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Orelsan, Clara Luciani, Juliette Armanet et le groupe Feu! Chatterton arrivent en tête des
nominations pour les Victoires de la Musique 2022, dont la cérémonie sera retransmise en direct sur France 2 le vendredi 11 février prochain depuis la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt. Si la liste suscite comme chaque année son lot de commentaires, notamment sur le manque de visibilité des artistes issus de genres musicaux moins "grand public" comme les musiques du monde ou électroniques, une question se fait de plus en plus entendre concernant la distinction, dans certaines catégories, entre les artistes masculins et les artistes féminines. Sur son compte Twitter,
l'artiste trans et non binaire Yanis, autrefois connue sous le nom de Sliimy, s'interroge. «
J'ai été nommée aux Victoires en 2010 et aujourd'hui en tant que personne trans et artiste, je me demande dans quelles catégories les Victoires me mettraient. Il est temps de supprimer le genre des catégories, cette vision binaire est périmée ! » estime l'interprète de
"Solo", dont la voix se fait l'écho d'un débat dont les pays étrangers se sont déjà emparés.
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Les BRIT Awards sautent le pas
Pour la première fois depuis la création des BRIT Awards en 1977, les artistes seront
récompensés sans distinction de genre lors de la prochaine édition de l'événement,
qui se tiendra le 8 février à Londres, trois jours avant les Victoires de la Musique. Une décision prise dans l'optique de «
faire évoluer la cérémonie pour la rendre aussi inclusive et pertinente que possible », à l'instar des MTV Movie Awards qui avaient adopté la même résolution il y a cinq ans. «
C'est important que les BRITs continuent à évoluer dans le but d'être le plus inclusif possible. C'est le moment parfait pour célébrer les artistes uniquement pour leur musique et leur travail, quel que soit leur genre ou comment ils s'identifient » atteste Tom March, le co-président de Polydor et président des BRIT Awards 2022. De ce fait, deux nouvelles catégories verront le jour : celles de l'Artiste (britannique) de l'année et celle de l'Artiste international.e de l'année.
"La musique a toujours été une question d'union"
Un pas en avant pour mieux refléter l'air du temps dont l'origine remonte à l'édition précédente, lorsque Sam Smith avait été exclu.e des catégories genrées puisqu'iel se définit comme non-binaire depuis 2019. L'interprète de
"Diamonds", sacré.e à trois reprises aux BRIT Awards depuis le début de sa carrière, avait alors pris la parole sur Instagram : «
La musique a toujours été pour moi une question d'union et non de division. J'attends avec impatience l'heure où les cérémonies de remises de prix pourront refléter la société dans laquelle nous vivons. Célébrons tout le monde, sans tenir compte du genre, des origines, de l'âge, d'un handicap, de la sexualité ou de la classe sociale ». La réponse de la British Phonographic Industry, qui produit la cérémonie, avait été claire et limpide : «
Nous sommes d'accord avec Sam. Si un changement conduit involontairement à moins d'inclusion, il risque d'être contre-productif pour la diversité et l'égalité. Nous devons consulter plus largement avant que des changements ne soient apportés pour nous assurer de bien faire les choses ». Un an plus tard, les changements réclamés ont donc été apportés.
Le problème de la représentation des femmes
La France pourrait-elle suivre le pas ? La question a justement été posée durant la conférence de presse durant laquelle ont été dévoilées la liste des nommés aux Victoires de la Musique 2022, qui a eu lieu au Divan du Monde à Paris. Pour Stéphane Espinosa, président des Victoires de la Musique, le sujet amène d'autres problématiques. «
On regarde ce qu'il se passe à l'étranger. Moi je pense que c'est bien de continuer comme on le fait aujourd'hui. C'est important qu'il y ait des catégories féminines parce qu'il y a un combat, pour moi, essentiel [à mener]. Je ne me souviens plus du chiffre exact mais il y a beaucoup, beaucoup plus d'hommes nommés que de femmes. Le principal combat est d'avoir de plus en plus de productions féminines et on va aussi essayer de s'y employer » a-t-il répondu devant le parterre de journalistes. L'an dernier,
l'absence totale d'artistes féminines dans la catégorie, mixte, de l'Album de l'année avait fait grincer des dents. «
Pour moi, ce n'est pas un bon procès. La vitrine de l'année, c'est la vitrine de l'année et toutes les années sont différentes, aussi bien pour la diversité que pour la parité » avait alors répondu à Pure Charts Virginie Petit, la directrice artistique des Victoires de la Musique.