samedi 21 octobre 2023 12:29

On a écouté les albums de Vitaa, Grand Corps Malade et les Rolling Stones : nos critiques !

La rédaction de Purecharts passe en revue trois albums phares du moment. Vitaa revient en solo et fait le bilan sur "Charlotte", Grand Corps Malade dissèque les rapports humains dans "Reflets" et les Rolling Stones prouvent qu'ils ont de l'énergie à revendre sur "Hackney Diamonds". Nos critiques !
Crédits photo : Fifou / Yann Orhan / Mark Seliger

Vitaa | "Charlotte"


Dans sa bulle. Après l'énorme succès de "VersuS" avec Slimane, Vitaa a eu la pression pour son retour en solo. A 40 ans et maman de trois enfants, la chanteuse souhaite prendre du recul et a donc pensé l'album "Charlotte", son véritable prénom, comme le dernier de sa carrière. Il fallait donc finir en beauté. Pour ouvrir ce projet, concocté avec Slimane ou Dadju, elle fait un bilan sans fard sur ce titre fort qui lui fait prendre un phrasé rap, pour évoquer le succès, le sexisme, la fin de sa carrière ou la mort, tandis que la voix de son fils Liham résonne en fil rouge. Un titre personnel sur lequel elle vide son sac et qui tranche avec le reste du disque, plus pop et variété. Dans la lignée des sonorités de "VersuS", et porté par des productions un peu trop homogènes de Renaud Rebillaud, l'album "Charlotte" ne marque pas un retour aux sources musicalement parlant (le R&B de ses débuts), mais s'écoute comme un journal intime, comme le fut son classique "A fleur de toi" en 2007. Elle évoque ici des sujets intimes (l'amour toxique souvent), mais pour que ses chansons soient universelles, Vitaa en gomme parfois le sens premier, quitte à rester un peu en surface comme sur le single "Les choses qu'on fait", efficace mais un peu lisse, ou "Ton amoureuse", ballade sur le fil dédiée à son aîné mais qui peut avoir une double lecture. Mais Vitaa ne vise jamais aussi juste que quand elle ouvre son coeur sur "Promets-moi" ou "Un dimanche avec toi", les tubes de l'album grâce à leurs superbes mélodies, revient aux origines sur "J'me déteste" ou brise l'armure sur "Ça fait mal", classique mais réussie, "Coeur endommagé", l'une des plus belles chansons du projet, ou "Folle comme ça", parfait pour la scène. JG

Ça ressemble à la suite du journal intime de Vitaa, 16 ans après
A écouter : les tubes "Promets-moi", "Coeur endommagé", "Un dimanche avec toi", "Je n'oublie pas"...
A zapper : "Egoïste" et "Tu mens", moins intenses


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Grand Corps Malade | "Reflets"


