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Dans les transports en commun, sur le lieu de travail, à la maison et même dans son lit... Alors que les smartphones et tablettes ont envahi notre quotidien, les casques audio et écouteurs sont devenus indispensables. Les chiffres sont parlants : 89% des 15-30 ans en sont adeptes. Si le confort d'écoute offert par ces concentrés de technologie séduit les jeunes générations, leur utilisation de plus en plus intensive a décuplé les risques de perte auditive. Ce sont les conclusions d'une enquête Ipsos commandée par des experts santé dans le cadre de la
12ème Semaine du son, qui aura lieu du 19 au 25 janvier à Paris puis jusqu'au 8 février dans toute la France. «
Quand on est jeune, on a du mal à imaginer qu'on va vieillir, on a besoin de tester ses limites. Écouter de la musique fort, c'est un plaisir, dangereux, mais un plaisir », analyse le docteur Alain Londero, ORL à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris qui a participé à cette étude de comportements.
"Des générations de sourds"
Le risque est réel. Plus des trois quarts des 15-30 ans ont déjà ressenti des bourdonnements ou sifflements dans les oreilles (acouphènes) voire une perte d'audition à la suite d'une forte exposition sonore. Selon les résultats de l'analyse, dix pour cent des jeunes ne baissent jamais le volume et 61% d'entre eux s'endorment avec de la musique. «
Le son, c'est une pression. Plus le casque est obstructif, plus les oreillettes bouchent le conduit, moins il y a de possibilité pour le son de s'échapper. Toute l'énergie est concentrée sur le tympan. Si l'acouphène dure plus de quelques jours, il est très probable qu'il persiste pour toujours », alerte le Dr Londero. Le spécialiste préconise un usage modéré avec des pauses entre les expositions, comme un concert ou une virée en boîte de nuit. «
Si on commence à abîmer son système auditif à 18 ans, vers 85 ou 90 ans, on a, en plus, le vieillissement naturel. On prépare des générations de sourds» », prévient-il.
Une réglementation pour les casques et les concerts ?
La problématique est prise très au sérieux par le gouvernement. «
La limitation du niveau sonore des casques et des salles de concerts est à l'étude pour prévenir les troubles auditifs », annonce ce matin la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur BFMTV. Un projet de loi qui doit être étudié en avril, mais qui ne vise pas à «
interdire d'écouter de la musique » précise la ministre. «
On a l'impression que ça se ramène systématiquement à des interdictions. Il faut à la fois éduquer, il faut former et il faut encadrer, prendre des règles pour le matériel », ajoute-elle.