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mercredi 03 décembre 2014 13:06

Christophe Willem en interview : "Musicalement j'étais perdu, et le public aussi"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Après trois ans d'absence, Christophe Willem publie cette semaine son nouvel album "Paraît-il". Souriant et accessible, le chanteur a évoqué sa lassitude de l'électro, son retour aux sources musical, ses collaborations avec Jean-Jacques Goldman, Zazie ou Carla Bruni, le mariage gay, les albums de reprises et un possible disque jazz. Interview.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Comment tu te sens à l'occasion de la sortie de l'album "Paraît-il" ?
Bien. Oui, je me sens bien. Pas trop stressé. Enfin, un peu quand même. L'album a tellement mis du temps ! (Rires) Il était temps qu'il sorte, donc je suis plutôt content.

Et serein ?
Serein... Après tu as toujours des doutes. Tu te dis : "Est-ce que finalement ça a dû être fait comme ça ?". Donc pas forcément serein, mais quand tu fais trop de rétention, tu n'arrives plus du tout à le lâcher.

Le public était un peu perdu et moi aussi
Tu as annoncé un album différent des précédents. J'ai l'impression qu'avec ce disque tu es comme à un tournant de ta carrière, qu'il va être important pour toi. C'est le cas ?
Objectivement, c'est vrai... Déjà, il a mis beaucoup de temps à arriver par rapport à "Prismophonic" et par rapport à l'habitude que j'ai eu d'enchaîner les disques tous les un an et demi, deux ans. Pour celui-là, j'ai vraiment eu besoin de me retrouver. J'avais annoncé avec "Prismophonic" que j'avais été au maximum de ce que je voulais dans cette logique un peu électro. Pour moi, le maximum c'était d'avoir un seul et unique réalisateur sur le disque. Du coup, forcément, je savais que celui-là allait être très attendu parce qu'il fallait trouver un nouveau son, un nouveau "concept". Je savais que ça demanderait du temps, qu'il fallait au bout d'un moment que je m'investisse plus dans l'album. Et en ça il est différent et il marque "un tournant". C'est la première fois que je compose autant et que je réalise.

Tu le vois comment ce disque ?
Sur cet album-là, on retrouve l'éclectisme du premier parce que je me sentais comme un peu frustré sur les autres à devoir trancher dans un seul genre musical. J'ai l'impression que le public était un peu perdu, les médias aussi, et très objectivement moi aussi. Parce qu'en concert, c'était très compliqué pour moi. J'aime les choses extrêmement produites et très très dépouillées. Sur cet album, on retrouve différents genres musicaux.

Quand tu dis que tu t'es un peu perdu, c'est parce que tu étais un peu pris au piège entre l'envie de faire des choses et l'envie de faire ce que le public attendait ?
Honnêtement, je pense que le public attendait depuis longtemps un album qui ressemble à celui-là. Ils étaient en demande de la voix très en avant, alors que moi j'ai fait tout l'inverse. Sur "Caféine", on entendait moins la voix, sur "Prismophonic", on ne l'entendait plus ! (Rires) En fait, je suis un peu monomaniaque. Je me dis parfois que tu as des albums moins "importants" au point de vue médiatique mais qui sont importants pour toi, dans ton cheminement personnel. Mes trois premiers albums ont été fondamentaux pour arriver à celui-là. Je n'ai pas répondu à l'attente du public sur les albums d'avant, c'était vraiment mon envie d'aller au bout d'une démarche artistique. Après, je ne me suis pas perdu moi artistiquement, je pense que je me suis perdu dans la difficulté que j'ai eu à me résoudre d'être qu'un seul et même genre.

Et donc l'équilibre est trouvé sur celui-là...
S'il n'y avait eu que moi, j'aurais mis encore plus de ballades sur l'album ! Mais j'ai dit non. Je n'ai pas 102 ans ! (Rires) Les titres rythmés que j'ai voulu mettre dans l'album, ils sont très choisis, les textes aussi. Ce n'était pas pour faire genre. C'était important qu'il y ait 50% de titres posés et 50% qui bougent plus.