J'écris donc je suis. Pour Grand Corps Malade, tenter de recréer la magie de "Mesdames", son album concept de duos ayant marqué un tournant dans sa carrière (560.000 ventes), aurait été vain. "Un peu poète, pas vraiment écrivain", le slameur revient sur son nouvel album ''Reflets'' à son rôle de prédilection : celui de conteur d'histoires, se racontant sans filtre, et avec une prose - quoi qu'il en dise - toujours aussi romanesque, pour mieux raconter l'autre. Et il a la bonne idée de conserver la patte de Mosimann pour garder cette filiation dans les compositions, toujours sur un fil entre sonorités électro et instruments classiques. Dans ''J'ai vu de la lumière'' et ''Autoreflet'', l'artiste de 46 ans mesure le chemin parcouru, lui qui n'imaginait pas du tout qu'une scène aussi niche que le slam le mènerait un jour aux plus grands Zénith de France. Son destin cabossé touche d'autant plus la corde sensible qu'il le rapproche à celui des autres "accidentés de parcours" sur ''Le jour d'après''. Du bout du stylo, ses réflexions sur l'amour, son rôle de père, le choc des générations (''La sagesse'') et l'inaction climatique font mouche. « Aucun G20 n'aboutit à des mesures profondes, ils y vont en jet-privé et se torchent avec les rapports du GIEC » lâche-t-il, sans prendre de gants, sur le pugnace "2083", osant même, entre deux punchlines, pousser un peu plus la chansonnette sur les refrains de ''Retiens les rêves'' et le single évident ''Deauville''. Une habile façon de compenser l'absence des voix féminines de ''Mesdames'', qui apportaient de la respiration et un meilleur équilibre à l'ensemble. Ici, on le sent, tous les titres et leurs arrangements galopent à vivre allure, partant parfois dans tous les sens (''Reflets'' notamment), alors que Grand Corps Malade n'est jamais aussi touchant que lorsqu'il ralentit le tempo. Moment de cinéma à elle toute seule, la superbe ballade ''Rue La Fayette'', sur un couple qu'il croise à un feu rouge et semble sur le point de se déchirer, est autant un coup au coeur qu'un coup de coeur. Et on ne se lasse pas du génial ''Paroles et musique'', qui conclut le disque sur une note amusante, décalée et franchement ingénieuse. YR

Ça ressemble à une thèse musicale sur les rapports humains
A écouter : ''J'ai vu de la lumière''', ''Rue La Fayette'', ''Paroles et musique''
A zapper : ''La sagesse'', un peu facile et déjà vu





The Rolling Stones | "Hackney Diamonds"


Let it rock. Qu'attendre d'un album des Rolling Stones en 2023 ? Surtout quand, à en croire l'avis général, leur dernier bon disque remonte à 1981 ? A priori pas grand-chose, à part un groupe qui essaie faussement d'entretenir la flamme. Monumentale erreur ! Les premiers riffs de l'électrisant single "Angry" prouvent que l'heure de la retraite n'a pas sonné. Comme sur "Power Up", le dernier AC/DC, "Hackney Diamonds" ne réinvente pas une mécanique trop bien huilée depuis des décennies, mais apporte une nouvelle pierre (qui roule) à l'édifice. Ce qui impressionne dans ce disque, conçu comme un appel fougueux à la vie plutôt qu'un chant du cygne, c'est l'impressionnante liste d'invités : Lady Gaga donne de la voix sur le gospel "Sweet Sounds of Heaven" (et un Stevie Wonder qui fait plus de la figuration), Elton John et Bill Wyman débarquent sur "Live By The Sword", où la batterie du regretté Charlie Watts résonne, tandis que Paul McCartney, l'ancien Beatles ennemi, vient en paix sur "Bite My Head Off", à l'énergie punk vivifiante.



Le reste n'a pas à rougir : "Whole Wide World" et "Mess It Up" font efficacement le job, et Mick, Keith et Ronnie ralentissent aussi le tempo sur "Depending On You" (« I'm too young for dying » glisse malicieusement Mick Jagger) ou un "Dreamy Skies" aux accents country. Et ce, même si "Get Close" ou "Tell Me Straight" (Keith Richards au micro) tournent un peu à vide. Par quelques aspects, "Hackney Diamonds" ressemble à "Every Loser", le dernier album d'une autre légende du rock : Iggy Pop. Les deux disques, produits par le même Andrew Watt, attestent que les légendes ne meurent pas et qu'à 75 ans passées, l'Iguane comme les Stones en remontrent à tous leurs contemporains. Au bout du voyage, c'est sur une relecture du "Rolling Stones Blues" de Muddy Waters, une des idoles du groupe, que se clôt "Hackney Diamonds". Histoire de boucler la boucle après 60 ans d'histoire. TB

Ça ressemble à la preuve que les légendes ne meurent jamais !
A écouter : l'excellent "Angry", les énergiques "Bite My Head Off" et "Live By The Sword"
A zapper : "Get Close", trop répétitif, "Tell Me Straight, peu marquant"

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