lundi 29 mai 2023 13:40

Loïc Nottet en interview : "J'ai revécu des moments douloureux en écrivant cet album"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Loïc Nottet enclenche un virage plus urbain sur son troisième album "Addictocrate", disponible depuis vendredi dans les bacs. Au micro de Purecharts, le chanteur belge s'ouvre avec beaucoup de sincérité sur son passé, son sentiment d'avoir été toujours "à part" et la santé mentale des artistes, encore souvent négligée.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Te voici prêt à défendre ton troisième album. Peux-tu m'expliquer le concept derrière ce mot, ''Addictocrate'' ?
Pour composer ce disque, j'ai fait un gros travail d'introspection et je me suis rendu compte de deux choses. Déjà, je suis un éternel insatisfait. (Sourire) Je le savais déjà mais j'ignorais que ça pouvait me faire autant de mal, de ne jamais réussir à être pleinement fier de ce que j'accomplis. Cet album, j'en suis extrêmement fier et c'est une première dans ma vie ! Je suis très content. Mais, j'ai toujours des petites pensées du genre "J'aurais pu faire ça comme ça". C'est un peu fatigant... A côté de ça, j'ai réalisé qu'on vivait dans une société remplie d'addictions, et pas seulement la drogue ou l'alcool. La cyberaddiction par exemple, ça nous parle tous. On est tous addict à nos téléphones ou internet. Je trouvais qu'il y avait une corrélation entre cette dépendance et cette insuffisance perpétuelle, le fait que je ne sois jamais content de moi. Elle résume bien le projet pour lequel j'ai, en plus, tout de suite imaginé un visuel avec des dorures, du velours rouge, du théâtre, des opéras... Aristocrate, addictocrate, ça se goupillait bien.

Je suis un éternel insatisfait
[Ton premier titre interprété en français, ''Mr/Mme'', a rencontré un bel accueil et été certifié single d'or en France. Ça t'a conforté pour la suite, pour cet album qui est intégralement chanté en français ?
À fond ! C'est drôle, j'ai l'impression que ma musique a toujours une longueur d'avance sur moi. Quand j'ai décidé d'inclure "Mr/Mme" sur mon précédent album "Sillygomania", c'est comme si mon inconscient m'avait dit "Tu ne le sais pas encore, mais ton prochain album va être en français". Cette chanson a été une porte d'entrée. J'avais très très peur de partager des pensées aussi intimes et de faire sonner ma voix en français. Au final, les gens ont très bien accueilli ce titre et ça a été comme un déclic pour me dire "Je ne sais pas si je suis prêt mais je me sens prêt à y aller".

Écrire en français, c'est se passer de filtres ?
C'est une sensation très différente de l'anglais, c'est sûr. C'est comme si tu enlevais un voile et que tu disais directement ce que tu as sur le coeur. Evidemment, ça te touche beaucoup plus puisque c'est ta langue maternelle, tu emploies des mots qui te sont familiers. J'étais peut-être un peu trop pudique à l'époque pour oser.



En termes d'écriture et de musicalité, passer de l'anglais au français a été facile ?
Déjà, je savais que je ne voulais pas poser ma voix de la même manière. Je tenais vraiment à apporter une couleur vocale plus grave dans ce projet. Le français est une langue très agréable et très jolie à écouter quand tu proposes une interprétation posée, plutôt que quand tu montes dans des aigus - même si c'est mon avis personnel. Pour y parvenir, j'ai dû me nourrir d'artistes francophones parce que je n'en écoutais pas du tout. J'ai dû apprendre à faire sonner les mots différemment. Il y a une vraie manière d'écrire en français qui n'est pas du tout la même qu'en anglais, parce qu'il s'agit de deux pop distinctes, qui n'apportent pas les mêmes éléments et intentions.

J'ai revécu des moments douloureux en écrivant cet album
Quels sont les artistes que tu as découverts durant tes recherches ?
Comme toute la France et toute la Belgique, j'ai écouté l'album "Civilisation" d'Orelsan. (Rires) Je me suis intéressé un peu plus à sa discographie, à celle de Lomepal aussi. Je me suis mis à réécouter du Christine and the Queens, parce que c'est un artiste que j'aimais beaucoup, notamment son premier album. Je me suis inspiré aussi d'Eddy de Pretto. Ce sont tous des artistes que j'aime parce qu'ils disent ce qu'ils pensent, de manière frontale pour certains, plus poétiques pour d'autres. En découvrant leurs chansons, je me suis demandé : quel genre d'écriture je veux proposer ? Quelque chose de romanesque, quelque chose de beaucoup plus direct ? Ça a l'été l'une des grosses interrogations de cet album.

