Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
Zaho | "Le monde à l'envers"
La roue tourne. Forte de ses expériences passées, dont sa collaboration inattendue avec Céline Dion,
Zaho fait sa mue. Dès la première piste de ce troisième album "Le monde à l'envers", sur lequel elle s'entoure de la crème des hitmakers du moment, la chanteuse de 36 ans se veut plus solaire que jamais. Sur un tempo mêlant pop et jets électro, "Bonne nouvelle" irradie de bonne humeur, donnant envie de taper dans les mains et de danser. Et, comme le laissait présager le surprenant premier single
"Laissez-les kouma" en duo avec MHD, c'est globalement ce qui constitue ce disque : des titres festifs au premier abord, clairement calibrés pour les radios (merci Dany Synthé !), mais dont les refrains manquent parfois un peu de force. Difficile cependant de ne pas se laisser emporter par cette vague de mélodies festives et de beats imparables, dans la lignée des tubes du moment. Et que les plus mélancoliques se rassurent, si le disque troque ses morceaux acoustiques pour des ballades très produites ("Comme tous les soirs", "Te amo"), les riffs de guitare n'ont pas pour autant disparu et l'émotion est toujours au rendez-vous, notamment dans l'écriture ("Parle-moi"). Good job !
JG
Ça ressemble à un album plein d'ambition
A écouter : les tubes "Bonne nouvelle", "J'ai pas le time" et
"Salamalek", "Je rentre à la maison", le coup de coeur
"Tant de choses"
A zapper : "Brouiller les ondes", brouillon justement,
"Selfie", accrocheur mais pas très inspiré
Rag'n'Bone Man | "Human"
Le colosse au coeur fragile. Le voilà, le timbre rare et profond qui fait frissonner l'Europe toute entière ! Inconnu du grand public il y a encore six mois, Rory Graham a explosé dans les charts grâce à son
tube "Human". Mais cet Anglais d'origine est bien plus que cela : il le prouve sur ce solide premier album. Le gaillard a d'abord fait ses armes dans le monde du hip-hop, et ses influences se ressentent très clairement dans la composition d'un "Ego" ou "The Fire", magnifique cri du coeur ponctué par un passage en rap. En réalité, Rag'n'Bone Man convie les fantômes de plus d'un siècle de musique noire américaine, alternant douceur et puissance pour piocher dans le blues, le jazz, la folk et la soul sans passer pour un pilleur. Ni manquer de modernité ! Aux choeurs gospel, cuivres et piano traditionnels se mêlent des percussions et touches électroniques bienvenues ("Be The Man") - vestige de son expérience au sein d'un groupe de drum'n'bass. L'émotion qui s'en dégage n'est pas sans rappeler une certaine Emeli Santé... Car comme la chanteuse londonienne, c'est l'interprétation intense de Rag'n'Bone Man, où chaque souffle renferme un supplément d'âme, qui achève de convaincre. L'ensemble, composé de 19 titres sur la version deluxe, aurait toutefois mérité d'être plus concis.
YR
Ça ressemble à la naissance d'un géant sensible
A écouter : Les tubesques
"Skin" et "Arrow", "The Fire", "Innocent Man", "Die Easy" (a cappella !), "Ego", l'excellent "Fade To Nothing", "Healed".
A zapper : "Wolves", "Life In Her Yet" et "Odetta", répétitifs
Kid Wise | "Les vivants"
Dans les nuages. Ouvrez vos oreilles et laissez-vous bercer... Deux ans après
"Innocence", miracle de délicatesse qui plaçait déjà le quatuor français dans la cour des grands, Kid Wise vient confirmer les espoirs placés sur ses épaules avec "Les vivants". A l'évidence, le groupe originaire de Toulouse a compris que la poésie sidérante de ses compositions reposait sur la symbiose parfaite entre des arrangements d'une extrême finesse et la voix, suave et fantomatique, du chanteur/auteur Augustin Charnet. Comme le ying et le yang, l'un ne vas pas sans l'autre et l'équilibre subtil que réussit à trouver Kid Wise ne doit pas masquer la complexité d'une telle tâche. Le voyage se compose de 11 chansons bercées de mélancolie mais pas seulement : choisis comme premier extrait, "Bones" et
"Hold On" versent dans une joyeuse légèreté, avec un accent rock plus prononcé sur les refrains - bourrés d'énergie. On note d'ailleurs que la bande a tranché dans le vif en proposant des morceaux plus courts que le précédent. Mais c'est encore quand Kid Wise joue sur la corde sensible qu'on chavire complètement ! Avec son introduction cotonneuse qui prend lentement des airs de ballade californienne, "Loin de l'autre" prouve que le quatuor sait sublimer la langue française. "Red Light", ritournelle en forme de madeleine de Proust, nous ramène quant à elle à des temps enfantins où l'insouciance était le maître mot. Dieu que c'est beau !
YR
Ça ressemble à un projet pop-rock alternatif d'une folle musicalité
A écouter : "Anchor", "Bones", "Loin de l'autre", "Red Light" et le titre final "Ascension". La grâce à l'état pur !
A zapper : L'interlude "Le passage" et "The Other Side"