Vanessa Paradis

Crédits photo : Bestimage
Jean-Paul Belmondo s'en est allé à 88 ans et avec sa disparition, « c'est un bout de notre vie qui s'en va ». Ces mots, Vanessa Paradis les susurre avec tristesse dans les pages du Parisien, à la veille de l'hommage national qui sera rendu à l'icône du cinéma français aux Invalides, en présence du président Emmanuel Macron. La comédienne et chanteuse, qui montera pour la première fois sur les planches dans la pièce "Maman" de son mari Samuel Benchetrit à partir du 14 septembre au théâtre de Paris, a appris la nouvelle de la mort du Magnifique en pleine répétition. Un choc. « Même si ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu au cinéma, Bébel fait partie de tellement de vies, de tellement de générations. De mes grands-parents à mes enfants, on est tous Bébel quelque part » confie avec peine l'interprète de "Kiev".

"On a eu des conversations tendres, si tendres"

Vanessa Paradis avait eu « la chance » de donner la réplique à Jean-Paul Belmondo sur grand écran. Plus de deux décennies en arrière, dans la comédie "Une chance sur deux" de Patrice Leconte (1998), ils partageaient l'affiche avec un autre monstre sacré du cinéma, Alain Delon. « C'était un tournage particulier, les retrouvailles de Delon et Belmondo. C'était joli parce qu'ils s'aimaient beaucoup, ces deux-là, ils ont commencé ensemble, ils ont été tant comparés alors qu'ils étaient tellement différents… Mais c'était tellement beau parce qu'il y avait beaucoup d'amour entre eux » se remémore l'artiste, « impressionnée » de voir évoluer devant la caméra ce duo de légendes : « Moi je jouais la fille peut-être de l'un ou peut-être de l'autre et dans le film, il y avait un petit combat de coqs pour savoir qui allait gagner le titre du papa. Ils ont joué le jeu, même hors prises ! Pas tout le temps bien sûr… Ils ont passé beaucoup de temps ensemble, ils étaient très protecteurs l'un avec l'autre, je les observais parce qu'il y avait quelque chose de très précieux dans ces retrouvailles qu'il fallait laisser vivre ».

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Entre Jean-Paul Belmondo et Vanessa Paradis, le lien s'est d'abord noué timidement, ombragé par la stature de deux idoles de générations bien différentes. « Peut-être qu'il était plus à l'aise avec les garçons. Et puis moi j'étais une toute jeune femme, et une toute jeune femme très célèbre, donc, peut-être entourée d'a priori ou je ne sais quoi. Il avait mis du temps à parler et à s'ouvrir. Et quand c'est arrivé, c'était magique » raconte la chanteuse, qui garde le souvenir ému d'une soirée de tournage transformée en nuit de confidences : « On était assis sur les marches d'un perron et on a attendu longtemps. D'un coup, on s'est mis à parler. Ça avait mis du temps, je crois que c'était un grand timide. (...) On a eu des conversations tendres, si tendres… Pas des conversations de travail, non, des conversations de vie, d'amour, d'amitié ».

"Il rayonnait cet homme-là"

« J'ai eu une grande chance de passer ces quelques mois avec lui » atteste avec le recul Vanessa Paradis. D'autant que l'actrice a « grandi avec lui », admirative de son oeuvre et de son talent, tout en nuances : « Qu'on parle des films de Godard ou des comédies plus populaires d'après, il a toujours fait partie de notre vie. Bébel, c'est même une expression : hé tu fais ton Bébel ! Parfois on demande à des acteurs de s'inspirer de Bébel, de son naturel, de sa nonchalance, de son humour, et en même temps de sa profondeur. Parce que si, dans ma génération, on l'a d'abord connu par les comédies, c'est après que j'ai découvert "Pierrot le fou" et les autres films d'avant. Quand on tombe sur ça, sur ces films et les interprétations qu'il a données, waouh ! ». Aussi, ce que Vanessa Paradis retient de Jean-Paul Belmondo, c'est qu'il était quelqu'un de « rayonnant ». « Son charisme, cette peau burinée et bronzée, sa voix aussi. [Je retiens] beaucoup de choses en fait, mais je crois que la première idée qui me vient c'est à quel point il rayonnait cet homme-là. Il rayonnait autour de lui » conclut-elle avec une pointe d'émotion. Un hommage pudique et touchant.