Et comment as-tu tranché ?
En testant, pour voir ce qui passait le mieux !

L'album débute par l'évocation de ton adolescence sur ''Danser''. Tu chantes avoir été ''insulté'', ''cogné'', ''lacéré''... Tu parles de harcèlement. Enregistrer ce titre t'a-t-il fait revivre des mauvais souvenirs ?
C'est un album très personnel qui m'a parfois plongé dans des bad moods. J'ai revécu des moments douloureux, j'ai repensé à certaines choses. J'ai appris beaucoup sur moi. Je me suis rendu compte que le temps avançait, que j'ai grandi, changé, évolué. Il y a eu un gros travail qui parfois m'a fait beaucoup de bien et parfois un peu mal. C'est la raison pour laquelle je suis fier de ce projet, parce qu'il m'a demandé beaucoup d'énergie. Je l'ai un peu vécu comme une thérapie, comme c'est le cas pour d'autres artistes. Je me sens plus léger car aujourd'hui, il existe.

J'ai tiré des leçons de mon passé
Tu as fait la paix avec ce que tu as traversé ?
Complètement. Ça fait longtemps, en réalité. Je ne pense même pas avoir déjà ressenti de la haine pour les personnes qui m'en ont fait baver. Je suis beaucoup plus conciliant aujourd'hui. Je le constate avec mes parents par exemple, qui sont d'une génération différente. On a évolué dans des sociétés différentes. Le monde change très vite aujourd'hui et il y a des personnes qui ont du mal avec ce changement, non pas parce qu'ils ne l'aiment pas mais parce que tout va très vite. Mine de rien, mes parents ont beaucoup évolué dans leurs mentalités par rapport au travail, à l'amour, peu importe. Même si ça prend du temps, ils font l'effort. Alors peut-être que les gens qui m'ont harcelé avaient besoin de passer par là pour se trouver un jour, j'en sais rien. Je ne suis pas dans une revendication de haine. Par contre, j'avais besoin de le dire en chanson parce qu'il y a peut-être d'autres personnes qui sont dans le même cas. Le harcèlement scolaire, c'est le pire moment dans ta vie où on peut te déstabiliser en tant qu'être humain, parce que c'est là où tout se construit. Il ne faut pas minimiser son impact. Seulement, ce n'est pas parce que tu vis ça que tu ne pourras pas te construire quand même et être même deux fois plus fort. C'est une leçon que j'ai tirée et je me suis dit qu'elle pourrait peut-être servir à d'autres.



Tu t'es toujours senti à part ?
Oui. Et encore aujourd'hui... J'ai une vie chanceuse. Je me réveille et je fais de la musique, et si j'en ai pas envie, je peux me permettre de voyager pour m'inspirer par exemple. Et ça, je sais que c'est une chance immense que peu de gens ont. A côté de ça, ce métier me permet de vivre dans mon monde pleinement au quotidien. Par conséquent, je m'éloigne parfois très très fort de la réalité. Pas au niveau des valeurs humaines ou du respect, mais plus des pensées. Il m'arrive de partir dans des trucs et de me dire "Je ne pourrais jamais voler de ma vie parce que c'est impossible" ou "Je ne verrais jamais un dragon en sortant de chez moi parce que ça n'existe pas". Ce sont des réflexions enfantines et extrêmes comme ça qui m'habitent de plus en plus. Je m'enferme dans mon monde bien à moi, dans ma tanière à la maison... Autant je suis très fier d'être moi, autant il y a des moments où ça me ferait plaisir d'avoir un quotidien un peu plus "normal", si on considère que ce mot a du sens. Petit, je ressentais ça fort mais ça me dérangeait moins. Quand tu es enfant, tu te poses moins de questions.

Je puise dans mon originalité pour créer
C'est presque paradoxal avec le métier d'artiste, où tu dois aller vers les autres, t'ouvrir aux autres même.
J'ai une personnalité très paradoxale. (Rires) Ce n'est jamais gris, c'est toujours blanc, noir mais jamais au milieu. Parfois je dis des choses qui pour moi font sens mais pas pour les autres. Par exemple un truc, plus j'aime les gens, moins j'ai d'attention pour eux. Enfin, disons qu'il y a une pudeur qui s'installe et je vais avoir plus de mal à leur parler, leur dire que je les aime, les enlacer alors qu'avec des gens que je connais un peu moins, j'aurais peut-être plus de facilité à le faire.

Finalement, cette unicité, c'est devenu ta force...
Complètement. Je puise dans mon originalité pour créer de nouvelles choses et m'adresser aux autres à travers la musique, des livres ou des histoires. Ça m'aide, dans un sens.

