dimanche 28 juin 2020 12:00

Benjamin Biolay, Black Eyed Peas, HAIM : 3 albums au banc d'essai

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Pure Charts passe en revue trois albums du début de l'été. Benjamin Biolay roule à toute allure pour son "Grand Prix", les Black Eyed Peas font danser la planète sur "Translation" tandis que HAIM atteint des sommets avec "Women in Music pt. III". Critiques en quelques lignes.
Crédits photo : Marta Bevacqua / Nabil Elderkin / Jasper Rischen

Benjamin Biolay | "Grand Prix"


Folle allure. Benjamin Biolay revient avec "Grand Prix", le neuvième album studio de sa carrière. Et avec une insolence folle, le chanteur parvient à surprendre encore et toujours. Animé par l'urgence d'aimer et de vivre, l'artiste, armé de sa voix de crooner et d'un sens toujours aussi précis et malicieux du texte, propose 13 chansons au couteau, jamais ronronnantes, toujours bouillonnantes. Jouant avec un plaisir non dissimulé avec le lexique du monde automobile ("Comme une voiture volée", "Ma route"...), Benjamin Biolay panse ses blessures, et évoque même la mort à de nombreuses reprises, mais compense toujours cette mélancolie innée par des productions pop et rock, parfaites du premier au dernier tour de piste. Créatif, incisif, poétique ou désabusé, le chanteur se paie l'audace de nous emmener, ceinture attachée, pour une virée à cent à l'heure, et ce dès l'ouverture de cet album lumineux avec le funky "Comment est ta peine ?", véritable tube de l'été surprise. Dans l'air du temps, sans vouloir l'être, les nouvelles chansons de Biolay, hantées par les voix de Keren Ann, Chiara Mastroianni ou Anaïs Demoustier, démarrent souvent dans une direction avant de prendre un virage surprenant en cours de route, se renouvelant alors pour le meilleur, notamment grâce à des nappes de synthés revigorantes ("Grand Prix", "Où est passée la tendresse ?"). En live, elles promettent d'ailleurs des concerts survoltés ! Vous l'aurez compris, ne passez pas à côté de ce "Grand prix". JG

Ça ressemble à l'album brûlant d'un artiste qui n'a pas perdu la flamme
A écouter : les hits "Comment est ta peine ?", "Visage pâle", "Papillon noir" ou "Comme une voiture volée", le superbe "Vendredi 12", "Grand prix"
A zapper : "Virtual Safety Car", moins intéressante




Black Eyed Peas | "Translation"


Suavamente. Il y a un an et demi, les Black Eyed Peas s'offraient un retour aux sources surprise. Sans Fergie, le trio sortait "Masters of the Sun" album hip-hop old school de bonne facture qui est malheureusement passé totalement inaperçu. Dommage que ce soit avec un projet aussi peu personnel que les BEP retrouvent le sommet des charts. Car l'album "Translation" est avant tout une machine de guerre parée pour cartonner en streaming. Sautant à pieds joints dans la vague reggaeton qui cartonne actuellement, will.i.am, apl.de.ap et Taboo s'entourent des stars du genre, comme Maluma, J Balvin ou Ozuna, dont les vidéos font des milliards de vues. Pari gagnant ? Commercialement oui, puisque les Black Eyed Peas ont déjà deux énormes tubes en poche avec "RITMO" et "MAMACITA". Artistiquement, c'est plus compliqué. Tenant plus de l'ordre du plaisir coupable que de la véritable réussite, "Translation" multiplie les beats latino parés pour les dancefloors et les soirées sur la plage, samplant au passage les tubes de Madonna, Corona, ou encore MC Hammer ("VIDA LOCA"). Résultat ? L'album "Translation" tourne rapidement à vide, répétant inlassablement les mêmes boucles musicales et la même envie de bailar. Et comme tous les morceaux s'enchaînent comme une seule piste, on a l'impression que le même titre passe en boucle. Après 50 minutes de grosses basses, l'album se termine, avec surprise, en douceur avec "NEWS TODAY". Un titre inspiré à will.i.am par l'actuelle crise de coronavirus, mais dont les paroles restent trop simplistes. "Translation" a malheureusement la malédiction d'un tube de l'été : on l'oubliera dès le 1er septembre. TB

Ça ressemble à la machine à tubes oubliable de l'été
A écouter : les plaisirs coupables "VIDA LOCA" et "RITMO"
A zapper : "Girl Like Me", duo raté avec Shakira, "Mamacita", "Celebrate" et ses cuivres, "ACTION" à base de "brrrrrah"




HAIM | "Women in Music Pt. III"


Jamais deux sans trois. Depuis dix ans, HAIM représente une certaine idée de l'indie rock californien. A travers "The Wire" ou "Want You Back", Danielle, Este et Alana créaient des petits hits rock solaires, à écouter en remontant Hollywood Boulevard ou les pieds enfoncés dans le sable de Venice Beach. Si leurs deux premiers albums restaient assez linéaires, mais bien agréables à écouter, les trois soeurs passent un cap important avec ce "Women in Music Pt. III". A l'instar de cette ouverture folle sur "Los Angeles" et sa basse rutilante où HAIM introduit une gamme de cuivres jazzy à son univers. En écoutant ce troisième opus, on a l'impression de pénétrer au beau milieu d'un film indépendant hollywoodien qui suivrait le destin de trois femmes dans une cité des anges caniculaire. A la fois brutes et délicates, des pépites comme "Gasoline", "Don't Wanna" ou le single "Now I'm In It" prouvent le talent des soeurs HAIM pour accoucher de riffs catchy et évidents, sur des textes personnels, évoquant la dépression, les angoisses ou la solitude. Loin de se cantonner à l'indie rock qui ont fait leur succès, HAIM multiplie même les genres. De la ballade quasi country "Leaning on You" à la pop jazzy de "Summer Girl" en passant par le R&B délicieusement 90's sur "3am", les trois artistes nous font voyager dans une ambiance californienne à la fois rêvée et réaliste tout en truffant leurs morceaux d'ambiances sonores (bruits de réveil, soirée bruyante). Malgré sa longueur qui aurait pu nous rebuter (51 minutes, 16 titres), HAIM propose un album cohérent et maîtrisé, qui s'affirme là comme leur sommet discographique. Qu'on se le dise, "Women in Music Pt. III" est un album parfait à écouter cet été, en marchant fièrement dans la rue. Comme les trois soeurs en ont pris l'habitude dans leurs clips ! TB

Ça ressemble à l'album consécration de l'univers HAIM
A écouter : la formidable introduction "Los Angeles", le R&B rétro de "3am", les singles tubesques "Summer Girl" et "Now I'm In It", "Gasoline"
A zapper : "I Know Alone", seul véritable point faible de l'album


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