2020 : les meilleurs albums du 1er semestre avec Benjamin Biolay, Dua Lipa, Rone...
L'heure est déjà au bilan. Alors que la deuxième partie de l'année s'écrit actuellement, Pure Charts vous propose de découvrir la liste des 20 meilleurs albums de 2020 selon sa rédaction. Au programme : Benjamin Biolay cotoie Lady Gaga, Dua Lipa, mais aussi Laylow, Teyana Taylor, Aloïse Sauvage, The Strokes, 070 Shake ou encore The Weeknd.
Crédits photo : Montage Pure Charts
"After Hours" de The Weeknd
Caméléon de la pop urbaine contemporaine, The Weeknd a eu du flair en pointant son curseur musical vers les années 80 pour son quatrième album ''After Hours''. Des nappes synthétiques à profusion, une interprétation toujours plus magnétique et une maîtrise sidérante de l'image avec des références à ''Drive'' et ''Las Vegas Parano'' : la star canadienne tape dans le mille et aligne tube sur tube dans cette machine de guerre propulsée dans toutes les têtes grâce aux incontournables ''Blinding Lights'' et ''In Your Eyes''. Un braquage plein de panache à la Scorsese qui nous entraîne paradoxalement aux plus près des névroses d'Abel Tesfaye. La marque des grands.
"Grand prix" de Benjamin Biolay
Pas de faux départ pour Benjamin Biolay ! « Vieil amant de la route », comme il le murmure lui-même, le champion de la mélancolie à la française a eu envie, pour son neuvième album, d'entremêler ses talents de crooner à sa passion pour l'automobile. Les mains sur le volant, un regard dans le rétroviseur, l'artiste embrasse tout un pan de sa vie en racontant son rapport à l'art, à l'existence, à la vitesse et aux femmes (discrètes et pourtant omniprésentes) avec un sens de la formule intact, une musicalité à toute épreuve. Intime et brut de décoffrage, aussi captivant qu'aérodynamique, ce "Grand prix" lancé sur les chapeaux de roue avec le vibrant "Comment est ta peine ?" s'est emparé de la pole position des charts français. Et de nos coeurs !
"Chromatica" de Lady Gaga
Elle nous promettait un retour à la pop flamboyante de ses débuts, elle n'a pas déçue ! Malgré une sortie décalée à cause du Covid-19, ''Chromatica'' de Lady Gaga s'est révélé le meilleur remède à la fermeture des discothèques. Ne souffrant d'aucun temps mort, le sixième disque de la superstar est autant un hommage à la culture club-house des années 90 qu'un formidable témoignage de la versatilité d'une artiste qui sait encore ''poser sa tête et son cur sur le dancefloor''. "Stupid Love", "Rain On Me" feat. Ariana Grande, "Babylon", "Sour Candy" avec BLACKPINK, "911", "Replay"... Il n'y a qu'à se pencher pour cueillir un hymne prêt à échauffer les corps. Plus efficace qu'un cours de zumba !
"Nightsongs" de Yael Naïm
Trois ans de sueurs, de larmes et de nuits esseulées à mettre au point son disque le plus intime à ce jour. Yael Naim se livre avec une grâce indicible dans le délicat "Nightsongs", où sa voix de velours passant d'un claquement de doigts du français à l'anglais devient la fenêtre de son âme. Une âme amoureuse, une âme blessée ("Shine"), endeuillée par la perte d'un être cher, exaltée par le don de la vie, qui se raconte sur des mélodies dénuées de toute percussion mais avec le renfort discret d'une chorale pour mieux nous envelopper dans une bulle de douceur, de douleur et de bonheur. Une oeuvre sublime de la première jusqu'à la dernière note.
"The Slow Rush" de Tame Impala
Comment composer le successeur d'un chef d'oeuvre tel "Currents" ? Kevin Parker répond avec "The Slow Rush". Très attendu, le quatrième et nouvel album de Tame Impala a déjoué toutes les attentes en proposant 12 nouvelles chansons délaissant les guitares pour des synthés psychédéliques. Évoquant Supertramp ("It Might Be Time") ou son propre passé ("Lost in Yesterday"), Tame Impala nous prouve une nouvelle fois toute l'étendue de son talent sur un album qui se redécouvre au fil des écoutes et qui, comme le bon vin, vieillit très bien.
