Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Retour en arrière avec huit albums qui ont marqué l'année 1989. A cette époque, Madonna, Francis Cabrel, Prince ou Janet Jackson squattaient le haut des charts. Pure Charts vous propose une rétrospective de ces disques, entrés dans la légende.
Crédits photo : Montage Pure Charts
Madonna - "Like a Prayer"
Il n'a fallu que quelques années pour que Madonna se transforme en icône de la décennie. Pourtant, après trois gros cartons pop, la Material Girl veut désormais passer un cap et préparer le fameux "album de la maturité". Suite à une série d'échecs (le film "Who's That Girl", la pièce de théâtre "Speed the Plot", son mariage avec Sean Penn), la Madone compte bien se remettre sur pied en musique (avec son lot de scandales). Ce sera avec "Like a Prayer". En mars 1989, c'est avec une bombe à retardement entre les mains que Madonna dévoile au grand public le morceau-titre. Tandis que les paroles évoquent sexe et religion, la chanteuse choque avec son clip où se mêlent croix en feu et Saint noir. Le lendemain de la diffusion mondiale de la vidéo, le scandale est mondial : l'Eglise appelle au Boycott et Pepsi annule son contrat avec la star. Malgré la polémique, Madonna signe là un des albums préférés des fans. Si "Love Song", le duo pourtant événementiel avec Prince ne marque pas les esprits, la chanteuse signe quelques singles marquants ("Express Yourself", "Cherish") et d'autres pépites ("Keep It Together") qui marquent un nouveau style pop, alors que 1990 pointe. Résultat, le disque se vend à 15 millions d'exemplaires dans le monde dont 800.000 en France, et sera suivi du "Blond Ambition Tour", souvent décrit comme la meilleure et la plus inventive série de concerts de Madonna.
The Cure - "Disintegration"
« Les premières notes de Plainsong brisèrent avec grâce le silence sépulcral de ma chambre dadolescent ( ) La voix de Robert Smith, semblable à nulle autre, flirtant dangereusement avec la brisure, me figea le sang » écrit Thierry Desaules dans sa biographie consacrée au groupe. On peut le comprendre. Avec "Disintegration", The Cure signe son chef d'oeuvre noir et apocalyptique, d'une mélancolie absolue. Construit dans la douleur (friction dans le groupe, paroles sauvées d'un incendie...), le disque dénote totalement des précédents plus "commerciaux", qui avaient donné à Robert Smith une image plus MTV. Cette fois-ci, les Cure plongent dans l'obscurité, avec des morceaux-fleuves de 6 minutes, construits avec de longues intros, une voix de Robert Smith quasi-monotone et parlée, ainsi que des nappes de synthés planantes. A l'écoute, le label tombe des nues et parle de « suicide commercial ». Pourtant, ce "Disintegration" qui sonne comme anti-commercial sera le plus gros succès du groupe avec 3,2 millions d'albums vendus dans le monde dont près de 300.000 en France. Soutenu par les tubes "Lovesong" et "Lullaby", l'album devient un classique instantané, rapidement considéré comme l'une des grandes références musicales de la décennie.
Francis Cabrel - Sarbacane
C'est LE disque qui a fait de Francis Cabrel l'un des visages incontournables de la variété française. « "Sarbacane" a été une révolution dans ma vie, l'arrivée de musiciens très importants comme Manu Katché, ils étaient vraiment au maximum et moi d'ailleurs, de notre énergie. Ça a marqué un basculement » confie-t-il 30 ans plus tard. Il faut dire que "Sarbacane" ressemble à une véritable compilation : "Animal", "C'est écrit" et bien sûr le morceau-titre. C'est avec cet album que le chanteur s'assume véritablement en écrivant des textes plus sombres et plus ancrés dans l'actualité : « Avant c'étaient des gentilles chansons, je dirais pas trop mal tournées mais il n'y avait pas beaucoup de caractère peut-être. A partir de là, il y a eu un son spécifique, justement dû au groupe autour, ça a marqué une étape ». C'est le cas de "Dormir debout", dédié à Daniel Balavoine, ou encore des "Pas des ballerines", évoquant un homme emprisonné qui rêve de sa liberté. Au final, il s'en vendra plus de deux millions d'exemplaires, signant la deuxième meilleure vente de la carrière du chanteur. Pour couronner le tout, Francis Cabrel reçoit trois récompenses aux Victoires de la Musique l'année suivante : "Meilleur artiste", "Meilleur album" et "Meilleur spectacle musical"
Prince - "Batman"
En cette fin de décennie, Prince vit une situation double. Superstar adulée en Europe, le chanteur perd de sa superbe, et de ses ventes, aux Etats-Unis. Alors que la partie américaine de son "Lovesexy Tour" a été un échec commercial fin 1988, le Kid de Minneapolis va se remettre sur pied avec un projet pour le moins étonnant. Tim Burton l'appelle pour signer la bande originale de son prochain film, "Batman". Le réalisateur veut utiliser les tubes du chanteur, ce dernier rétorque en lui envoyant neuf nouvelles chansons, aux accents plus électro. Jackpot gagnant pour Burton et Prince, même si les chansons de ce dernier ne résonnent que très discrètement dans le film. Si l'album reçoit un accueil mitigé de la part des fans, il est un véritable carton. Environ 7 millions d'exemplaires sont vendus dans le monde dont près de 600.000 en France et, miracle, plus de 3 millions aux Etats-Unis. Prince renoue avec le succès américain grâce à l'immense succès du film (410 millions de dollars de recettes, à lépoque le cinquième film le plus rentable de tous les temps) et signe même un nouveau numéro un dans les tops, une première pour l'artiste depuis 1985. Côté singles, l'étrange "Batdance", mélange électro-funk avec des samples de dialogues du film, devient lui aussi numéro un du Billboard Hot 100. Ironiquement, la tournée qui suit le verra jouer aux quatre coins du monde... sauf aux Etats-Unis !