J'en avais marre de l'électro
Tu dis que tu avais "fait le tour" de l'électro. Tu penses que tu as été trop loin, que tu ne pouvais pas faire plus ou c'est juste que tu en avais marre ?
J'en avais marre ! J'ai vraiment aimé "Prismophonic", mais c'est vrai qu'au bout d'un moment, quand je me retrouvais sur scène, à la fin de la tournée, sur certains morceaux, je me trouvais limite trop vieux pour chanter ça. Pas forcément au niveau des textes, mais pour être dans cet univers musical. "Prismophonic" il était très typé, donc toi quand tu évolues, c'est compliqué de te raccrocher par rapport à certains morceaux.

Quand on écoute tes trois derniers albums, on se dit qu'ils sont très différents les uns des autres. C'est parce que tu n'as pas encore tout à fait trouvé ta voie, ton style, ou est-ce parce que tu as envie de multiplier les styles, comme le fait Madonna par exemple ?
C'est vrai que c'est compliqué... Les albums que je fais sont vraiment le reflet de ce que je suis au moment où je les fais. "Inventaire", c'était le tout premier donc j'avais cette envie insatiable de tester plein de trucs, de rencontrer plein de gens, de faire un truc très très mélangé. "Caféine", c'était l'envie pour moi de prouver qu'on peut être Français et avoir des grosses productions. Et j'avais envie de faire quelque chose de radicalement opposé pour ne pas faire de copié-collé. Le troisième, j'étais en Angleterre à ce moment-là et j'aime ce son, cette dynamique de travail qu'ils ont. C'est très carré, tu as un songwriter, une productrice... Ça va très très vite. Sur "Parait-il", il y a Zazie, Jean-Jacques Goldman, Carla Bruni, Frederika Stalh, qui est très importante sur l'album. Et moi qui suis très investi. C'est ce qui fait l'éclectisme de l'album.

Le prochain sera aussi différent ?
Oui ! Quand tu me dis Madonna... Sans être Madonna... J'admire les artistes comme Alicia Keys, Kanye West ou Jessie Ware, qui proposent un truc différent tout en restant eux-mêmes. On verra si cet album sera important niveau succès, mais il est important dans ma carrière. Peut-être qu'il va marquer la suite de quelque chose qui peut-être très différent et en même temps qui garde une cohérence.

Vu tu t'es plus investi sur "Paraît-il", te sentiras-tu responsable aussi de son succès ou de son échec ?
Ah oui, carrément. C'est le truc. Quand tu composes et que tu réalises, là tu te dis que c'est exactement quand tu le pensais. Après, tu as beau travailler avec les meilleurs réalisateurs du monde, il y a un moment où tu ne peux pas dire à quelqu'un : "Écoute t'es gentil, je t'ai choisi pour faire mon disque, mais j'aime pas ce son que tu me mets-là". Tu peux le dire sur certains morceaux mais pas sur tout un album. Là, on s'est pris la tête, c'était un cauchemar. "Le chagrin", il y a eu 30 versions différentes !

Ecoutez "Le chagrin" de Christophe Willem :



Je me suis retrouvé seul face à moi-même
Pourquoi t'être plus investi seulement maintenant ?
Ça correspondait vraiment à mon état d'esprit. Je suis retourné habiter là où j'ai grandi, dans le 95. Je me suis retrouvé seul à un moment donc je me suis retrouvé seul face à moi-même, et j'ai retrouvé mes repères. Ça paraît bizarre mais après "La Nouvelle Star", je suis venu à Paris... Bon, c'est à côté mais ce n'est pas pareil. C'est une énergie différente. Les sons de mes albums étaient beaucoup plus énergiques car ça correspondait à une dynamique, à une manière de vivre. Je me suis retrouvé à vivre dans une maison, en mode feu de cheminée, en mode "je joue du piano en pleine nuit". Le truc impossible quand tu as un appartement ! (Rires) La manière de composer, c'était plus du tout la même chose. Frederika Stalh a vraiment insisté pour que je compose. Au début, je me disais que c'était insurmontable, et je me suis laissé prendre au jeu. Et après, j'ai eu envie d'être encore plus investi.

