mercredi 28 juin 2017 16:30

Léa Paci en interview : "Il y a un vrai problème avec l'amour, c'est une évidence"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Léa Paci publie son premier album "Chapitre 1", porté par les singles "Pour aller où" et "Adolescente pirate". La chanteuse se confie à Pure Charts sur ses débuts, pourquoi elle a refusé de participer aux télé-crochets, l'amour dans sa génération et son plus grand rêve. Entretien avec une artiste bien dans ses baskets.
Crédits photo : Yann Orhan
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Tu vas avoir 21 ans. Comment tu as commencé la musique ?
Je chantais depuis que je suis toute petite. Je me souviens quand on faisait Paris-Bastia avec mes parents, je les saoulais à chanter des comptines d'enfants. Mais je pense que c'est pour tous les enfants pareil. Ensuite, j'ai surtout fait 11 ans de théâtre et pendant les répétitions, des potes amenaient leurs instruments et on chantait comme des troubadours. (Rires) Tu vois un peu l'image... Ils m'ont dit que j'avais une belle voix. Donc au départ, mes profs m'ont fait chanter sur mes spectacles de théâtre. Et en fait, je me suis dit que ça me plaisait vraiment. Je me suis rendue compte que c'était un vecteur d'émotions de dingue.

J'ai refusé les télé-crochets
Et comment est venu le moment où tu as voulu devenir chanteuse ?
J'ai acheté une guitare et j'ai appris toute seule en regardant des tutos sur Internet. Je faisais de la reproduction. Ça m'a pris des heures et des heures mais j'avais pas mal de temps libre car j'étais en 3ème. Après, j'ai un copain qui m'a conseillé de poster mes vidéos sur Internet, et c'est par ce biais-là que je me suis fait contacter.

Par qui d'abord ?
Les émissions musicales. Mais j'ai refusé. Et ensuite ce sont Tristan Salvati et Yohann Malory, l'auteur et le compositeur avec qui j'ai fait l'album, qui m'ont contactée.

Pourquoi tu as refusé les télé-crochets ?
J'avais un peu de maturité malgré mon très jeune âge. D'abord, mes parents voulaient que je passe le bac. Et puis je n'étais pas encore mure musicalement. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire, ce que je voulais proposer. J'avais peur que si ça venait à marcher, que je réussissais les auditions, ça aille très vite, très fort pour moi et que je ne sois pas prête. J'ai préféré refuser en me disant que si jamais ça ne se représentait pas, c'est que c'était le destin.

Et donc ensuite, comment ça s'est passé avec Tristan et Yohann ?
On s'est rencontrés suite à leur email, ils m'ont proposé quelque chose de très simple. On a décidé de travailler pour voir ce qu'on pouvait s'apporter musicalement. Je ne connaissais pas du tout leur carte de visite, je ne savais pas qu'ils avaient travaillé avec Louane, Jenifer, M Pokora. J'y suis allée à l'aveugle car j'ai senti de la bienveillance de leur part.

Regardez le clip "Adolescente pirate" de Léa Paci :



Ils travaillent souvent ensemble, ils ont un son très reconnaissable. Comment tu es parvenue à t'imposer et que ce ne soit pas eux qui t'imposent le leur ?
Ça a été un vrai travail de tous les trois. Il y a eu une synergie entre nous qui était vraiment d'aller chercher chez chacun l'authenticité, la différence, la sincérité... On a mis deux ans et demi à créer cet album, autant de temps à chercher les sonorités qui seraient les miennes. Tout en gardant leur univers car c'est aussi leur marque de fabrique. Il fallait réussir à trouver dans leur façon de bosser ce qui racontait au mieux mes histoires, ma vie... Yohann m'a beaucoup écoutée pour être capable de mettre des mots les plus justes. On faisait des grosses sessions où on travaillait tous ensemble et où on finissait très tard ! (Rires)

Cet album raconte mon passage à l'âge adulte
Il représente quoi pour toi ce premier album "Chapitre 1", qui contient les singles "Pour aller où" et "Adolescente pirate" ?
C'est un album qui marque vraiment le cap entre mes 18 et mes 20 ans. C'est un peu le passage à l'âge adulte. Il n'y a que deux ans mais il se passe beaucoup de choses : le post-bac, les études supérieures, le premier amour... C'est un album qui parle de ça, il faut être honnête. Et tout ce que ça impacte autour. S'il porte le nom de "Chapitre 1", c'est qu'il est véritablement autobiographique. Le livrer c'est tourner une page de mon histoire à moi.

Dans les remerciements de ton album tu dis merci à Tristan et Yohann de t'avoir "poussée dans tes retranchements". C'est-à-dire ?
Quand je suis arrivée, j'écrivais très peu. Ou alors en anglais. Je me mettais énormément de pression. Je me disais que je n'étais pas capable de faire honneur à la langue française, ni de trouver les mots justes. Du côté des compositions, j'avais peur de montrer ce que je faisais. Ils m'ont poussé pendant deux ans jusqu'à ce que ça donne le dernier morceau de l'album, "Algorithmes". C'est un vrai pas pour moi car je l'ai entièrement écrit et co-composé avec Tristan. Le vrai cap, il se passe sur ce dernier morceau. J'espère qu'il amènera le "Chapitre 2" où je serai auteure de tous les morceaux.