Sur cet album, tu as travaillé avec Prinzly, producteur de musiques urbaines ayant collaboré avec Hamza ou Damso. Sur le papier, c'est une association étonnante. Pourquoi lui, pourquoi maintenant ?
Je suis arrivé à un stade de ma vie où j'ai beaucoup plus de facilité à déléguer. Autant je me fichais d'être à part quand j'étais petit, autant je me rends compte que ça a développé chez moi des difficultés. Du genre, quand j'entre dans une pièce où il y a plein de personnes que je ne connais pas, je vais aller dire bonjour et je vais me mettre dans mon coin. Ce n'est pas que je ne veux pas parler aux gens, c'est parce que j'ai peur de ne pas intéresser les gens, de ne pas dire des choses qui soient suffisamment intéressantes pour avoir une discussion. J'ai toujours peur de déranger. Pour cet album, je me suis senti prêt à m'ouvrir à d'autres univers, à d'autres artistes. Et donc on a cherché des producteurs et avec Prinzly, on a testé aux studios ICP si l'alchimie fonctionnait bien. C'était hyper facile, très fluide. Il n'y avait pas de retenue, c'était très sain, très chill. Il a compris directement là où je voulais aller et quand il y avait un son qui dérapait un peu et que je n'aimais pas trop, je le disais. Prinzly n'a pas cet ego de mal prendre les remarques. C'est tellement agréable quand ça se passe comme ça ! L'art est subjectif : tout le monde peut avoir raison. Quand ça te concerne et que c'est ton projet, on parle de ressentis et c'est important d'avoir quelqu'un à ton écoute qui ne prend pas la mouche.

Amener de l'urbain, c'est un parti pris
Qu'a-t-il apporté à ta musique ?
Je tenais vraiment dans ce projet à mélanger le côté classique, pour la danse qui m'a apporté cette sensibilité, et le côté urbain. Comme je ne suis pas un artiste hip-hop, j'avais besoin d'être entouré par des gens dont c'était la spécialité. Je voulais être crédible, proposer un projet à la fois hybride et solide, et j'ai eu l'humilité de me dire que ce n'était pas mon domaine. Quand je vois des gars comme Prinzly s'enjailler sur mes sons, je suis hyper content ! (Rires)

J'ai l'impression que ces sonorités pop urbaines, très présentes sur les titres "Monnaie et "Con", sont aussi l'écrin pour une écriture plus directe, plus à vif.
C'est le cas ! Quand j'ai décidé que j'allais faire ce disque en français, je savais que je voulais renaître. Je voulais proposer quelque chose de nouveau et que les personnes qui me connaissent déjà soient surprises en écoutant cet album. Dans le bon sens du terme, si possible. (Sourire) En tout cas, c'est un parti pris. Je me suis dit : "Allez go, tu vas utiliser plus de mots, avoir un autre flow, un autre phrasé". Dans le titre "Con", ça se ressent très très fort : c'est vraiment comme si je gerbais tout ce que je ressentais et avais au fond en moi. Comme si on te lançait au milieu d'un groupe et qu'on te lançait : "Vas-y, crache ce que tu as à dire".




On sent aussi une volonté de s'ouvrir à des chansons plus uptempo et dansantes, comme ''Mis à mort''. Tu en avais un peu marre de cette image de ''chanteur à ballades'' ?
Ah mais de ouf ! Complètement. J'adore les ballades, mon Dieu j'adore les chansons tristes et intenses, wow, c'est ma vie. Je sais que les gens préfèrent quand je chante avec des envolées, des chansons qui viennent directement du coeur. Seulement, sur scène, je ne me vois pas chanter des chansons tristes pendant une heure et demi. J'ai envie de montrer que je suis danseur et d'offrir un show ! J'ai envie que les gens dansent, pleurent, rigolent, s'amusent, que ce soit très diversifié. Du coup, c'était inévitable pour moi de proposer des titres qui permettent ce genre de tableaux sur scène. C'était un challenge.

J'ai voulu me bâtir mon propre monde
Est-ce qu'on peut voir un lien entre cet album et ton premier roman ''Les aveuglés : le Palais des murmures'', paru en février ?
Il y aura forcément un lien dans la saga. Dans le premier tome, on reconnaît l'univers de "Selfocracy" de par les décors, la thématique, les miroirs, Narcisse etc. Pour la suite, j'entrevois déjà quelque chose ressemblant davantage à "Sillygomania", il y a une corrélation qui s'installe avec cette prédominance de la couleur blanche. Donc j'ai l'impression que si je vais jusqu'au tome 3, "Addictocrate" existera d'une manière ou d'une autre.