Tu disais tout à l'heure que tu ne voulais pas d'un album où tu avais l'air d'avoir 102 ans, mais certains textes pourraient être chantés par des personnes plus âgées. Tu y fais souvent un bilan, c'est un album assez pessimiste aussi sur l'amour... C'est ton état d'esprit aujourd'hui ?
(Il réfléchit) C'est vrai que dans une première lecture, il y a un côté... fataliste. C'est pas forcément pessimiste. "La vie est belle", c'est vrai que c'est un titre que je n'aurais pas pu faire avant. Mais oui, pendant ce break... Enfin "break"... Tout le monde fait des breaks, tu as l'impression que tout le monde passe sa vie à faire des breaks. (Rires) Moi, pour le coup, tu ne m'as pas vu pendant longtemps, c'était vraiment un break. Trois ans, c'est long. L'album entier a mis deux ans à se faire. Forcément, tu vis beaucoup de trucs. Moi j'ai grandi sur pas mal de points. Peut-être que la passion s'est éteinte sur ma façon de voir l'amour aussi. Aujourd'hui, je me dis que l'amour c'est pas lisse, que c'est pas parfait. Je n'ai plus ce côté naïf, fleur bleue. Mais ce n'est pas pessimiste car "La vie est belle", bon on est au bout du gouffre, mais à la fin de l'album, il y a un silence, les cordes repartent. C'est la lumière au bout du tunnel, il y a de l'espoir.

Manifester pour s'occuper de qui couche avec qui, là il y a du monde
L'espoir qui revient aussi sur le titre "Allons enfants"...
C'est le seul titre qui est sur la société en général. Les autres c'est plus une vision de la vie à travers le prisme de l'amour. L'amour c'est la façon la plus évidente de parler aux gens de manière directe. L'idée ce n'est pas de donner un cours de philo sur comment la vie se passe... L'idée avec Zazie, c'était de se dire... Aujourd'hui, tu as des sondages sur le moral des Français. Ça me rend ouf ! "Le moral des Français est en berne". Déjà, qui est sondé ? Personne n'est venu me voir pour faire : "Ding dong, est-ce que vous allez bien ou pas ?". Ça m'énerve. Et le truc de se dire tout le temps que c'était mieux avant. Plutôt que d'être dans une mélancolie collective et se dire : "Mon dieu, l'avenir va être atroce"... Je pense que si on arrive à se convaincre que l'avenir est atroce, effectivement il sera atroce.

Positiver...
Oui, avec "Allons enfants", le truc c'est : "On va essayer de croire que les choses peuvent être mieux". Toutes les avancées qu'on a eu dans l'histoire, elles se sont faites parce que les gens ont cru que l'avenir pouvait être meilleur. Se dire en gros, puisque tout est pourri visiblement, on va faire une énorme soirée, on va être juste en mode "on n'en a rien à foutre", et peut-être que cette énergie-là, on va se rendre compte que finalement on peut faire un truc qui est top. Je sais que tu vas me poser des questions sur d'autres titres comme "Unisex"...

Oui...
L'idée là, c'est rassemblons-nous ! Mine de rien, on peut se rassembler très vite. Quand tu vois à quel point les gens peuvent se mobiliser pour des "non-causes" comme le mariage pour tous. Tu te dis, et si cette énergie on la transforme... Ce qui est assez drôle, c'est qu'on manifeste toujours pour des choses extrêmement bizarres. Moi ça me dépasse. Tu ne vois jamais personne manifester contre la faim dans le monde, pour que les guerres s'arrêtent... Ça n'existe pas. Jamais. Par contre, aller manifester pour s'occuper de qui couche avec qui, là il y a du monde.

Toi comment tu as vécu ces débats...
En tant que citoyen ? Sérieusement, ça m'a choqué. Objectivement... L'autre jour, j'ai fait une interview pour « Têtu », et on m'a demandé pourquoi je n'avais pas parlé plus tôt...

