Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
En ce début d'automne, Purecharts passe en revue trois albums phares du moment : Kendji Girac revient en douceur avec "Vivre...", Coldplay a la tête dans la nuages sur "Moon Music", et le révélation Stéphane dissèque les coeurs dans "La prison des amoureuses malheureuses". Voici nos critiques !
Crédits photo : Rubens Hazon / Anna Lee / Pochette
Kendji Girac | "Vivre..."
Mea culpa. Le retour de Kendji Girac s'opère dans un contexte particulier. Alors qu'il prévoyait un album spécial pour fêter ses 10 ans de carrière, l'ancien gagnant de "The Voice" a fait la Une des médias après s'être blessé par balle suite à une dispute chaotique avec sa compagne. Les détails de cette affaire ont abîmé son image de gendre idéal. Après avoir pris du recul et présenté ses excuses au public, le chanteur revient aujourd'hui avec "Vivre...", un sixième disque qui n'était pas prévu, majoritairement écrit et composé par ses proches amis Vianney et Renaud Rebillaud. Entouré d'une fine équipe, composée également d'Ycare, Emma Peters, Louane et P3gase, et aidé par des textes particulièrement soignés, Kendji Girac tente de trouver l'équilibre entre ses sonorités festives et gipsy, et les ballades sur le chemin de la rédemption. Ce sont donc les mélodies douces qui prennent (trop) le pas sur le reste. Il s'adresse aux fans sur le single "Si seulement...", en forme de mea culpa, joue les repentis sur le midtempo et radiophonique "J'ai changé", revient sur ses envies d'en finir sur l'intense et tubesque "Le choix" (rappelant "Je m'en vais" de Vianney), raconte une dispute conjugale sur "Comme avant", et évoque même son illettrisme sur le très fort "Savoir dire", faisant évoluer son interprétation entre puissance et belles nuances. Si le reste est plus inégal, Kendji Girac sort tout de même les guitares et reconnecte avec ses racines sur de trop rares titres dansants comme "Je te salue", fédérateur mais sans âme avec ses "shalom", "salam" et "alléluia" en ces temps troubles, le bondissant "Soy lo que soy" (très Soolking) ou ses reprises de "Chiribi" ou "Amor de mis amores" des Gipsy Kings, un peu perdues en fin de projet. Un album un peu bancal, sorte de premier pas vers un vrai retour pour tourner la page. JG
A écouter : "Le choix" (le tube de l'album !), la superbe ballade "Savoir dire", "Si seulement", le festif "Soy lo que soy" A zapper : l'oubliable "Camila" et "Je te salue", un peu naïf
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Coldplay | "Moon Music"
The bright side of the moon. Avec Coldplay, c'est toujours une fois sur deux depuis une dizaine d'années. Au vu de la déconvenue que représentait "Music of the Spheres", sorti en 2021, on pouvait espérer que "Moon Music" soit la bonne ! On avait d'ailleurs été rassuré par le premier single "Feelslikeimfallinginlove", un bon tube pop pas transcendantal mais plutôt sympathique. Moins par son successeur "We Pray", plaidoyer humaniste assez naïf. Cette dichotomie est là le problème majeur de ce "Moon Music", constamment tiraillé entre bon et mauvais goût, et dont la tracklist alterne sans cesse entre superbes morceaux planants et grosse machine pop ratée. Dans le premier cas, cela donne la superbe ouverture mélancolique "Moon Music", "Jupiter" ou la ballade très réussie "All My Love". De l'autre, les totalement dispensables "We Pray" donc, "Good Feelings" (redite flemmarde du tube "My Universe" co-signée Nile Rodgers) ou l'horripilant "Aeterna", tentative EDM datée. Dommage car en misant sur des collaborateurs plus exigeants (Jon Hopkins et Little Simz), "Moon Music" propose une vibe automnale douce et nostalgique, et aurait pu être une sorte de "Everyday Life" plus coloré. Sauf que Coldplay est Coldplay, et le groupe retombe régulièrement dans ses travers et sa pop FM trop facile, uniquement pensée pour faire vibrer les stades. Mais pourquoi changer une recette qui fonctionne tant ? On attend donc de voir si le prochain relèvera (ou non) le niveau... TB
A écouter : la très belle introduction "Moon Music" - "Feelslikeimfallinginlove", "Jupiter" tout en douceur A zapper : Le calamiteux "Aterna", "We Pray" et sa naïveté mièvre
Stéphane | "La prison des amoureuses malheureuses"
Triangle scalène. Stéphane est dans nos radars depuis le magnifique titre "Douleur je fuis", extrait d'un premier album convaincant baptisé "Madame" (2023). L'artiste suisse, à la voix profonde et suave, explore sur son deuxième format long des (més)aventures polyamoureuses. Au coeur de ce récit autobiographique en 13 compositions ? L'histoire d'une double romance féminine qui va faire couler bien des larmes et des mots, à feuilleter dans l'ordre chronologique, chanson après chanson. D'abord il y a les émois ("Dans mes pensées"), le doux "Poison" dans les veines puis le piège, exposé dans le petit tube "Ma chérie" : Stéphane aime une femme qui ne l'aime pas tandis qu'une autre s'est entichée d'elle. S'ensuivent, à travers des riffs de guitare tantôt acoustique tantôt blues-rock, un amour impossible qui brûle ("BBQoeur"), une rupture houleuse (le superbe "Le dernier pas", "Pluie d'enfer"), des questionnements, des remords... avant que le temps ne fasse son oeuvre ("C'est tout pour moi"). « C'est la BO d'une histoire d'amour que je n'oublierai jamais » résume la chanteuse qui délivre, avec l'aide d'Alexandre Zuliani (Thérapie Taxi) et Valentin Marceau à la réalisation, un disque intense, poignant et incarné. Il lui manque peut-être un soupçon d'audace, en poussant le curseur 80's qui lui sied à merveille par exemple, pour passer à la vitesse supérieure. À noter qu'un court métrage de 12 minutes accompagne l'album. YR
A écouter : "Ma chérie", un hymne immédiat, le très beau "La nuit" avec Cobalt, "Le dernier pas", "Mauvais karma" A zapper : "Dans mes pensées", à la mélodie un peu facile