"TRINITY" de Laylow
Rares sont les albums de rap français avec un véritable univers, qui racontent une histoire. Futuriste, résolument moderne, "TRINITY" de Laylow nous emmène dans la matrice de son propre logiciel le temps de 22 titres passionnants (dont 7 interludes), qui forment une sorte de long-métrage audio. Pour exprimer ses émotions et ses sentiments, Laylow chuchote, chante, rappe et crie, nous emmenant alors dans un vrai roller coaster émotionnel et musical, n'hésitant pas à changer de direction et de ressenti en cours de morceau. Grâce à des pistes fortes, vertigineuses et sensibles comme "Dehors dans la night", "Burning Man" avec Lomepal, "Megatron", "Hillz" avec S.Pri Noir, "Longue vie" ou "Vamonos" feat. Alpha Wann Laylow propose assurément l'album rap francophone de l'année (pour le moment).
"Future Nostalgia" de Dua Lipa
L'objectif de Dua Lipa ? Faire danser la planète ! Ce qu'elle nous confiait en 2016 est encore plus vrai avec son deuxième album "Future Nostalgia", à des années lumières du premier. Convoquant Prince, INXS ou White Town, Dua Lipa finit sa transition vers le rang de popstar incontestée à travers une myriade de tubes immédiats comme "Don't Start Now", "Physical" ou "Break My Heart" et ceux qui vont le devenir comme "Love Again" ou "Hallucinate". Puissant et plus profond qu'il n'y paraît, "Future Nostalgia" vient remettre les pendules à l'heure et prouver que oui, la pop a encore de beaux jours devant elle. Assurément la bande-son de l'été !
"Color Theory" de Soccer Mommy
Ce fût l'une des plus belles surprises de l'hiver. Sophia Allison, alias Soccer Mommy, a dévoilé ni plus ni moins que son meilleur projet avec "Color Theory", plongée indie-rock presque anachronique dans les tourments d'une jeune musicienne (23 ans) sensible. Mettant en musique ses angoisses les plus profondes, la chanteuse américaine propose dix morceaux sur le fil, aux guitares lancinantes, absolument somptueux. Comment ne pas frissonner à l'écoute de "Bloodstream", "Circle the drain" ou encore "Crawling In My Skin", qu'on jurerait tout droit sortis de la BO de "Dawson" ? Sublime, tout simplement sublime.
"La Vita Nuova" de Christine and the Queens
Certes, c'est un EP. Mais comment passer à côté de "La Vita Nuova" ? Le nouveau projet de Christine and the Queens est une synthèse parfaite de la mélancolie électro de "Chaleur humaine" et l'affirmation pop de "Chris", tout en permettant à la chanteuse de progresser encore plus loin dans son art. Du somptueux "People I've been sad" en ouverture jusqu'au libérateur "La Vita Nuova" avec Caroline Polachek, en passant par l'incisif "Je disparais dans tes bras" et le somptueux court-métrage filmé à l'Opéra Garnier, Christine and the Queens prouve une nouvelle fois qu'elle est la popstar française la plus passionnante à suivre.
"SAWAYAMA" de Rina Sawayama
Rina Sawayama est un véritable OVNI. Incontrôlable, la popstar née au Japon réalise un sans-faute sur son premier album "SAWAYAMA", où elle fusionne d'idées et mélange les genres sans jamais perdre de vue l'efficacité. Véritable enfant des années 2000, dotée d'une voix remarquable, elle rend hommage à la meilleure pop de l'époque sur des productions imparables, comme sur "Dynasty", la bombe "XS", "Paradisin'" ou "Love Me 4 Me", mais en réalise sa propre vision, incarnée par sa propre histoire. Une pop hybride sur laquelle elle incorpore bien souvent des influences nu-metal sorties de nulle part ("STFU!", "Who's Gonna Love You Now ?"). Pour dérouter d'abord et mieux séduire. On pense tour à tour à Janet Jackson, Justin Timberlake, Christina Aguilera ou encore Evanescence. Même Elton John a confié qu'il s'agissait de son album préféré de 2020 !
