Crédits photo : Montage Pure Charts
Pascal Obispo | "Billet de femme"
Valse des regrets. Pour le dixième album de sa carrière,
Pascal Obispo a eu envie de mettre en musique les poèmes de Marceline Desbordes-Valmore, appelée Notre-Dame-Des-Pleurs, qui avait déjà inspiré
Julien Clerc et Benjamin Biolay. Tout au long de ses 12 pistes, l'artiste, renouant avec l'atmosphère romanesque de son disque "Les fleurs du bien", retrouve ses lettres de noblesse grâce à une interprétation incarnée et chargée en émotions ("S'il l'avait su", "On me l'a dit"...). Une bonne nouvelle d'autant que les arrangements de chaque piste se révèlent irréprochables. Dommage alors que les refrains, sans vraies étincelles, ne rendent alors pas justice aux couplets, eux, très forts. Sans ça, le disque aurait été une grande réussite, tant la voix habitée du chanteur, les magnifiques vers de la poétesse, les envolées de cordes et les notes de piano forment un tourbillon captivant... Mais finalement le tout semble un peu pâle.
JG
Joyce Jonathan | "Une place pour moi"
Bridget Joyce. Dans son nouvel album,
Joyce Jonathan nous emmène faire un voyage dans son esprit, elle qui eu le coeur brisé suite à une rupture. Point de départ de la naissance du projet, ce chagrin d'amour a fait traverser de nombreuses émotions à la chanteuse. Larmes, culpabilité, remise en question, retour de flamme, nouvelle séparation, renaissance... Rien de neuf sous le soleil mais
Joyce Jonathan possède cette fraîcheur et cette capacité à mettre des mots simples sur des sentiments universels. De quoi donner lieu à de jolis moments comme le duo
"Les filles d'aujourd'hui" avec Vianney. "Une place pour moi" aligne les pistes légères (
"Le bonheur"), parfois naïves, mais souvent touchantes ("Une place pour moi", "Si un jour"). Le coeur en bandoulière, l'artiste sort un peu de la caricature de "chanteuse à guitare", pour étoffer ses productions et faire prendre un nouveau relief à ses chansons.
JG
Ça ressemble au journal intime post-rupture d'une trentenaire
A écouter : "Sans toi", désarmante de sincérité, "L'amour l'amour l'amour" très Biolay, "Je me jette à l'eau", positif et single potentiel
A zapper : "Je plonge", monotone, "Je ne veux pas de toi", mal produite
Dionysos | "Vampire en pyjama"
Thérapie nocturne. Le huitième album de Dionysos est le récit d'une renaissance. Celle de la plume et de la voix de Mathias Malzieu qui, au lendemain de l'épopée cinématographique "La Mécanique du coeur" (2013), est tombé gravement malade. Dans un journal passionnant qui donne un autre éclairage à ce projet, le chanteur raconte combien il a dû se battre pour ne pas perdre espoir après avoir contracté une maladie rare et mortelle. Une "panne sèche de la moelle osseuse" qui l'a transformé en "vampire" en quête de transfusion et qui nourrit en substance ce disque léger, moins rock mais porté sur l'imaginaire. On y retrouve ce qui a toujours fait la force de Dionysos : un univers poétique, où cohabitent bestiaire merveilleux ("Le petit lion") et personnages métaphoriques ("Dame Oclès", "Guerrier de porcelaine") à travers une plume presque enfantine. Ces jolis textes de conteur sont enrobés de mélodies injectées d'une essence folk, parfois country ("Déguisé en moi"). Malgré le sujet, point de ballade plombante ici : l'album est une ode à la vie, truffée de vrais moments de joie ("Le chant du mauvais signe"). Échappé belle !
YR
Ça ressemble à un conte pour enfants sur la maladie, touchant et drôle
A écouter : la production superbe de "Hospital Blues", la reprise folk du tube "I Follow Rivers", "Know Your Anemy", le "Vampire en pyjama" final
A zapper : "Chanson d'été" et son emprunt raté à Paul Verlaine