Corneille

Crédits photo : Fifou
Propos recueillis par Charles Decant.

Tu sortira le 18 mai prochain un album de reprises baptisé "Love & Soul". Tout est dans le titre...
C'est aussi simple que ça. De quoi d'autre on devrait parler à part l'amour ? On n'a que ça.

Et pourquoi faire ce projet-là, maintenant ?
Parce que ça faisait six albums que je composais, j'écrivais, que j'arrangeais moi-même. Je me suis rendu compte que je suis en constante création, même quand je suis sur scène. Il y a toujours un petit peu d'intellectualisation à chaque étape, en promo... J'avais envie de faire plaisir à l'interprète que je suis, de chanter des chansons que je fredonnais quand j'étais gamin. Faire une espèce d'album karaoké.

En quoi ces chansons comme "I Wanna Dance With Somebody" ou "Smooth Operator" sont importantes pour toi ?
Ce sont des chansons que je chantais à ma fille pour l'endormir. Et je ne me rendais pas du tout compte de l'exercice du chant. Je me suis dit : "C'est génial de chanter sans penser à la performance". Moi, le chant ça m'angoisse. Il faut être juste, techniquement mais aussi au niveau des émotions. On est réellement en performance. Je suis toujours en stress quand il s'agit de chanter mes chansons. Il faut qu'on comprenne, que le message passe, et qu'on apprécie car c'est l'expression de ma personne. Tu as toujours l'impression d'être mis à nu alors que là c'est la récréation. Je chante des chansons que tout le monde aime. Le pire qui puisse m'arrive c'est qu'on me dise que Sade chante mieux. (Rires) Oui forcément ! Ce n'est que du plaisir.

Aujourd'hui, décrocher un tube c'est encore le but ultime ?
Plus pour moi... Ce n'est pas réglé à 100% car avoir un tube c'est tant mieux. C'est quand même la base de toucher les gens. Mais quand on parle de tube ça a une connotation un peu négative. Souvent, ça fait un peu "facile". Mais ce n'est pas du tout ça. Un vrai tube c'est un titre qui est parvenu à toucher un maximum de gens. Parfois, c'est une charge émotive très forte, parfois ça touche en légèreté, c'est une autre façon de toucher les gens. Ce que je ne veux plus faire, c'est d'essayer de faire un tube. Ecrire pour les radios c'est impossible. Il n'y a pas de formule.

Regardez le clip "Smooth Operator" de Corneille :



Aujourd'hui, on écrit plus que pour les radios mais aussi et surtout pour Spotify...
Ah oui ? Je ne connaissais pas ça encore... Oui mais non. Déjà Spotify ne me paie pas assez pour que je fasse de la musique pour eux (Rires) J'ai commencé à faire de la musique parce que je voulais exprimer quelque chose de moi par un moyen qui ne soit pas intellectuel. Une façon de dire : "Voilà ce que je suis". Sans filtre, sans vraiment réfléchir. J'étais dans la spontanéité du truc. Et je l'ai un peu perdue avec le temps car ça devient un métier. Et j'ai plus envie... J'ai envie de retrouver cette naïveté. Ce n'est pas simple parce que tu as à faire un appareil qui est bien établi, une industrie. Je pense que le tube me trouvera. Sinon s'il y avait une formule, quelqu'un en aurait fait un livre et tout le monde en ferait. C'est plus compliqué que ça.

Tu penses déjà à la suite ?
Le prochain album ce sera un album de chansons originales. J'ai commencé à écrire. J'ai envie d'écrire des livres aussi. Parce qu'on a un peu plus de place. Je m'en suis rendu compte en écrivant mon autobiographie. Il y a quelque chose dans la musique qui est assez léger... Même quand on parle de sujets assez forts, le message reste peut-être un petit peu moins longtemps. Le livre, on vient le chercher et on le garde. Ça prend au moins une heure pour le lire, et généralement c'est en intimité, on est seul pour lire. Même si nos convictions sont confrontées, on est plus ouvert à les accueillir car il n'y a pas personne pour nous juger. Quand je lis un bouquin, je suis beaucoup plus ouvert. Je me sers de l'écriture pour parler de tolérance. C'est ça la prochaine étape. Je l'ai déjà chanté, je le rechanterai. Je ne cesserai de le faire.

Regardez Corneille chanter "Careless Whisper" :