Johnny Hallyday - "Cadillac"
Si beaucoup d'artistes se sont révélés durant la décennie, les années 80 ont été doubles pour Johnny Hallyday. Après une première moitié plus compliquée où il enchaîne les échecs, le Taulier renaît en 1985 grâce à Michel Berger qui lui compose l'album "Rock'n'Roll Attitude". Le rockeur se façonne une nouvelle image plus sobre et retrouve un succès considérable. Quatre ans plus tard, Johnny clôt la décennie avec "Cadillac", un album qui sent bon l'Amérique des grands espaces, les road-movies et les virées sur la Route 66. Après Jean-Jacques Goldman sur "Gang", il confie l'écriture de ce nouveau projet à Étienne Roda-Gil. Avec "Cadillac", Johnny Hallyday revient à des sonorités plus rock et prouve son amour pour la moto. Parmi les 10 titres, on peut retenir le single "Mirador", composé par David Hallyday, ainsi que "Si j'étais moi", partagé avec la star montante de l'époque : Vanessa Paradis. Quant au clip de "Les vautours", il est censuré en raison de son caractère jugé trop violent. Le succès est encore au rendez-vous pour le rockeur, qui écoule plus de 600.000 exemplaires du disque.
Patrick Bruel - "Alors regarde"
La carrière de Patrick Bruel s'est construite sur la durée. Si son premier album "De face" ne rencontre pas le succès (seulement 20.000 ventes), il lui permet de remplir plusieurs fois l'Olympia. Mais la salle du Boulevard des Capucines va bientôt devenir trop petite pour le chanteur. Le 9 novembre 1989, il dévoile son deuxième album "Alors regarde", sans se douter du raz-de-marrée qu'il va provoquer. Cinq singles au compteur, autant de tubes : "Casser la voix", "J'te l'dis quand même", "Alors regarde", "Place des grands hommes" et "Décalé". Exploité pendant près de trois ans, cet album marque le début d'une véritable Bruelmania. Le chanteur devient la nouvelle idole des jeunes, provoquant l'hystérie des fans, apparaissant sur chaque magazine, remplissant chaque Zénith de France. Le point culminant sera la soirée où, dînant dans une pizzeria des Champs-Elysées, le restaurant se voit pris d'assaut par les groupies du chanteur, obligeant la police à intervenir. Résultat, avec près de 3 millions de disques au compteur, "Alors regarde" est l'un des dix disques les plus vendus de tous les temps en France
Janet Jackson - "Rhythm Nation 1814"
Le talent passe de frère en sur. Alors que Michael caracole en tête des ventes, Janet Jackson se lance à son tour, pleine d'ambition, dans la musique. Si ses deux premiers albums passeront inaperçus, "Miss Jackson" connaît le succès avec "Control" (1986) produit par le duo Jimmy Jam & Terry Lewis de la galaxie Prince. Trois ans plus tard, la chanteuse retrouve ses deux comparses et enfonce le clou avec "Rhythm Nation 1814", un album concept où la popstar en devenir mêle R&B et pop sur des textes sociaux. Racisme, harcèlement scolaire, violence policière... Janet ne mâche pas ses mots et évoque les thématiques les plus dures sur des rythmes percutants. En 20 titres, dont huit interludes, Janet Jackson signe un album majeur qui l'inscrit définitivement au panthéon de la pop, autant musical que visuel avec des clips tous aussi différents que travaillés. Du noir et blanc de "Miss You Much" à l'hommage aux comédies musicales de "Alright", Janet Jackson marque une époque et se hisse au niveau de Michael. Passé inaperçu en France (25.000 ventes), l'album est un énorme carton aux Etats-Unis où il s'en vend 6 millions d'exemplaires, soit la moitié des ventes mondiales. Là-bas, la chanteuse bat un record puisque six singles atteindront le top 5 des meilleures ventes de singles, dont 4 à la première place. c'est aussi le seul disque à générer des singles numéro un issus du même disque sur trois années consécutives ("Miss You Much" en 1989, "Escapade" et "Black Cat" en 1990, "Love Will Never Do (Without You)" en 1991).
François Feldman - Une présence
Parfois, il faut persévérer pour atteindre le succès. François Feldman l'a compris. C'est en 1982 que le chanteur enregistre ses premiers titres au sein de son groupe Yellow Hand. Malheureusement, le succès ne frappe pas à la porte. Alors, il continue et enchaîne les singles durant toute la décennie. En 1986, il se fait repérer grâce au single "Rien que pour toi" (300.000 ventes) avant d'exploser en 1989. Il y a tout d'abord le titre "Joue pas", partagé avec Joniece Jamison, atteint la deuxième place du top 50. Quelques mois plus tard, ce seront au tour des "Valses de Vienne" de signer l'un des plus gros succès de l'année en restant six semaines à la première place. Entre temps, François Feldman publie l'album "Une présence", qui finit sa carrière au-delà du million d'exemplaires vendus. Les autres singles de l'album ("C'est toi qui m'a fait", "J'ai peur" et "Petit Frank") atteindront tous le top 10. En quelques mois, le Parisien d'origine russe devient donc une véritable star de la chanson française et se permet même de remplir Bercy. Malheureusement, ce plébiscite sera de courte durée pour l'artiste, dont le succès décline subitement au milieu des années 90. Son dernier album "Vivant" est sorti à la rentrée 2018, après 14 ans d'absence.