Je n'ai pas envie de m'autoproclamer "égérie gay"
C'était une de mes prochaines questions. Aux Etats-Unis, de nombreux artistes ont pris la parole. En France, personne n'a rien dit...
Mais moi, attends, sur Twitter, j'ai balancé ! D'un point de vue citoyen, tous les débats qu'il y a eu, au début, je ne me suis pas senti concerné. Le mariage, ce n'est pas du tout mon truc. J'étais là, je voyais ça comme une loi qui allait se mettre en place, je me disais : "Ok c'est bien". C'est tout. Je n'avais pas d'avis, donc je ne voyais pas pourquoi je m'exprimerais là-dessus, je n'avais pas d'avis. En fait, après ce qui m'a halluciné, c'est quand j'ai vu cet élan de gens qui s'exprimaient - et je suis pour le fait que les gens s'expriment ! Si tu ne les laisses pas s'exprimer, ça attise encore plus la haine et les rancœurs. Mais quand au bout d'un moment, tu vois des gens en tête de file qui attisent les haines, ça me dérange. Mais ce qui me dérange plus, ce sont les médias, et les gros médias, donnent la parole à ces gens-là. Quand tu vois des gens comme Frigide Barjot... Les gens sont amnésiques. On la reçoit comme Sainte Frigide Barjot, elle arrive à t'expliquer ce que sont les bonnes moeurs et la morale, tu te dis, c'est quand même incroyable ! Renseignez-vous juste trois secondes de qui est cette personne. Ça m'a fait halluciné. Après quand tu as la Boutin qui fait de la récupération politique pour exister parce qu'elle est morte au niveau de sa carrière, tu te dis que c'est grotesque. Moi, quand j'ai vu tous ces trucs-là, je me suis dis sincèrement, on est sérieux ? Ce sont ces gens-là qui s'expriment ? Donc là ça a commencé à m'énerver. Moi pourquoi je ne me suis pas exprimé dès le début ? 1. Je n'avais pas d'avis, j'étais neutre. C'est surtout ce qui s'est passé qui m'a fait réagir. 2. Il y a eu beaucoup de gens qui se sont exprimés pour faire de la récupération médiatique. Genre "On est gay-friendly, c'est super !". Je n'ai pas envie de m'autoproclamer "égérie gay"...

J'ai travaillé avec Carla Bruni mais je ne suis pas porte-parole de Sarkozy
Ou porte-parole...
Oui, ou porte-parole de quoi que ce soit. J'ai toujours fait ça, je m'exprime sur les choses qui me tiennent à coeur. Je m'exprime quand j'ai une réelle opinion. C'est comme dans une interview, on m'a demandé de m'exprimer sur les propos de Nicolas Sarkozy et la loi Taubira parce que j'ai travaillé avec Carla Bruni. Alors, déjà, je ne suis pas porte-parole de Sarkozy. J'ai travaillé avec Carla Bruni que j'apprécie beaucoup, j'ai rencontré son mari, je l'apprécie beaucoup parce que c'est quelqu'un de très sympathique. Après, l'aspect politique c'est autre chose. En fait, ce qui s'est passé, c'est que tous les extrêmes se sont rencontrés. Il y a eu trop de débats sur un seul débat. A la base, le seul débat c'est l'adoption de la loi du mariage pour tous. Ce qui est incroyable, c'est qu'il y a des gens qui, à la base, n'étaient pas contre, mais qui sont ligués et qui sont devenus contre l'idée du mariage pour tous parce qu'on a voulu embrayer les choses trop vite. On a voulu aborder le thème de la famille, de l'adoption, de la filiation, ça a mélangé beaucoup de choses... Tu as des gens que je croise, même des fans à moi, qui sont loin d'être homophobes et qui se sont posé eux-mêmes des vraies questions sur cette question-là qui était à la base accessoire. Parce qu'on était dans un truc trop vindicatif, et qu'à un moment donné c'était trop oppressant comme sujet. Du coup, voilà, parfois je pense qu'il faut laisser le temps aux sociétés d'évoluer et qu'on ne peut pas tout demander tout de suite. Pour moi, la loi du mariage pour tous, c'est une évidence, mais laissons le temps à la société d'évoluer. Quand tu vois cette haine qu'il y a eu dans la rue, est-ce que réellement aujourd'hui se poser la question de la filiation et faire porter le chapeau à des enfants qui n'ont rien demandé dans tout ça, et de devenir la tête de turc de toute une masse de la population qui est foncièrement homophobe, est-ce que c'est foncièrement bon ? Je ne dis pas que je suis contre, mais il y a plusieurs débats dans un. Je suis plus dans un truc de "il faut y aller progressivement". Après, l'idée d'abroger une loi, c'est une vraie régression. Tu peux adapter une loi, la faire évoluer... Mais arrêter une loi et faire deux mariages différents, je ne trouve pas ça bon.



