on regarde le soir. C'est terrible ce qu'on nous montre. C'est en boucle. Pour moi, c'est inregardable aujourd'hui. Vraiment. C'est ce que vous essayez d'accompagner avec ces chansons-là ? La chanson "Donne" dit que d'avoir, ça ne sert à rien puisqu'on ne garde rien. On emporte tout après. La vie est courte. C'est un peu inspiré des accords toltèques. Les quatre, je ne les retiens jamais ! J'en retiens qu'un seul : "Toujours faire de son mieux". Les autres, ils sont durs. "Ne prends pas les autres personnellement", ça c'est dur ! (Rires) Toujours faire de son mieux, ça c'est possible. Et "Donne", c'est un peu ça. C'est pour ça qu'elle est funky ! Et elle me donne envie de retourner sur scène. Tellement ! Dans "Derrière ma fenêtre", vous chantez « Mais tout est moche / Et rien n'est sûr / Tout va droit / Dans le mur ». C'est un texte en écho à votre enfance à Echirolles... C'est ma vue à Echirolles, derrière la fenêtre de la cuisine. On regardait toujours cette vue. On avait le mur de l'autre immeuble. Et le groupe scolaire Marcel David où on allait à l'école, sur le trottoir d'en face, avec un tag seventies. Je jouais au ballon sur la route, les voitures passaient et je jouais, elles faisaient attention. Pour moi, cette vue elle n'était pas moche. C'était ma vue. Il y avait le bar du coin, et il y avait eu un attentat dans ce bar, c'était chaud. Et puis il y a les montagnes de Grenoble, car c'est dans une cuvette, qui sont magnifiques... Mais moi elles m'ont toujours oppressé. Je les voyais comme des murs et je voulais aller voir derrière. C'est à cette époque que j'ai découvert Depeche Mode et les synthétiseurs grâce à mon prof de musique... C'est pour ça qu'il n'y a que des synthés sur ce titre. Pour nous, enfants, c'était des soucoupes volantes, on pouvait s'élever et aller au-dessus des montagnes. Et nous, notre horizon pour faire de la musique c'était Paris ! Aujourd'hui, ça a évolué... Oui, aujourd'hui, pour faire de la musique, tu peux rester chez toi, et c'est bien. Tu n'as pas besoin d'aller à Paris. Mais à mon époque, il fallait concrétiser à Paris. Et quand j'ai découvert ce qu'il y avait derrière ces montagnes, j'ai aimé. Cette chanson, c'est une façon aussi de parler du sort des quartiers ? Oui, aussi. Depuis, quand même, ça a évolué. Mais il y a quand même un truc d'horizon un peu fermé. Au début, on grandit avec la vue qu'on a et c'est très bien. Mais après, il faut socialement, ou pas, s'élever. On peut avoir envie de rester là. Mais moi j'ai eu envie de partir. Et j'ai encore envie de partir ! Où ça ? Je sais pas. Mais j'ai la bougeotte tout le temps. Ça vient peut-être de là... On ne donne plus les moyens aux artistes Dans "Juste une chanson", vous parlez de chiffres, d'objectifs et de campagnes publicitaires pour vendre, alors que vous, vous avez juste envie de faire des chansons. Vous avez parfois eu peur de devenir un produit quand le succès est arrivé ?Jamais car j'ai toujours fait mes chansons dans mon coin. Et j'ai toujours fait écouter mes albums à la maison de disques à la fin. J'ai toujours eu cette chance d'avoir la liberté de création. Mais ce que je déplore aujourd'hui... Je trouve dommage qu'avec des talents aussi costauds... Le fait qu'ils soient dans leur chambre fait que leur talent s'exprime mieux. Avant, pour faire des disques, il fallait aller en studio, mais c'était horrible. J'adore aujourd'hui la studio parce que je maitrise mes enregistrements. Mais quand tu ne connais pas et que tu démarres, que tu dois chanter devant cette vitre... Pour moi, c'était vraiment affreux. Avoir un home studio dans ta chambre fait que ton talent est lâché. Et ça s'entend chez les gamins ! Ils ont un talent de ouf. C'est magnifique la jeunesse musicale. Ce que je déplore c'est qu'à l'époque, les maisons de disques étaient dingues, elles accompagnaient les artistes, ils étaient passionnés de musique, et maintenant... La crise du disque est passée par là... Aujourd'hui, comme forcément, les disques marchent moins et que le streams ne sont pas encore très en place, ils font des économies. Du coup, ils ne donnent plus les moyens aux artistes. Il faut se donner les moyen d'accompagner les rêves des artistes. Aujourd'hui, dans la musique urbaine, il y a des trucs extraordinaires. Mais quand ils viennent faire du live, ils viennent avec deux prises jack, ils se branchent, et la maison de disques est contente parce que ça coûte rien. Sauf que les modes changent, et quand les groupes de rock vont revenir, car ils vont revenir... Comment ils vont faire ces jeunes pour être soutenus ? C'est ma fille qui ouvre l'album ! L'investissement ne pourra pas être le même...Oui ! Aujourd'hui, il y a un trop grand décalage entre la créativité et le talent des jeunes, et la peur des maisons de disques. La prise de risques, il n'y en a plus. C'est que des études marketing. "Tu as combien de followers ?" Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?! La musique ce n'est pas ça. Et ce ne sera jamais ça. Tu as beau faire toutes les études que tu veux, tu remarqueras que celui qui marche, c'est toujours celui qu'on n'attend pas. Le calcul en musique ne marche pas. J'ai connu un jour dans un label, ils sont allés au marketing chercher un type qui vendait des pneus car son entreprise marchait super bien. Mais ça n'a pas fonctionné parce que ce n'est pas la même chose... J'ai lu dans les crédits de l'album, qu'on entend vos filles Rita et Nina sur le titre "A.M.O.U.R", et qu'on entendait à nouveau Rita et votre fils Pio dans les choeurs de "Cache cache". Comment c'est venu ? (Il sourit) J'enregistre chez moi, il y a une musique qui est prête, un poulet dans le four, les enfants sont là. C'est un peu bohème... Un jour, ma fille a organisé une fête chez moi, et j'étais en train d'enregistrer "Par choix ou par hasard". J'ai dit à Romy : "Ramène tous tes potes !" J'ai fait venir tous les gamins pour les "oh oh oh", ça a duré 5 minutes, ils se sont tous mis derrière le micro, et paf, merci au revoir ! Ils ont continué leur fête. Je trouve ça génial. C'est pour ça que je trouve ça tellement mieux d'avoir de quoi enregistrer chez soi. Mais ça a une symbolique pour vous j'imagine de les avoir sur un album. Ça grave quelque chose... Bien sûr. Du coup c'est Rita qui ouvre l'album ! (Rires)
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