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samedi 25 mai 2024 12:40

Santa en interview : "Sans le succès de 'Popcorn salé', je n'aurais pas fait d'album"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Santa fait ses premiers pas sans Hyphen Hyphen avec son premier album solo "Recommence-moi". En interview à Purecharts, la chanteuse niçoise évoque le succès surprise de son tube "Popcorn salé", son envie de liberté artistique... et en profite pour glisser un tacle aux Victoires de la Musique.
Crédits photo : Ben Fourmi
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Ce premier album solo "Recommence-moi" est-il une véritable remise à zéro pour toi ?
"Repartir à zéro pour un supplément d'âme", c'est une autocitation mais oui c'est vrai. Il y a une forme de repartir à zéro, de se remettre en jeu. J'ose espérer qu'on peut se remettre en jeu tous les jours, un peu comme un recommencement.

Musicalement et médiatiquement, c'est difficile de jongler avec Hyphen Hyphen, qui continue en parallèle ?
C'est pas difficile, je ne tournerai pas tout à la négative. C'est plutôt l'inverse ! C'est une façon de penser que j'impose aussi. Avec Hyphen Hyphen, il y a des temporalités : on vient de finir la tournée qui était fantastique et qui était un grand moment de liberté, de bonheur, de joie et de sécurité sur scène. La tournée terminée, ça m'offre aussi le temps d'incarner cet album en solo, mais bien accompagné. Ce n'est pas une parenthèse, mais plutôt une sorte de ping-pong gagnant avec Hyphen Hyphen.

Mes chansons, je les trouvais presque impudiques
"Popcorn salé" a été un des plus gros tubes de ces derniers mois et vient d'être certifié diamant. Comment vis-tu cet énorme succès ?
Ecoute, c'est fou. Vraiment. Pour une chanson qui sort de ma chambre, et qui ne devait pas voir le jour ou en tous cas ne pas tomber dans d'autres oreilles que les miennes, c'est un enchantement. Et quand je reçois tous ces messages, c'est un tourbillon de joie. Bien sûr, il ne faut pas être hypocrite quand on sort une chanson, on espère toujours qu'elle va rencontrer son public, mais c'est quelque chose qui me dépasse, et c'est agréable.

D'autant que le morceau est devenu un tube au fil des mois, pas immédiatement...
Ça a fait un effet boule de neige, du bouche à oreille. Et c'est tout ce que j'aime ! Je n'aime pas le caractère éphémère : parfois tu as une hyper grosse exposition, et puis tu lasses. Parfois les chansons peuvent avoir ça dans ce nouveau mode des réseaux sociaux, et même sur TikTok. On a vu une manière de consommer hyper empreinte à un moment donné, puis qui s'efface. J'ose espérer que "Popcorn salé" n'a pas subi ce tremblement-là et se poursuit.

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Le succès de "Popcorn salé", c'est un tourbillon de joie
Le succès de "Popcorn salé" t'a-t-il mis une pression pour le développement de cet album ?
La pression je l'ai toujours, avec ou sans "Popcorn salé". Cependant, si la chanson n'avait pas rencontré ce succès, je pense que je n'aurais pas fait d'album. Ce serait resté l'EP, qui reste déjà le résultat de ce "Popcorn salé". Comment continuer à raconter l'histoire ? J'écris des chansons et je les trouvais presque impudiques parce qu'elles n'étaient pas faites pour être écoutées. Là, elles sont habillées, je me suis amusée et je me projette dans un élan artistique total. C'est un choix qui s'est fait petit à petit.

