29 novembre 2010. Une triste épitaphe est publiée dans la presse. Celle de ce qui constituera sans doute, pour de longues années encore, le meilleur groupe de rock que la France ait connu, Noir Désir. A croire que le rock en France est mort, que les séparations des Bérus ou de la Mano lavaient sonnée bien avant le split des bordelais. Du moins cest ce que lon sentête à écrire un peu partout, mais les évidences sont parfois bien trompeuses...
Crédits photo : Laura Maschio
Un an après, Serge Teyssot-Gay passe le temps en Zone Libre et Bertrand Cantat donne de la voix chez Shaka Ponk. Comme quoi il reste de la vie, alors pourquoi pas de lespoir ! A cet égard, la première nécessité est de comprendre les raisons impliquant que notre scène nationale rock ait si mauvaise presse. Cependant, le fait nest pas tant de répondre aux questions soulevées par la précarité apparente de son état de santé mais bel et bien de sen poser. Oui, le rock en France nest pas forcément celui que lon voudrait entendre. Mais pourquoi ?
Visionnez le clip de Shaka Ponk, "Palabra mi amor (feat. Bertrand Cantat)" :
Une première explication concerne son évolution. Si le rock hexagonal est en perte de vitesse, cest peut-être quil est tout simplement trop vieux. Quil sest petit à petit inscrit dans une routine empêchant son renouveau. Parlez de son groupe de rock français préféré à nimporte lequel de vos amis, les éternels Noir Dez, Telephone et Indochine pointeront à coup sûr le bout de leur nez. Les plus extrêmes mentionneront Trust, les plus extravagants les Rita Mitsouko. Le fait est quun seul de ces groupes peut encore se targuer de tenir debout. Comment croire alors à lexpression de la révolte adolescente singulière au genre ? Si la légitimité à la chanter dun Nicola Sirkis ou dun Bertrand Cantat, si juvéniles quils paraissent, savère acquise pour un public dinitiés, elle peut facilement être remise en questions par une audience plus large.
Plus assez bankable ?
Simpose alors une seconde éventualité, celle selon laquelle la relève est là, mais quon ne lui donne pas sa chance, ou seulement dans la presse spécialisée et sur Internet, derniers bastions dune culture en dehors des sentiers battus. Le rock français, en dehors de certains élus, nest peut-être tout simplement plus assez bankable, ce qui expliquerait sa sous-représentation dans les médias de masse. Après tout, à quoi bon faire lapologie dune musique sombre en ces temps de crise ? Alors certes, mort médiatique est loin dimpliquer mort effective de la scène, nempêche que le but est tout de même dêtre entendu et de jouer sur scène. Alors, trop vieux, trop déprimant ou pas assez rentable ?
Ne nous fourvoyons pas, le rock français nest pas que du rock en français ! Et contre toute attente, la grande famille du rock national se porte bien, peut-être même mieux que jamais. Phoenix ou Air côté french touch, Dagoba ou Gojira côté gros son, nont pourtant la reconnaissance quils méritent quà linternational. Dans un cadre plus local, Ladylike Dragons et Izia reviennent mettre un coup de pied dans la fourmilière avec des seconds albums (respectivement "Turn Them Into Gold", sorti le 10 octobre, et "So Much Trouble", le 14 novembre) sans concessions. Comme quoi les filles au moins y croient encore ! Ce nest pas la sortie du premier album anglophone des clermontoises de Subway ("Hide and Seek") ou le nouveau Sheeduz ("All Be True") qui parviendront à nous faire prétendre le contraire.
Visionnez le clip d'Izia, "So Much Trouble" :
Certes le rock en français est peut-être moins prolifique Mais il bouge encore ! Eiffel, actuellement en studio, est assurément le meilleur représentant de ce rock à la française, mêlant interprétation puisée directement dans les tripes, riffs rageurs et textes littéraires, une espèce denfant illégitime né de lunion secrète entre Boris Vian et Pixies. Dans un autre genre, Mademoiselle K vient tout juste de remplir son premier Zénith et No One Is Innocent douvrir pour Motörhead. Deportivo, Nosfell, Melissmell, les Wampas, Lofofora sont en tournée. Les prochains Café Bertrand, Soma, AqME, Mass Hysteria sont dores et déjà annoncés.
Et puis le rock cest aussi, et avant tout, une attitude. Pas quune question de cases que lon prendrait la peine de cocher si besoin est. Carla Pallone et Julia Lanoë de Mansfield.TYA lont bien compris et en jouent, comme du reste, en expliquant à qui veut lentendre quelles font des chansons mélodramatiques / death metal. Pourtant cest plutôt Folk. Ou Prog. Voire Psyché. Mais dans le fond cest quand même sauvagement Rock. Bref, cest de la bonne musique, made in France, sans carcans et ça fait du bien ! Alors non, le Rock en France nest pas trop vieux. Déprimant certainement. Quant à la rentabilité, si lon prend la peine de sen soucier, cest que lon nappartient de toute façon pas à cette scène alors à quoi bon encore se poser la question ? Mieux vaut savourer les nombreuses et réjouissantes sorties de cette fin dannée !
Visionnez le clip de Mansfield.TYA, "Animal" :
LE BLOGEUR DE LA SEMAINE : MUSIC ON MARS ?
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