Sur le disque, tu parles beaucoup de sexe...
Beaucoup de sexe... (Sourire) C'est ce que tu as noté ! (Rires) Tu as retenu "Adultes addict" !

Et "Nous nus"...
Ah oui, mais c'est plus une image...

C'est charnel, quand même. On est loin de l’ambiguïté un peu naïve de "Double Je".
Ah oui, oui !

Il n'y a pas de public gay ou hétéro, il y a un public
Quand tu vois Christine & the Queens qui joue sur cette question du genre et qui est très populaire, tu te dis que les mentalités ont évolué ?
Dans mon cas, j'ai toujours dit que l'amour c'est une question de personne. Après, les gens il veulent entendre "bi, gay ou hétéro", moi je n'entre pas dans ce débat-là, car c'est ramener une histoire d'amour à du cul. Je trouve ça pour le coup primaire comme réflexion. Après, les gens font ce qu'ils veulent. Moi je ne suis pas du tout voyeuriste, quand j'habitais en appart, savoir avec qui couche mon voisin ou ma voisine, mais je m'en fous royalement ! Quand j'ai vu Christine & the Queens, je trouve ça vachement bien. C'est le discours que j'ai aussi. C'est un non sujet. L'autre jour, on me dit "Oui mais vous ne voulez pas dire clairement les choses". Mais j'ai rien à dire clairement. Pour moi, il n'y a pas de normalité, il n'y a pas d'anormalité. Vu qu'il n'y a pas une manière d'aimer, il n'y a pas de scoop. La musique c'est universel et qui fédère. Je ne veux pas être représentant ou tête de proue d'une communauté. Il n'y a pas de communauté. Il n'y a pas de public gay, de public hétéro, il y a un public.

On va revenir à l'album... L'idée de travailler avec Zazie, ça s'est fait naturellement ?
Ah oui, carrément. Elle n'était pas sur le précédent, je pense aussi que ce n'était pas sa came en termes de son, bien qu'elle ait trouvé certains titres bons dedans, mais je lui ai demandé et elle était en tournée. Mais là c'était important, comme je revenais à un truc qui était un retour aux sources, c'était évident. "La règle du jeu", pour moi, c'est la suite de "Double je" mais on est devenu grands.

"Double Je", c'est un titre très important dans ta carrière. C'est primordial d'en faire encore aujourd'hui des tubes ?
Honnêtement, je ne sais pas. Il y a des titres qui me parlent plus que d'autres sur l'album même si la plupart je les ai faits. Il y a des titres qui me paraissent plus évidents. Mais les avis divergent. "La règle du jeu", je trouve qu'il est fort. Chez Sony, je suis un peu seul à le croire ! (Rires) Ils le trouvent bon mais que c'est pas un tube. Après, c'est super dur... La musique se consomme tellement vite et frénétique. J'ai l'impression qu'on n'a pas vraiment le temps de faire devenir un titre un tube. Stromae, par exemple, je vois qu'il y a un titre d'accroche, mais il y a tellement de titres qui tournent... Moi, c'est "Tous les mêmes" que j'ai vraiment retenu de l'album. Est-ce qu'il y a vraiment eu un tube sur l'album ? Tout est tube en fait. Je ne sais pas si c'est primordial. Après, c'est important s'il y a un titre qui se démarque, qui marque une période au moins.