On a l'impression que ça a été deux ans de travail intense...
Oui... Parfois, on a enregistré à des moments où j'étais à la limite de pleurer en cabine parce que le morceau que je chantais voulait vraiment dire quelque chose. On a travaillé pendant des heures de façon acharnée pour avoir cette sincérité absolue. Sur l'album, si tu écoutes bien, je n'ai pas la même voix partout. Même en live, il y a des morceaux comme "Sens unique" qui sont capables de me mettre dans un état de fébrilité. En les commençant, je ne sais jamais trop si je vais craquer... Les dix morceaux choisis représentent un petit bout de ma vie. D'ailleurs, dans le tracklisting, on les a mis dans l'ordre d'enregistrement.

Regardez le clip "Pour aller où ?" de Léa Paci :



Comme tu l'as dit, il n'y a qu'un titre que tu écris sur l'album. Tu aurais voulu écrire plus ? Se livrer avec ses mots à soi, c'est toujours différent. C'était aussi de l'humilité ?
Oui c'est le bon mot. J'avais conscience que je n'étais pas prête. C'était de la peur. Je me suis concentrée sur l'interprétation. Je me sens totalement raccord avec ce que je raconte, Yohann a écrit sur ma vie. Ce n'est pas écrit de ma plume mais c'est tout comme. Pour moi, cet album c'est le début de quelque chose. C'est comme la préface de ce qui arrivera derrière...

L'amour c'est un sentiment extrême
Comme tu l'as dit, cet album parle d'amour. Mais beaucoup d'amour triste... C'est le reflet de ta génération ?
Il y a un vrai problème avec l'amour, c'est une évidence. C'est la consommation de l'amour, les réseaux sociaux... Ça contribue à faire de l'amour... Pas malsain mais pas loin... Ça a changé. J'aurais bien aimé rester à l'époque des lettres... Espionner ce que l'autre fait tout le temps, regarder depuis quand il ne s'est pas connecté sur Facebook. Tout ce coté-là... Mais cet album, même s'il est mélancolique, reste quand même plein d'espoir. Ça parle d'expériences qui font mal mais qui font grandir aussi. Et puis l'amour c'est un sentiment extrême qui peut prendre des formes innombrables.

En studio, c'était important de chercher le tube pour te lancer ?
Non. Notre démarche n'était pas du tout ça. Quand on a signé sur mon label, on avait plus de 20 morceaux, avec des styles très différents. On voulait quelque chose qui me ressemble. Il fallait que ce soit ni trop adulte ni trop enfant. Ce sont des titres qui peuvent toucher les plus âgés comme les plus jeunes, les premiers avec les textes et les autres avec les productions.

Tu écoutes quoi toi en ce moment ?
J'adore l'album de Juliette Armanet, c'est une pépite. Le dernier Kendrick Lamar est une tuerie. Sinon j'écoute beaucoup les derniers albums de Vianney, Julien Doré, The Chainsmokers... Ah, et le titre de Kygo avec Selena Gomez aussi, "It Ain't Me". J'écoute vraiment de tout.

Mon rêve c'est de vivre de la musique
Tu finis tes remerciements en écrivant "N'oubliez jamais de croire en vos rêves". C'est quoi ton rêve ?
Mon rêve c'est de vivre de la musique. Ça me rend vivante. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante, libérée et heureuse de me lever le matin car je fais ce que j'aime. Je fais de la promo radio depuis huit mois, je ne vis pas de cette musique pour le moment, et pourtant, en touchant zéro, je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie. C'est plus un appel au bonheur dans le contexte actuel. Les gens ont envie d'être heureux et de faire ce qu'ils aiment. C'est surtout de se dire qu'il n'y a pas de mauvais choix, de mauvais chemin. Quand on fait des choix de coeur, passionnés, on est véritablement heureux. Et si on se plante, tant pis car on a tout fait pour y arriver, donc ça permet de prendre un peu de recul. C'est comme ça que j'avance.

Il n'y a pas de duo sur l'album, mais tu rêves de collaborer avec un artiste en particulier ?
C'est quelque chose à laquelle je pense de plus en plus. Mais ce serait une question de feeling. Là tout de suite je te dirai Vianney ou Julien Doré car j'ai l'impression de me voir en ses artistes-là. Encore plus chez Vianney qui propose quelque chose d'assez simple et épuré, qui n'est pas du tout prétentieux. Tu vois, j'ai fait la première partie de Christophe Maé. Ce n'est peut-être pas l'artiste avec qui je rêvais de collaborer mais finalement j'ai rencontré quelqu'un d'extraordinaire. C'est la rencontre qui crée la collaboration. Je verrai en fonction des rencontres... Il faut que ça apporte aux deux parties.
Retrouvez l'univers de Léa Paci sur sa page Facebook.

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