Grand Corps Malade

Crédits photo : Bestimage
Interloqués, les passants ont été nombreux à s'arrêter pour la prendre en photo. Mardi soir, la façade de l'Olympia se parait de rouge pour afficher les mots "pas essentiel", contrairement aux noms des vedettes qui s'y produisent habituellement. La formule, empruntée au premier ministre Jean Castex lorsqu'il annonçait la fermeture des rayons culturels durant le confinement, avait fait bondir les acteurs du monde de la culture. « C'est une énorme maladresse. C'est humiliant pour les gens qui créent. Prenez un gars comme moi : la musique a été plus qu'essentielle puisqu'elle a changé ma vie. (...) Les images des rayons bâchés, c'était affreux. Un bon bouquin pour les personnes âgées qui sont seules et ne peuvent pas voir leur famille, on y a pensé ? Alors oui il y a le click and collect, mais l'appellation... J'ai peur que ce label "non-essentiel" reste » s'inquiète dans une interview pour Pure Charts le chanteur Calogero, voix parmi tant d'autres qui réclament du soutien en ces temps de crise sanitaire fatale pour l'industrie du spectacle au sens large. En septembre dernier, le gouvernement annonçait l'instauration d'un plan d'aide de 2 milliards euros en faveur de la culture. Mais à l'heure où les salles restent fermées au moins jusqu'au 7 janvier, difficile d'envisager l'avenir sereinement.

"Je ne voulais pas faire un truc plombant"

Ce "non essentiel" affiché sur la devanture de l'Olympia a en réalité été placardé par Grand Corps Malade pour les besoins du tournage de son nouveau single du même nom. Alors que son album "Mesdames" cartonne avec plus de 100.000 ventes au compteur, le slameur s'engage sur ce titre inédit qui résonne comme un cri du coeur au nom de tous les artistes et intermittents du spectacle, mais pas seulement. « Embrasser quelqu'un, pas essentiel, ouvrir un bouquin, pas essentiel, se promener en forêt, pas essentiel, danser en soirée, pas essentiel » y lance l'artiste au timbre rauque sur le refrain entrainant du titre, davantage pensé comme une célébration de la vie. « Je voulais parler de toutes ces choses qui peuvent paraître non essentielles et qui finalement nous font vivre (...) Je ne voulais pas faire un truc plombant sur "la culture va mal". C'est plutôt une ode à la liberté. À toutes ces petites choses dont nous sommes privés et qui font qu'on se lève le matin » décrypte-t-il au Parisien

Ecoutez "Pas essentiel" de Grand Corps Malade :



En septembre dernier, Grand Corps Malade avait expliqué se sentir « très en colère » face aux décisions prises par le gouvernement concernant la tenue des concerts, soumise à un protocole sanitaire très strict. Les annonces faites par le premier ministre Jean Castex hier soir, qui laissent à nouveau la culture sur le carreau, sonne comme un énième coup de massue. « Forcément, on le prend mal. Je ne veux pas taper sur le gouvernement mais il y a quand même un sentiment d'injustice quand on voit que les transports sont blindés, que les lieux de cultes restent ouverts… Ça commence à faire long. J'ai des amis qui crèvent la dalle et qui se demandent s'ils vont pouvoir continuer leur activité » confie Grand Corps Malade, dépité, en évoquant « beaucoup de frustration » : « Si je fais ce métier, c'est pour pouvoir être sur scène, voir les gens danser. J'ai une tournée prévue en novembre. Maintenant, on commence à avoir des doutes sur tout ».