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C'est le sempiternel débat qui agite la profession depuis l'avènement du streaming : les artistes sont-ils rémunérés à leur juste valeur ? Les chiffres sont là pour le prouver, les services comme Spotify ou Deezer sont pleinement entrés dans les habitudes des Français et des mélomanes du monde entier. Sur l'année 2015, le streaming a connu une hausse de 43% dans nos contrées et
Médiamétrie a récemment révélé qu'au moins 18,4 millions de Français ont écouté de la musique en ligne sur un mois. Soit plus de quatre internautes sur dix !
Taylor Swift, Adele...
Paradoxalement, plus le succès du streaming est croissant, plus le fossé se creuse avec les artistes. On se souvient encore du
coup de gueule de Taylor Swift et de son bras de fer contre Apple Music au printemps dernier. Une autre star incontournable vient elle aussi de
marquer son opposition à ce mode de consommation : Adele. «
Je pense que la musique devrait être un événement. C'est un peu jetable le streaming. Je sais que c'est le futur mais ce n'est pas la seule manière de consommer de la musique. Je ne peux pas prêter allégeance à quelque chose dont je ne sais pas encore ce que j'en pense » a confié la chanteuse au
Time. Elle a donc refusé que son nouvel album de tous les records, "25", soit disponible sur les plateformes.
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Des milliers de victimes potentielles
Ces cris alarmistes ne sont que la partie émergée de l'iceberg, celle des artistes suffisamment populaires pour se faire entendre. Derrière eux, il y a tout un tas de musiciens indépendants en colère qui estiment être lésés. En moyenne, selon les propres statistiques fournies
par Spotify, chaque titre écouté ne rapporte que 0,005 euro à ses créateurs. C'est peu mais Spotify assure de son côté instaurer une rente pérenne, qui brise le cycle album/tournée/période de vache maigre. D'ailleurs, son fondateur Daniel Ek rappelait en juin que le service avait reversé plus de 3 milliards de dollars en droits d'auteur.
Mais Spotify n'est pas seulement décrié pour son système de rémunération. Ses pratiques le sont aussi, et David Lowery, un musicien américain, entend bien les dénoncer devant le tribunal fédéral de Los Angeles. Le leader des groupes de rock alternatif Cracker et Camper Van Beethoven s'est aperçu que quatre de ses morceaux ont été proposés sans autorisation aux 75 millions d'abonnés au service suédois. Il accuse Spotify de copier et de distribuer les compositions musicales sans se soucier des droits d'auteurs, et réclame donc à ce titre 150 millions de dommages et intérêts, au nom des «
centaines de milliers » de victimes potentielles.
Des pratiques douteuses ?
Dans un communiqué, Spotify se défend... tout en reconnaissant sa faute. «
Nous nous sommes engagés à payer aux auteurs de chansons et aux éditeurs chaque centime. Malheureusement, en particulier aux États-Unis, les données nécessaires pour déterminer les détenteurs légitimes des droits sont parfois absentes, erronées ou incomplètes » indique un porte-parole du site. L'entreprise précise que pour prévenir ces conflits, elle a mis de côté des sommes destinées à reverser des royalties aux plaignants lorsqu'il n'a pas été en mesure de «
confirmer les détenteurs des droits d'auteur ». Reste à savoir si David Lowery, qui demande un recours collectif, obtiendra gain de cause.