Christophe Willem

Crédits photo : Purecharts
Il est des chansons comme ça, qui naissent et s'imposent comme une évidence dans une carrière. C'est le cas pour Christophe Willem avec "Jacques a dit", au coeur du nouvel épisode du podcast Face A de Purecharts. Nous sommes en 2007 et sorti victorieux de la "Nouvelle star" face à Miss Dominique, celui que l'on surnomme alors La Tortue prépare alors un premier album qui va s'avérer être un immense succès. "Inventaire", c'est son nom, s'écoulera à plus d'un million d'exemplaires, porté par le tube "Double je", resté numéro un des ventes pendant deux mois. Mais comment enchaîner après un tel carton ? Christophe Willem opère un virage à 180 degrés et mise sur une ballade intime mais puissante, "Jacques a dit". Un titre né sous la plume de Zazie, Jean-Pierre Pilot et Olivier Schulteis.

"Très difficile à chanter"

C'est dans le studio de Jean-Pierre Pilot à Suresnes que Christophe Willem entend "Jacques a dit", première chanson que lui propose l'équipe de Zazie, qu'il compare aujourd'hui à « Dieu » : « Elle me dit "Comme j'imagine que tout le monde doit faire des trucs qui remuent parce que t'es quelqu'un de rigolo, je vais faire un truc un peu posé mais je sais pas si tu vas être à l'aise avec ça" ». Et Christophe Willem est immédiatement halluciné par le côté direct de la chanson : « C'est un chef-d'oeuvre. C'est impossible qu'elle ait pu écrire pour moi un truc pareil. Je n'en revenais pas d'entendre ça. (...) C'est un tube, dans le sens "comment tu veux ne pas être touché par cette chanson" ». Immédiatement, Christophe Willem enregistre une voix témoin pour le morceau mais se rend compte qu'il est « très difficile à chanter » : « C'est ça que m'a beaucoup appris Zazie. J'avais chanté beaucoup de gospel (...) et dans le travail avec Zazie, c'est de la pop très blanche ». En effet, la façon qu'a Christophe Willem de chanter sur le morceau va beaucoup influencer la chanson elle-même et son sens.

"Il y a un rythme inimaginable"

Si Christophe Willem reconnaît le caractère « très difficile » de "Jacques a dit", Zazie a su y mettre les mots justes : « Au-delà d'être une grande artiste, c'est une auteure incroyable. Je pense que toutes les personnes qui écrivent pour les autres sont des fins psychologues, sont des gens tournés vers l'autre pour être vraiment capables de faire quelque chose qui soit de la dentelle, du sur-mesure ». Pour le chanteur aujourd'hui âgé de 41 ans, "Jacques a dit" raconte « les désillusions du jeune ado, pas mal malmené, qui attend désespérément l'âge adulte pour souffler, qui se rend compte qu'en fait, en étant adulte, le con est devenu con, mais il est con et plus vieux ». « C'est la désillusion de se dire que le monde adulte tant attendu qui amènera de l'apaisement n'arrive pas et que l'apaisement doit venir de nous, qui ne viendra pas de l'extérieur » poursuit-il, rattrapé par « le poids des mots en live » : « L'émotion mute en fonction de ce qui se passe dans ma vie ».



Un texte intime mais qui parle au plus grand nombre. Ainsi, la chanson sera numéro un en Belgique francophone et quatrième en France, où elle s'écoule à plus de 115.000 exemplaires. Une nouvelle étape dans le succès fou que rencontre Christophe Willem qui n'a, à l'époque, pas une minute pour souffler : « A ce moment-là, je ne comprends plus du tout ce qui se passe. Je suis porté par l'amour du public. En même temps, c'est ce qui me fait tenir, parce qu'il y a un rythme inimaginable ». Il prend pour exemple des enterrements familiaux auxquels il n'a pas pu se rendre : « Parce que j'étais complètement happé par un truc qui me dépassait ». Mais l'artiste garde de beaux souvenirs de cette époque et de ce single qui l'a touché en plein coeur : « C'est le titre qui m'a le plus marqué, dont je me lasse le moins. Je peux chanter ce titre, on me le demande systématiquement, je ne peux pas me lasser de cette chanson ». Fait rare, Zazie va reprendre "Jacques a dit" sur une de ses tournées : « C'est un truc qu'elle ne fait jamais, mais cette chanson l'a aussi tellement marqué par rapport au texte et à l'histoire qu'elle a eu envie de le faite ». Un « cadeau ultime » pour celui qui dit être devenu « artiste par inadvertance ».