La chanson a été un vrai succès, mais c'était étonnant de ne pas la voir nommée aux Victoires de la Musique cette année !
J'étais super triste, vraiment très triste de ça. Je veux pas jouer l'hypocrite... J'ai même fait une piraterie : j'ai monté toute une opération parce que je n'aime pas rester atterrée. Quand on ne rentre pas dans le système, on le change. Je n'allais pas rester sur mon canapé le soir à être attristée de ça. Bien sûr que ça touche. Donc j'ai monté toute une opération autour de la Seine Musicale : j'ai acheté tous les spots d'affiches possibles, j'ai encerclé le périmètre, j'ai pris toutes les pubs sur France Inter qui étaient normalement dédiées aux Victoires pour dire "Je ne suis pas aux Victoires, mais vous entendez ma chanson". Aussi le spot télé après les Victoires, c'était le clip ! La rage se transforme. Et c'est un peu ça cet album : un cri de rage qui se transforme en chant. Les inepties de ce genre doivent être twistées avec un peu d'humour et d'ironie. Mais c'est vrai que ça m'a blessée. Je pensais avoir ma place, mais apparemment je ne l'ai pas.

La pression, je l'ai toujours
A charge de revanche, peut-être que tu seras nommée l'an prochain !
Mais peut-être que je ne la voudrais plus cette place (long silence)... C'est un jeu...

Le fait de chanter en français, et d'être toute seule, ça implique plus de responsabilités ?
Je ne vois pas les choses comme ça. Il n'y a pas cette dualité en moi, les choses m'apparaissent et je les accueille. Les chansons sont arrivées devant moi, devant mon piano, je les ai juste écrites. Ensuite, l'incarnation est différente car il n'y a pas cette incarnation groupe / leader. C'est une autre manière d'incarner et d'être. C'est vraiment très différent, mais aussi excitant, d'une certaine manière. Et je ne prends jamais de décision sans Adam et Line de toute manière, donc je n'ai pas l'impression d'être seule. Line m'a aidée à produire des titres sous le pseudonyme Kid Sophie et a été d'une aide essentielle de la folie de ces derniers jours [l'interview a été réalisée début avril, ndlr].

Ne pas être nommée aux Victoires, ça m'a blessée
Depuis quand travailles-tu sur cet album ?
J'ai envie de te dire depuis toujours. La première chanson qui a été écrite c'est "Popcorn salé". Le choix a mis un peu de temps, cependant, si ça devait sortir, ça devait sortir vite car je ne voulais pas que l'émotion se dilue dans le temps. C'est pour ça que je rhabille des chansons. Certaines chansons que j'ai écrites il y a deux ans, je ne les ai pas mises car ça ne correspondait pas à l'histoire que je voulais raconter à ce moment-là. Et j'aime bien l'idée d'un album qui s'écoute de manière "old school", de A à Z...

D'où le générique de fin !
Oui, il y a une vraie volonté. Au départ, le générique de fin faisait partie de "Silverlake" et j'ai décidé de le couper car si tu veux écouter plusieurs fois "'Silverlake", t'as pas forcément envie de te taper quatre minutes de chorale d'enfants et de symphonique. C'est assez joli qu'elle termine l'album, parce qu'elle m'offrait ce générique de fin.

Cette carrière solo c'était aussi pour aborder des choses personnelles que tu ne pouvais pas t'autoriser avec Hyphen Hyphen ?
J'ai toujours été très libre. La seule chose qui change, c'est le français. Ce sont des chansons qui me ressemblent encore plus... Elles sont sans un gramme de poussière, il n'y a aucun filtre entre ce que je chante et ce que je suis. Ni de la langue, ni du groupe... Il n'y a pas la conquête du monde, il y a juste la conquête de mon monde.



Dans "La différence", tu chantes "Sur mon piano tout sonne vrai". J'ai trouvé que c'était la phrase clé de cet album !
Et aussi "J'aimerais croire en mes histoires". En tout cas, quand ça sonne faux, harmoniquement ça s'entend, mais quand quelqu'un sonne faux... Je n'aime pas l'apparat de l'interprétation. J'ai l'impression qu'on différencie quand on n'écrit pas ses chansons mais qu'on les interprète. Et moi je les raconte ! C'est une légère différence mais ça me définit très bien.