"Le chagrin" n'a pas l'envergure d'un tube
Le premier single choisi était "Le chagrin" mais finalement vous avez switché sur "L'été en hiver". Pourquoi ? L'accueil n'a pas aussi fort qu'attendu ? La faute aux radios ?
Tout le monde était unanime sur "Le chagrin". Je voulais que ça marque une différence dans le son avec les autres albums. Mais c'était un titre d'ouverture, il n'a pas l'envergure d'un tube dans le sens radiophonique. L'accueil en radio a été super bon mais la majorité nous disait que c'était dur à jouer, car clairement ça te plombe une playlist. C'est compliqué. Après, pas mal de radios ont suivi. Mais c'était évident qu'au moment où l'album sorte, on passe à un autre single. "L'été en hiver" était évident pour montrer que ce n'est pas qu'un album de ballades. Après, il y en a plein qui n'ont rien compris, et moi le premier, pourquoi il y a eu plusieurs extraits diffusés... C'est ma grande question. Mais bon, on m'a dit : "Ça se fait avec les pré-commandes".

Ça peut être déroutant...
Oui, du coup, les gens ne comprennent pas ce qui est un single ou pas. J'aurais aimé que "Faute et plaisir" soit un single, mais puisqu'il a été dévoilé en tant qu'extrait, il n'y a plus de surprise ! Après, ce que j'aime avec "L'été en hiver", c'est que quand tu l'écoutes la première fois, tu te dis : "Bon, c'est sympa". Est-ce qu'on peut dire que le texte est super fort ? Je ne pense pas. Au niveau du son, on n'est pas dans quelque chose d'extrêmement pointu. Mais ce qui est très fort c'est que tu retrouves ma manière de chanter comme dans "Nouvelle Star", un peu roots. Et c'est la première fois que je fais un titre soul et qui sonne vraiment. C'est un titre feel good. Au premier abord, c'est lambda, et j'aime bien car ça évolue au fil des écoutes.

Ecoutez "L'été en hiver" :



Il y a aussi quelques textes de Carla Bruni sur l'album. C'est un peu le grand écart entre toi et elle musicalement. Tu avais envie de surprendre ?
Pas forcément. Ça a beaucoup fait parler mais non... En écoutant la mélodie du "Chagrin", je me suis dit que Carla Bruni pourrait chanter dessus. Après, j'ai eu Jean-Jacques Goldman au téléphone, je lui ai parlé de ce que je faisais, et il m'a dit que Carla Bruni pourrait faire des textes énormes. C'est lui qui a embrayé les choses. Je l'ai contactée et ça s'est fait très vite.

J'imagine que la collaboration avec Jean-Jacques Goldman s'est faite grâce aux Enfoirés...
Oui.

Choisir un titre de Goldman en premier single, c'est opportuniste
On a l'impression aujourd'hui qu'il faut absolument avoir un texte de Jean-Jacques Goldman sur son album quand on est un artiste français. C'est une consécration ?
Alors, je ne veux pas du tout enlever de l'importance à Jean-Jacques, mais j'ai toujours adoré ce qu'il fait, et sur les précédents il n'y avait pas du tout de place parce que ça n'aurait pas mis en valeur son travail. Cet album-là s'y prêtait. Il a écrit six morceaux à la base et j'en ai gardé deux. Et il a fait un texte sur "Nous nus", un texte que j'ai composé. Après le côté consécration... Comment expliquer ? Non... Et la preuve, "Après toi" ou "Viens" ne sont pas les premiers singles. Justement, Jean-Jacques a un côté très clair là-dessus, il ne veut pas être un faire-valoir. Moi je ne suis pas là : "Regardez, j'ai un texte de Jean-Jacques Goldman" !". Pas mal de radios nous ont demandé "Après toi" comme single. Oui, c'est un titre fort, mais est-ce que mettre un titre de Goldman en premier, ce n'est pas un peu opportuniste ? C'était aussi une forme de respect, je ne voulais pas instrumentaliser ça.