En quoi c'est différent d'écrire une chanson d'un roman ?
Pour mon roman, j'avais envie de me créer mon monde à moi donc j'ai pris le temps de le construire, il m'a fallu plus ou moins cinq ans pour écrire les personnages, les règles de cet univers. C'est beaucoup plus profond. Quand tu écris une musique, tu sais que ton temps est limité et donc qu'il faut être concis. Ce sont limite des mots-clés, une chanson ! Ce sont vraiment deux manières très différentes de pratiquer l'écriture. Mais attention, écrire une chanson ce n'est pas facile pour autant.

La suite arrive bientôt ?
On commence à bosser sur le tome 2 ! Je vais aller présenter mon plan aux équipes de l'édition et nous allons voir ensemble les modifications qu'on peut apporter pour rendre le livre encore meilleur.

Le chanteur suisse Gjon's Tears se dit partant pour revenir à l'Eurovision. Si l'option était mise sur la table, si la délégation belge venait te proposer de représenter à nouveau le pays, que dirais-tu ?
Hummm, ils seraient contents, je pense, si je disais oui ! Mais non... En fait, une fois que j'ai fait les choses et que je les ai vécues, parce qu'on a fini 4ème donc en plus il y a un record à battre, c'est assez compliqué. Je ne sais pas si je réussirais à aller au delà de cette place, déjà je ne sais même pas si j'arriverais à revenir dans le top 10 ! C'est quand même beaucoup de risques. J'ai vécu l'expérience d'une manière très intense, je ne regrette absolument pas. Si c'était à refaire, je prendrais les mêmes décisions que j'ai prises dans le passé. Comme pour "Danse avec les stars" ! Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, non. J'ai plus envie de me concentrer sur mon projet perso, mon livre et ma musique.

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Pour les artistes, le métier ne s'arrête jamais
Tu as récemment pris la parole pour parler du burn out, un sujet sur lequel de plus en plus voix se font entendre. Tu as l'impression qu'on minimise la santé mentale des artistes dans l'industrie de la musique ?
Sincèrement, je pense. C'est un métier où tu es toujours en situation stressante, il y a toujours des enjeux importants. Aujourd'hui en plus, ça ne s'arrête jamais ! A l'époque, on pouvait juste faire de la musique, un bon album et ça suffisait. De nos jours, il faut devenir créateur de contenus, être sur les réseaux sociaux, trouver des choses à dire, trouver des choses à faire, et au final, ça devient un cycle perpétuel. Si tu négliges les réseaux sociaux, tu tombes dans l'oubli parce que tout passe par là. C'est une profession qui s'est ajoutée parce que oui, être créateur de contenus, c'est un métier. Tous les artistes ne sont pas forcément compétents pour le faire. Je trouve ça dommage que certains projets excellents soient éclipsés par rapport à cette façon de communiquer. Ça a du pour, du contre, comme dans tout, mais ça ne fait qu'ajouter. Dans mon cas, je suis leader de mon propre projet : si je m'arrête de réfléchir à tous les plans, mon projet s'éteint. Je n'ai personne au dessus de moi qui va me tirer. Parfois, c'est épuisant de pouvoir ne compter que sur soi. Je pense que c'est pour la raison pour laquelle il y a de plus en plus de craquage : c'est trop, ça va trop vite et on en demande beaucoup trop aux artistes. Surtout que les gens sont de plus en plus demandeurs, et veulent de plus en plus être dans ta vie privée aussi. On a tous besoin de notre jardin secret et de souffler un peu. Un jour tu t'épuises et tu te rends compte que ton corps te dit non. Même avec la meilleure volonté du monde, ça m'est déjà arrivé d'abandonner. En plus, je viens d'une famille ouvrière avec des gens très courageux qui ont vécu beaucoup de choses difficiles, qui se sont levés très tôt toute leur vie pour effectuer des travaux physiques. Je suis toujours un peu gêné par rapport à eux parce que j'ai l'impression que moi, je ne peux pas être fatigué parce que c'est "que" dans la tête. C'est même très difficile à expliquer, parfois...

Comment on fait pour se préserver de ça ?
Moi, je suis un addict au travail. Alors je continue à créer parce que ça me fait du bien, ça me décharge. C'est mon métier, je veux que ma musique soit exposée au plus grand nombre alors j'en fais encore et encore. Je ne peux pas m'en empêcher ! Même si je sais que ce n'est pas la meilleure solution pour mon mental, je continue de me lancer dans de nouveaux projets. Qu'est-ce que je ferais de ma vie, sinon ? Pour moi, l'art c'est tout. Je n'arrive pas à concevoir que ça puisse me faire du mal... Et pourtant, j'ai conscience que je mets tout sous un tapis et qu'un jour, ça va me revenir dans la gueule. Mais ça va ! Je m'en sors bien pour l'instant. (Rires)

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