Crédits photo : Bestimage
Ils étaient tous présents, ou presque, pour cette échéance historique.
La première édition des Flammes, cérémonie visant à récompenser le monde du rap et des cultures populaires, se tenait dans la soirée du jeudi 11 mai au Théâtre du Châtelet, à Paris. Organisée par les médias spécialisés Booska-p et Yard, et soutenu par la plateforme de streaming Spotify, la soirée était particulièrement attendue par le milieu, trop souvent délaissé lors des autres cérémonies officielles,
à commencer par les Victoires de la Musique qui ont essuyé de nombreuses critiques depuis la disparition des catégories de genre.
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Nombre de stars se sont rendues à l'événement, qui était diffusé sur W9 (et est disponible à la demande sur 6play) et sur Twitch par le biais du compte du streamer Maxime Biaggi, qui a animé un live décadent tout au long de la soirée avec plus de 60.000 spectateurs. Sur le tapis rouge, on a ainsi pu apercevoir Aya Nakamura, Zola, Hamza, Damso,
Orelsan ou encore SCH, pour ne citer qu'eux, en compagnie de pionniers du rap français et d'acteurs de l'ombre de l'industrie musicale (compositeurs, producteurs, labels, etc). Après un petit temps d'attente pour que les invités s'installent, la cérémonie s'est ouverte par un discours de l'humoriste Fary, qui n'a pas failli à sa réputation. Fadily Camara et Driver, voix historique de la scène rap tricolore, se sont chargés d'animer une cérémonie dense et riche en surprises.
Le triomphe de Tiakola et Gazo
Au total,
21 trophées étaient remis pour cette première édition. Tiakola, fort
du succès de son premier album "Mélo" écoulé à 230.000 exemplaires, en a gagné trois (Album nouvelle pop de l'année remis par Christine and the Queens, Morceau R&B de l'année et Morceau afro ou d'inspiration afro de l'année), tandis que Gazo, grâce au carton de
"KMT", s'est emparé des très convoitées Flamme de l'Artiste masculin de l'année et Flamme Spotify de l'album de l'année. Aya Nakamura est elle devenue l'Artiste féminine de l'année, bien qu'elle n'était plus là au moment de recevoir sa récompense et se soit inclinée dans la catégorie Morceau caribéen ou d'inspiration caribéenne de l'année avec
"Dégaine" en featuring avec Damso, au profit de Kalash ("Laptop" en featuring avec Maureen), qui venait de faire le show quelques minutes plus tôt avec un medley de ses meilleurs morceaux. Ronisia, qui a démontré l'étendue de son talent avec sa sublime voix, a été couronnée Révélation féminine de l'année, tandis que c'est Werenoi l'a remporté chez les hommes, offrant au passage un discours pour le moins expéditif. Le Featuring de l'année est revenu à un taulier du rap français,
Disiz, pour sa collaboration avec Damso sur le hit "Rencontre". Dinos a lui mis la main sur la Flamme de l'Album rap de l'année avec
"Hiver à Paris" et s'est fendu d'une prestation émouvante, ponctuée de quelques notes d'humour. Tarik Azzouz, qui a collaboré avec des poids lourds de la scène américaine comme DJ Khaled ou Denzel Curry, a été nommé Compositeur de l'année.
Josman, malheureusement absent, a lui aussi mis la main sur deux Flammes, celle du Morceau de l'année pour "Intro" et celle de la Meilleure pochette pour
son album "M. A. N. (Black Roses & Lost Feelings)". La Meilleure performance rap est revenue à Dosseh, pour son titre très touchant "Djamel", qui retrace l'histoire d'un homme décédé lors des attentats du 13 novembre 2015 survenus à Paris. SCH a remis une Flamme éternelle à un autre rappeur marseillais, Le Rat Luciano, membre du groupe culte Fonky Family et toujours actif aujourd'hui - bien que parfois mésestimé par le public, tandis qu'une Flamme exceptionnelle a été décernée au chanteur congolais Fally Ipupa par Dadju. Deux symboles très forts. Tout comme la performance de Mac Tyer, moitié de Tandem, qui a interprété l'immense classique du rap français qu'est "93 Hardcore". Dans le théâtre du Châtelet, ce véritable hymne de la scène française a pris une tout autre dimension.
Shay époustouflante
Du côté des prestations, on retiendra celle de Gazo et Damso, qui ont dévoilé un titre inédit baptisé "La rue" disponible depuis ce matin sur les plateformes de streaming. Mais aussi celle de Kerchak et Ziak, princes de la drill, qui ont installé une ambiance sombre avec le bien nommé morceau "Peur". Si Meryl a ambiancé la salle avec "Jack Sparrow", Prince Waly et Enchantée Julia ont fait étalage de leur romantisme avec "Cra$h". SDM, malheureusement reparti bredouille, a toutefois joué le jeu et chanté ses titres à succès que sont "Hier encore" et
"Bolide allemand", tandis que Monsieur Nov a prouvé qu'il n'était pas le futur du R&B pour rien. Mais la meilleure performance de la soirée revient définitivement à Shay, qui a assuré un spectacle époustouflant bien qu'elle se fasse rare sur scène, aidée par une scénographie exceptionnelle, avec
"Jolie Go" et un titre là aussi inédit, "Commando". La soirée s'est conclue avec les deux grands vainqueurs du soir, Gazo et Tiakola, qui ont interprété durant une quinzaine de minutes les plus gros tubes de leur jeune carrière respective. Et malgré des moments de flottement et quelques longueurs - l'ambiance s'est débridée au long de la cérémonie, l'essentiel était ailleurs. Cette première édition des Flammes s'est finalement révélée particulièrement aboutie, et surtout salvatrice pour tout un pan de la musique française.
Le palmarès complet des Flammes 2023
Compositeur de l'année : Tarik Azzouz
Featuring de l'année : "Rencontre",
Disiz feat Damso
Révélation féminine de l'année : Ronisia
Révélation masculine de l'année : Werenoi
Flamme éternelle : Le Rat Luciano
Meilleure performance rap : "Djamel", Dosseh
Album nouvelle pop de l'année : "Mélo", Tiakola
Meilleure stratégie de lancement de l'année : Bigflo et Oli pour "Les autres c'est nous"
Label indépendant de l'année : SPKTAQLR
Label de l'année : Epic Records
Pochette d'album de l'année : "M. A. N. (Black Roses & Lost Feelings)"
Concert de l'année : Laylow à l'Accor Arena
Morceau caribéen ou d'inspiration caribéenne de l'année : "Laptop", Kalash feat Maureen
Morceau RnB de l'année : "Atasanté", Tiakola feat Hamza
Morceau afro ou d'inspiration afro de l'année : "Soza", Tiakola
Flamme exceptionnelle : Fally Ipupa
Morceau de l'année : "Intro", Josman
Album rap de l'année : "Hiver à Paris", Dinos
Artiste masculin de l'année : Gazo
Artiste féminine de l'année : Aya Nakamura
Flamme Spotify de l'Album de l'année : Gazo