Tu me dis avoir refusé des titres qu'il ta proposé. Donc on peut facilement dire non à Jean-Jacques Goldman ?
Ah oui, sans problème ! C'est quelqu'un de tellement simple. Quand je suis arrivé, il m'a dit : "Voilà, j'ai préparé six morceaux, il se peut que tu n'aimes rien du tout car c'est pas forcément grand". Tu te dis : "Mais bien sûr, Jean-Jacques !".(Rires) Mais il n'y a eu aucun souci, il a compris pourquoi je gardais ces deux morceaux en question. Pour moi, la vraie fierté, c'est que Jean-Jacques Goldman a accepté d'écrire un texte sur une de mes mélodies pour "Nous nus". C'est un échange d'artiste à artiste. J'étais ému.

Il y a trop d'albums de reprises !
En parlant de Jean-Jacques Goldman, tu as participé à quelques albums de reprises pendant ton break. Tu ne penses pas qu'il y a une overdose des albums de reprises ?
Ah si ! Il y a trop d'albums de reprises. Après moi ce n'étaient pas vraiment des albums de reprises. C'étaient des projets. "We Love Disney", ça va c'est pas genre "Je chante Charles Trénet". (Rires)

Tu accepterais de chanter si on te demandait de chanter Charles Trénet ou quelqu'un d'autre ?
Hum, ça dépend. Avec parcimonie. "Génération Goldman", j'ai fait le premier, j'étais assez présent, mais le deuxième je n'en ai fait que deux dont un très dépouillé, "Confidentiel". Les choix que j'ai faits, je savais très bien que ce ne seraient pas des singles parce que c'était pas l'envie. Après, je trouve ça prestigieux de collaborer sur quelque chose qui a du sens. "We Love Disney" j'ai fait que le premier, je trouvais ça frais. Une fois c'est drôle, deux fois je trouve ça trop. Avec Jenifer, j'ai repris "Ça balance pas mal" parce que c'est une amie et c'était drôle de se retrouver sur son album. "La bande à Renaud", je n'ai pas fait, un autre est en train de se monter sur autre chose, je n'ai pas fait... Il faut qu'il y ait une logique.

J'ai envie de faire un album de jazz
Et un album de reprises entier par Christophe Willem ?
Si un jour je fais un album de reprises, ça pourrait m'arriver... Mais ce ne serait pas un album premier, ce serait un EP en digital. Par exemple, un album de jazz. En ce moment, j'ai souvent ça en tête. Genre huit titres, complètement jazz, sans aucun but commercial, juste pour kiffer.

J'ai envie de te parler de "X Factor", émission pour laquelle tu as été juré. Si c'était à refaire ?
Bah moi, ça m'a amusé. Aujourd'hui, Maryvette Lair fait les premières parties de Julien Doré. On s'envoie souvent des textos, je vois qu'elle avance dans son truc, je suis content. Quand tu travailles avec des artistes, même s'ils en chient... On en chie tous en tant qu'artistes. Mais quand ils ne sont pas mangés par ce milieu, ça fait toujours plaisir. Après, oui, je le referai mais pas systématiquement. C'est marrant par moments, mais m'enfermer dans un rôle, non.

Elodie Frégé est jurée dans "Nouvelle Star", on aurait pu te retrouver dans le fauteuil toi aussi...
Ah oui, il y aurait du sens.

On te l'a proposé ?
Ah non ! A un moment, j'ai entendu dire que "The Voice" avait peut-être émis l'idée de m'appeler... Je me dis que quand tu as fait "X Factor", même si ça n'a pas marché... Mais après ça n'a pas marché non plus car objectivement M6 n'a pas fait du tout de campagnes de pub, n'a pas communiqué dessus. J'ai l'impression qu'ils faisaient genre : "Excusez-nous de ne pas faire "Nouvelle Star", on fait autre chose, on essaie mais on n'est pas sûrs". Quand tu vois que le format a cartonné dans le monde entier, tu te dis qu'il y a un vrai problème. Simon Cowell, qui à l'origine du concept, est venu en France et a trouvé que c'était la meilleure adaptation du programme... Tu ne comprends pas. Mais quand tu es étiqueté, alors moi "Nouvelle Star" puis "X Factor", c'est compliqué pour un autre télé-crochet de te prendre dans son émission, car tu véhicules tellement de choses différentes. Peut-être qu'on me le proposera plus tard, je ne sais pas mais pour l'instant on ne m'a rien proposé.

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