Crédits photo : Montage Pure Charts
Avicii | "Stories"
Hey mister DJ ! A 26 ans, Avicii est l'un des DJ les plus populaires de la planète. Un succès rendu possible grâce à des productions électro calibrées, à cent à l'heure, chantées par des pointures comme Aloe Blacc ou Adam Lambert. C'est donc pour cette raison que le Suédois a orienté son nouvel album "Stories" dans cette voie. Au contraire de David Guetta, il n'est par contre pas parti à la conquête des charts en invitant une brochette de guests célèbres. Ainsi, Simon Aldred, leader du groupe Cherry Ghost, fait des étincelles sur le tube en puissance
"Waiting for Love", interprété par John Legend à l'origine. Défilent ensuite Celeste Waite sur l'ensoleillé et très UK "Touch Me", Earl St. Clair & Kristoffer Fogelmark sur le funky et détonnant "Pure Grinding" ou encore Alex Ebert ("For a Better Day"). D'ailleurs, moins pop et étincelant que sur son précédent opus "True", Avicii se veut un peu trop éclectique (country avec Zac Brown sur
"Broken Arrows", en mode reggae avec Wyclef Jean sur "Can't Catch Me"), et s'autorise quelques expérimentations ("City Lights", robotique et rappelant "I Could Be The One"), mais se répète parfois ("Trouble"). Quelques tubes potentiels s'y cachent, mais le tout manque de cohérence. D'ailleurs, les artistes qui l'accompagnent ne sont jamais crédités. Et ça, c'est pas fair-play.
JG
Ça ressemble à une playlist pour suer à la salle de sport
A écouter : "Talk to Myself" pop 80 et accrocheur, et "Sunset Jesus", tube en devenir shiny et 90's
A zapper : "True Believer", déjà entendu
The Shoes | "Chemicals"
Lassez vos chaussures. On avait écouté et aimé jusqu'à la déraison
"Time To Dance", "Stay The Same" et les autres pépites de "Crack My Bones", le premier album de The Shoes. Quatre ans plus tard - une éternité dans l'industrie - le duo rémois pour suit son envol sur l'hybride "Chemicals". Le hasard ? Un ingrédient essentiel pour les deux comparses, galvanisés par l'envie d'expérimenter pour fabriquer des «
accidents ». C'est donc en compagnie d'une brochette d'invités, dont Sage (le chanteur de Revolver) et leur chouchou Esser, que Benjamin Lebeau et Guillaume Brière ont joué les alchimistes. Et presque réussi à transformer le plomb en or. L'introductif "Submarine", entre calme et tempête, donne le ton : sur cet opus, The Shoes cherche la collision des extrêmes. Sans pousser ses compositions au point de rupture, le tandem n'hésite pas à accoler beats industriels et basses percussives à splendides passages au piano. Pop et techno, hip-hop et électro, les prods sont minutieuses sans en avoir l'air. Une volonté d'exploration particulièrement vive sur
"Drifted", "Vortex of Love" (feat. Blaine Harrison des Mystery Jets), "Whistle" ou le bijou
"Feed The Ghost", réunissant Blue Diasy, Amateur Best et Black Atlass. De ces dix pistes faites pour l'ivresse nocturne, très peu de déchets, de la créativité à foison. Et l'attestation d'un talent unique pour le bricolage. Du système D au système solaire ?
YR
Ça ressemble aux Chemical Brothers, avec un soupçon de pop en rab
A écouter : "Lost in London" (feat. Petite Noir), diamant poli par Depeche Mode
A zapper : "Us and I", du bruit douloureux pour les tympans
Inna Modja | "Motel Bamako"
Eclatant retour aux sources. INNA Modja change du tout au tout. Fini les ritournelles pop formatées et les textes mièvres ! Pour son troisième album "Motel Bamako", l'interprète de
"La fille du Lido" chante toujours en anglais mais dégoupille des passages dans sa langue maternelle (le bambara), place la pop au second plan pour poser sa voix sur un mélange éclatant de
world music et de hip hop teinté d'une touche électro. Aussi organique et plus sévère. L'esprit festif cède sa place à un discours plus profond recentré sur les problèmes qui endeuillent le Mali ("Going Home"), évoquant tantôt le terrorisme, le traitement des femmes et des enfants, et interpelle même les dirigeants de son pays avec Oxmo Puccino ("Speeches"). Deux autres collaborations rythment ce disque brillant, avec Oumou Sangaré pour le dansant "Boat People", où se dévoile le
flow vibrant de la chanteuse, et Bajoli, présent sur l'une des pistes les plus abouties avec son refrain électropop qui nous dresse en apesanteur ("My People"). Loin de se résigner,
INNA Modja se montre combative. Elle nous invite à découvrir un échantillon de la culture de ses ancêtres, faisant intervenir des choeurs et des instruments traditionnels. L'artiste n'en oublie pas pour autant l'émotion et démontre qu'elle peut se montrer touchante, notamment à travers la ballade
"Forgive Yourself", plus intime.
JH
Ça ressemble à un genre nouveau ?
A écouter : "Outlaw", "Tombouctou" et le très efficace "Broken Smiles"
A zapper : "I'll Be Okay", sur lequel l'alchimie prend moins