Isabelle Vajra prolonge jusqu'à fin février son spectacle "Brel, Nougaro, musiciens des mots" au Théâtre du Tambour Royal à Paris. Le voyage intemporel d'une Amoureuse avec un grand A !
C'est une femme sans âge, sans fards, frêle, qui entre en scène pour chanter seule au piano deux grands de la chanson française: Brel et Nougaro.
Après avoir chanté sa première passion: Barbara; c'est à ces deux hommes-là qu'Isabelle Vajra s'offre dorénavant avec la précision et l'exigence de ceux qui ont reçu une formation classique des plus pointue et qui ont su prendre pour notre plus grand plaisir d'heureuses libertés.
Si la chanteuse choisit des titres de toutes les périodes de leurs carrières respectives, ce n'est pas pour autant qu'elle s'attaque aux uvres les plus populaires. Ainsi elle a la bonté concernant Brel, de nous épargner le trop usé "Ne me quitte pas" afin de privilégier "Les Marquises" ou encore "Voir un ami pleurer", chansons toutes aussi belles que la plainte mondialement connue.
Pour Nougaro, on s'émerveille une fois de plus à l'écoute de "Rimes", "Il faut tourner la page" ou encore de titres moins célèbres comme "Les pas" ou "Déjeuner sur l'herbe" qui figurent sur les derniers albums de l'artiste toulousain. En prime, une chanson de l'album posthume: "Le bonheur".
Visionnez Isabelle Vajra live, "Le bonheur / Il faut tourner la page" :
Il est surprenant de constater grâce à l'épure du piano/voix à quel point les mélodies de Nougaro sont riches, habiles, aériennes et indémodables; ce qui n'est pas toujours le cas de celles de Brel, surtout le Brel de la première période que Brassens surnommait "l'abbé Brel". Chanson bien-pensantes, binaires et osons le dire, assez pauvrettes musicalement. Heureusement, le répertoire de Nougaro occupe toute la deuxième moitié du spectacle, ce qui permet à l'artiste et aux spectateurs de prendre leur envol. La performance d'Isabelle Vajra est courageuse et si intense qu'on a envie de lui dire « respire ! » tant l'artiste semble tendue à l'extrême pendant certaines chansons périlleuses.
Des chansons d'équilibriste qu'il est toujours bon de (re)découvrir dans ce petit théâtre parisien de quartier : le Tambour Royal, qui existait déjà en 1850 et accueillit des artistes comme Maurice Chevalier ou encore Berthe Sylva ("Les roses blanches") avant de fermer en 1924 et d'être racheté et sauvé plus de 60 ans plus tard, en 1988, par la comédienne Marthe Michel. Isabelle Vajra chantant Brel et Nougaro au Tambour Royal est donc un voyage intemporel au cur des notes, du swing et des mots. Une curiosité, une audace d'amoureuse !