J'ai toujours été très libre
Dans cette chanson, tu dis être toujours dans un "trop plein" ("Je préfère ton trop au pas assez"). Ça résume ta personnalité ?
Il y a de ça en moi, cette forme de radicalité dans le trop, mais on est fait de paradoxes. Par exemple, je suis très timide alors que je pourrais parfois être hystérique. On est fait de cette équidistance rigolote qui fait que la vie change et est changeante. « Je préfère ton trop au pas assez », c'est aussi l'idée de dire que je suis nourrie d'énormément de gens et d'artistes qui sont différents, d'une communauté qui prône la différence, qui twiste la normalité. C'est la normalité du trop. En France, on a la culture de la sobriété, et quand on a quelque chose de flashy, ça attire plus mon oeil.

En écoutant l'album, on y entend des références assez évidentes à Véronique Sanson, Céline Dion ("Recommence-moi") ou France Gall...
Je me le souhaite, je rougis des comparaisons ! Ce sont des influences, mais elles ne sont pas clés. Cependant, quand tu entends et que tu vois ça, c'est l'histoire de la variété française. Et j'adore que tu y vois des références de ce titre. C'est ce que j'aime : d'apporter la "néo-variété", ce caractère nouveau avec un twist des belles heures de la variété française.

Quand on ne rentre pas dans le système, on le change
Tu n'as pas peur d'être prisonnière de tes influences ?
Tu as l'impression de ça ? Non, en vrai je n'ai peur à près de rien. Surtout en musique, c'est bien un endroit où il ne faut pas avoir peur. Tu vois, je ne fais pas de citations, j'y vais sans second degré.

Dans "Chanter le monde", tu dis "J'ai jamais vendu mon nom" : c'est l'idée d'être artistiquement libre ?
Non puisque je l'ai vendu et je l'ai regretté. C'est plutôt le caractère éthique que je m'impose dans une ère complexe et remplie de questionnements. C'est ce qui me définit le plus : je vois beaucoup d'interviews où il y a un grand différentiel entre les réponses et les actes. Et j'essaie vraiment qu'il n'y ait même pas une feuille de calque. C'est une éthique, c'est parfois se faire violence car il y a des raccourcis, notamment dans le féminisme, qui peuvent être des opportunités de business mais je me les refuse car je préfère dormir sur mes deux oreilles plutôt que d'avoir pris un raccourci qui entacherait mon nom.



Il y a beaucoup de ballades sur l'album. C'est plus naturel pour toi ?
Parfois, les ballades sont de fausses ballades. Elles ont un tempo assez rapide. L'album est, je trouve, assez bien construit dans le sens où il y a quand même des flashs de rythme. Ce sont un peu des "up and down", un peu comme le 666 et 999. J'aime bien l'écouter dans cet ordre-là. Ça a d'ailleurs été compliqué de faire le séquençage. Mais rien n'est réfléchi, elles arrivent comme ça. Cependant, l'envie de rajouter un peu de rythme, c'est un choix pour que l'album soit plus équilibré.

Le seul duo de l'album se fait avec Christophe Willem sur "Les larmes ne coulent pas" : c'était une évidence de faire appel à lui ?
On s'est rencontrés et c'est devenu mon copain. Je n'avais pas du tout comme but de faire des duos, et je refusais tout ce qu'on me proposait parce que je voulais me présenter d'abord. Mais c'était une évidence : on s'est rencontrés, on a échangé et je l'ai écrite pour lui et pour nous. Vraiment sur mesure, pour raconter cette amitié naissante. Elle n'aurait pas été écrite si c'était quelqu'un d'autre.

J'aimerais beaucoup écrire pour Céline Dion
Pour quel artiste rêverais-tu d'écrire ?
J'aimerais beaucoup écrire pour Céline Dion. J'en dis qu'une, c'est Céline ! Je suis allée enregistrer "Recommence-moi" dans les mêmes studios qu'elle ! J'ai repéré les lieux, j'ai dit "Céline, je me rappelle, voici ton micro, je t'attends".

Tu pourrais représenter la France à l'Eurovision comme Slimane ? Tu as déjà été approchée ?
Non. (Grand sourire) Tu sais, je suis de Nice, tous les matins je voyais l'horizon donc je garde l'horizon des possibles tout à fait ouvert.

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