"The Album" de Teyana Taylor
Protégée de Kanye West (la Muse du clip ''Fade'', c'est elle), l'actrice, mannequin et musicienne Teyana Taylor révélait toute la puissance et la beauté de son univers R&B enraciné en 2018 avec le magnifique ''K.T.S.E.''. Deux ans plus tard, elle récidive avec le non moins superbe ''The Album'', qui s'ouvre sur un authentique enregistrement de l'appel d'urgence passé par son époux alors qu'il l'aidait à accoucher de leur petite fille à domicile. Un prélude éminemment personnel pour un disque de soul urbaine d'une élégante finesse d'écriture et en forme d'hommages aux figures de la culture afro-américaines d'aujourd'hui et d'hier. Jetez une oreille attentive sur ses collaborations avec Lauryn Hill, Erykah Badu, Missy Elliott ou Kehlani avant de vous laissez-vous bercer par le simplicité désarmante du titre ''Wake Up Love'' avec Iman.
"Dévorantes" d'Aloïse Sauvage
"Dévorantes", le premier album d'Aloïse Sauvage, est venu confirmer son talent brut aperçu sur l'EP "Jimy". Décomplexée et audacieuse, la proposition musicale de la chanteuse sonne comme un uppercut au sein du paysage français. Sans chercher à ressembler à quiconque ni à répondre aux standards, Aloïse Sauvage ne se met aucune barrière : elle rappe, chante, fait appel à des beatmakers du milieu hip-hop sans perdre son ADN pop, assume son homosexualité, et met le doigt sur ses failles avec pudeur. Porté par les excellents titres "Megadown", "Omowi", "Toute la vie" ou "Si on s'aime", "Dévorantes" est un essai brillant, bouillonnant et authentique.
"Women in Music pt. III" de HAIM
HAIM atteint des sommets avec "Women in Music pt. III". Après deux premiers albums sympathiques mais assez sages, les trois soeurs signent là un disque majeur, à voir et écouter comme une véritable prise de pouvoir. De la pop jazzy ("Los Angeles", "Summer Girl") au R&B rétro ("3 am") en passant par des ballades quasi folk ("Hallelujah") et du rock solaire ("Don't Wanna"), HAIM nous fait voyager dans son Los Angeles fantasmé et idéalisé afin de délivrer un album riche, dense et cohérent, tel un long-métrage dont on ne voudrait jamais sortir. Assurément, un des grands disques de ce début de décennie.
"Room with a View" de Rone
Hasard ou coïncidence, le nouvel album de Rone a parfaitement résonné avec le confinement durant lequel il est sorti. Derrière ses machines, Erwan Castex propose une heure de musique à la fois libératrice et oppressante à écouter d'une traite comme un voyage dans la psyché et les influences de l'artiste. Un projet aussi musical que visuel pour lequel Rone a travaillé avec le collectif La Horde. Les somptueux "Nouveau monde", "La marbrerie" ou "Babel" sont de véritables invitations à la rêverie et à la découverte d'un ailleurs. Une chose est sûre : cette chambre avec vue, on n'aimerait ne jamais la quitter.
''Miss Anthropocene'' de Grimes
En 2020, l'insaisissable Grimes n'a pas seulement donné naissance à un garçon prénommé X AE A-XII , fruit de ses amours avec l'entrepreneur Elon Musk. En février, elle présentait son nouveau bébé ''Miss Anthropocene'' et son concept singulièrement futuriste autour d'une déesse maléfique du chaos cherchant vengeance contre l'homme pour ses crimes contre l'environnement. Tout un programme ! Si l'artiste canadienne sait à coup sûr se démarquer par sa créativité, il est fascinant de voir à quel point ses compositions électro-pop-rock industriel ne ressemblent à aucune autre. Du planant "So Heavy I Fell Through the Earth" à ''Violence'' feat. i_o ou ''My Name is Dark", dont les guitares musclées accrochent les tympans, Grime signe un disque hybride d'une solide facture. Mention spéciale à la ballade acoustique ''Delete Forever'', envoûtante à souhait.
