samedi 26 février 2022 11:16

Avril Lavigne, Fishbach, Tears For Fears : 3 albums au banc d'essai

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Cette semaine, Pure Charts passe à nouveau en revue trois albums du moment pour un débrief en quelques lignes. Au programme : Avril Lavigne revient en force avec "Love Sux", Fishbach nous ensorcelle "Avec les yeux" et Tears For Fears signe une belle renaissance pop sur "The Tipping Point".
Crédits photo : Pochettes / Frank Ockenfels

Avril Lavigne | "Love Sux"


Teenage dream. « Like a ticking time bomb, I'm about to explode » : voilà comment début le nouvel album d'Avril Lavigne, "Love Sux". Trois ans après l'émotion de "Head Above Water", qui évoquait son combat contre la maladie, la chanteuse ressort les guitares pour les faire gronder plus fort que jamais. En 12 titres et 33 minutes, sans véritable temps mort, elle retrouve l'énergie insolente de ses débuts adolescents avec ses sonorités pop-punk, ses paroles directes et donc des titres on ne peut plus fougueux. Si l'album tourne parfois en rond à force d'user la corde (des guitares, vous l'aurez compris) avec son atmosphère régressive à souhait, Avril Lavigne s'amuse comme une petite folle et ça s'entend, de l'intro électrisante de l'infernal "Cannonball" (que l'on croirait tout droit sorti des années 2000) au duo radiophonique "Bois Lie" avec Machine Gun Kelly, sans oublier single "I Love It When You Hate Me" (feat. Blackbear) ou "Kiss Me Like The World Is Ending" (d'actualité !), qui auraient tous pu figurer sur la BO d'un "American Pie", en passant par "Love Sux", pas très original mais qui fait son petit effet, ou encore le rutilant "Déjà vu" (paré pour le live avec ses "oh oh"). Vous l'aurez compris, l'originalité n'est pas ici au rendez-vous et on a certes l'impression d'avoir déjà tout entendu mille fois, mais le plaisir de faire monter le volume pour tout oublier nous démange grandement. Parfait pour croire l'espace de quelques instants que notre adolescence n'est pas loin et que tout ira bien. Merci Avril ! JG

Ça ressemble à une machine pop-punk à remonter le temps
A écouter : le décoiffant "Cannonball", la jolie ballade "Avalanche", le nostalgique "All I Wanted" avec Mark Hoppus de Blink-182, le tube "Déjà vu"
A zapper : "Bite Me", premier extrait pas très inspiré, "Dare To Love Me", la ballade de trop


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Fishbach | "Avec les yeux"


Vision radar. Pétrie de talent, Fishbach aurait mérité d'exploser à plus grande échelle avec son premier album, le formidable "A ta merci". Cinq ans plus tard et après des expériences dans la comédie (la série "Vernon Subutex"), Flora repart à la conquête des coeurs avec un deuxième disque qui s'écoute "Avec les yeux". Dans le rock rétro et la synthpop de l'artiste de 30 ans se décèle une vraie cinématographie, dans sa façon de faire onduler sa belle voix grave, dans sa recherche de mélodies « fantasmagoriques » exigeantes, et dans ses clips bien sûr, à l'instar de "Téléportation" où le spectateur est happé au coeur d'un univers ésotérique brumeux qu'elle qualifie de « Matrix médiéval ». Tout un programme ! On serait tenté de dresser des passerelles entre Fishbach, Feu! Chatterton et les Rita Mitsouko (une référence qui revient souvent) mais à vrai dire, au fil des ces 11 pépites, la chanteuse s'affranchit de tout code et style pour composer un patchwork d'élégance incarnée, à la fois sombre et sensuel, insaisissable et captivant. Suspendu à son timbre suave, on saute du refrain anglophone et très ABBA de "Tu es en vie" à la sérénade à la guitare "Quitter la ville", en prenant un détour par le superbe "Nocturne" avant d'être frappé par "La foudre" et son insolente énergie. Entre populaire et pointu, grandiloquence et dépouillement, le nouvel album de Fishbach n'est ni "Démodé" ni "Presque beau" : c'est l'expression d'un diamant brut. YR

Ça ressemble à l'avènement d'une artiste fascinante
A écouter : Le petit tube "Masque d'or", l'incroyable "Téléportation", "Démodé", "Nocturne" son final épique à la guitare
A zapper : "Quitter la ville", qui casse un peu l'ambiance prenante





Tears For Fears | "The Tipping Point"


Sowing the seeds of pop. On ne l'espérait plus. On ne l'attendait plus vraiment pour être honnête. 18 ans après le bien-nommé "Everybody Loves A Happy Ending", Tears For Fears a finalement poussé les portes du studio pour donner naissance à "The Tipping Point", un septième album fruit d'une longue conception marquée notamment par la mort de Caroline, la femme de Roland Orzabal, en 2017. S'il est vrai qu'au premier abord, aucune des 10 chansons n'a l'efficacité immédiate d'un "Shout" ou "Everybody Wants to Rule The World", le tandem prouve sa capacité à faire jaillir de superbes idées mélodiques, tout en se citant judicieusement. Outre le morceau-titre "The Tipping Point", du Tears For Fears pur jus, "Break the Man" et "Rivers of Mercy" reprennent respectivement des riffs de "Pale Shelter" et "Woman in Chains", titres que ceux qui ont grandi les 80's n'ont pas oublié. Ainsi, Tears For Fears joue le jeu de l'autocitation sans pour autant être trop prisonnier d'un passé aux allures de fardeau. Car ce qui plaît avec "The Tipping Point", c'est la façon dont le groupe a de renouveler sa recette pop/new-wave, qui incorpore cette fois-ci quelques touches électroniques ou folk ("No Small Thing"). Au niveau thématique aussi, le duo évoque les clichés sexistes sur "Break the Man" tandis que "Rivers of Mercy" s'ouvre sur des bruits de manifestations aux Etats-Unis. A l'instar de ce dernier son, c'est dans ces moments les plus lents que l'album nous touche en plein coeur : sur les superbes ballades sur le fil "Stay" ou "Please Be Happy", cette dernière évoquant la défunte Caroline, Curt Smith et Roland Orzabal prouvent qu'il ne suffit parfois de pas grand chose pour nous faire frissonner. A contrario de bon nombres de groupes des années 80 condamnés à refaire le même disque en boucle, ce n'est pas un hasard si Tears For Fears continue à se démarquer. TB

Ça ressemble à un comeback nostalgique sans être passéiste
A écouter : Les tubes en puissance "The Tipping Point" et "Break the Man", les touchants "Stay", "Rivers of Mercy" et "Please Be Happy"
A zapper : "Long, Long, Long, Time", qui porte bien son nom


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