"It Was Good Until It Wasn't" de Kehlani
Le nouvel album de Kehlani était très attendu. Après le 90's et délicieusement sucré "SweetSexySavage", la chanteuse américaine peaufine un peu un plus son univers R&B moite et viscéral avec "It Was Good Until It Wasn't". Dès la piste d'introduction, "Toxic", Kehlani impose sa maturité sur une production sobre, preuve qu'il est possible de frapper fort sans tomber dans la surenchère. A la fois sombre, solide et sensuel, avec ses touches jazzy, le disque met en lumière la vulnérabilité de l'interprète, qui s'interroge sur les relations amoureuses, mais la transforme en véritable force. "Can I" feat. Tory Lanez se révèle être le tube R&B par excellence, "Water", "Change Your Life" avec Jhené Aiko ou "Serial Lover" ont ravi les mélomanes, tandis que "Everybody Business", titre acoustique, ou encore "Grieving" avec James Blake ont prouvé qu'elle pouvait s'adapter à tous les styles. Et exceller.
"The New Abnormal" de The Strokes
Un album des Strokes est toujours un événement. D'abord parce que le groupe de rock alternatif US a été élevé au rang de culte à la faveur de quelques disques mythiques, mais aussi parce que son leader de génie, Julian Casablancas, a mis son projet annexe The Voidz en pause pour offrir - enfin - un successeur à ''Comedown Machine'', qui remonte à 2013. Annoncé avec le fantasmagorique ''At The Door'', ''The New Abnormal'' fait le pont entre le passé et l'avenir avec 9 morceaux tantôt garage rock tantôt synth-pop placés sous influence Lou Reed et The Velvet Underground. Un peu déséquilibré mais traversé de fulgurances (''Brooklyn Bridge To Chorus'', ''Ode To The Mets''), ce sixième opus mérite une écoute rien que pour son titre d'ouverture ''The Kids Are Talking'', strokien par excellence, où la voix emmiellé du chanteur se pose sur des riffs ravageurs que rattrape un refrain d'une profonde mélancolie. Redoutablement bon !
"Modus Vivendi" de 070 Shake
« Des sacrifices viennent les émotions » dit 070 Shake en parlant de son premier album "Modus Vivendi". Signée sur le label de Kanye West, avec qui elle a déjà travaillé, l'artiste américaine a mis tout le monde d'accord avec ce projet unique en son genre, mêlant pop psychédélique, R&B ou encore rap emo. Avec une puissance rare, 070 Shake fusionne ses mélodies, ses addictions et ses blessures sur des pistes intenses et addictives qui entrent en vous pour ne jamais en ressortir, à l'image des singles "Morrow" et "Guilty Conscience", tout simplement remarquables. Un album maitrisé du début à la fin qui ne peut laisser insensible. Retenez bien son nom !
"Our Two Skins" de Gordi
A 27 ans, la voix de Gordi n'est pas inconnue du grand public. Ses chansons précieuses, parfois folk, parfois indie pop, ont déjà résonné dans des épisodes de "The Vampire Diaries" ou "The Walkind Dead", et même dans le film "À tous les garçons : P.S. Je t'aime toujours" sur Netflix. D'une douceur infinie, le deuxième album de Gordi, "Our Two Skins", est une pure merveille. Laissez-vous embarquer par sa voix hypnotique chantant ses émotions à fleur de peau, pour des moments suspendus sans pareil. Entre fragilité, exaltation et expérimentations, "Aeroplane Bathroom", "Unready", "Volcanic", "Radiator", "Sandwiches", "Extraordinary Life" ou le sublime "Free Association" devraient vous accompagner tout l'été. Et encore longtemps après. Un grand album !
"Rough and Rowdy Ways" de Bob Dylan
Après 50 ans de carrière, un artiste a-t-il toujours quelque chose de pertinent à raconter ? Bob Dylan vient clamer que oui. Sur son nouvel album "Rough and Rowdy Ways", l'icône folk de 79 ans prouve qu'il n'a pas volé son prix Nobel de littérature sur dix somptueux titres entre blues et folk, construits comme de véritables poèmes. Sa voix, tantôt tremblante, tantôt rocailleuse, traverse ces 10 titres en évoquant les fantômes du passé tel JFK ou Marlon Brando. C'est avec nostalgie et classe que le troubadour se veut plus actuel que jamais afin de faire l'état des lieux de son pays. Chapeau l'artiste !