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dimanche 07 avril 2024 13:00

Paloma en interview : "Johnny Hallyday ? C'était un drag king !"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Grande gagnante de "Drag Race France" saison 1, Paloma se donne en spectacle dans toute la France avec "Paloma au PluriElles". La reine du drag français prépare en parallèle un premier album dont elle dévoile les contours à Purecharts, entre deux digressions sur Mylène Farmer et l'Eurovision. Rencontre !
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Tu viens de sortir ton nouveau clip ''P.A.L.O.M.A.''. Comment as-tu rencontré Rebeka Warrior et RAUMM ?
J'ai rencontré Julia, alias Rebeka, il y a un peu plus d'un an lorsque j'ai pris part à l'Hyper Weekend Festival de Radio France, pour une création autour de Mylène Farmer. Plein d'artistes y participaient dont Yelle, Bilal Hassani, Juliette Armanet, Christine and the Queens... Des personnes que j'adore ! J'étais extrêmement stressée parce que je ne chante jamais en live. C'est rarement ce qu'on attend des drag queens. (Sourire) J'y ai chanté "L'horloge". Rebeka était une des rares personnes à assister aux répétitions de tout le monde. Elle était hyper contente d'être là et elle est venue me voir pour m'encourager et me rassurer, en me disant : "C'est super, c'est génial, vas-y". On s'est recroisées peut-être un mois ou deux après, dans le jury du festival du court-métrage à Clermont-Ferrand. On a passé quatre-cinq jours à rigoler, à bouffer dans des restos, à regarder des films et à se raconter nos vies. Ce qui est drôle, c'est qu'elle n'a jamais vu "Drag Race". Elle n'avait donc aucun a priori ! À Clermont, où je suis née, tout le monde m'arrêtait pour prendre des photos. Elle a vu ce que c'était que le phénomène "Drag Race". On a beaucoup discuté de ce que ça implique pour moi d'être une personne queer médiatisée à travers un personnage. Je pense que je lui ai raconté plein de trucs hyper deep dont je ne parle jamais, sur la responsabilité de représenter la communauté LGBTQ+, sur le fait d'être d'une figure de proue et donc de me prendre pas mal de violence...

En écoutant la chanson, j'ai fondu en larmes

La chanson est née de ces discussions ?
On a rejoint nos vies respectives et quelques semaines après, elle m'a envoyé un message sur Instagram pour me dire : « Je t'ai écris une chanson, oulala je suis stressée, j'espère que ça va te plaire ! ». C'était une démo avec sa voix et en écoutant le texte, j'ai fondu en larmes. J'ai trouvé ça hyper beau. Je lui ai répondu : « Mais comment tu as vu ça chez moi ? Ok, enregistrons-là ». À ce moment-là, j'étais en pleine création de mon spectacle "Paloma au PluriElles", que je joue partout en France, et la première se tenait deux semaines après. Je ne trouvais pas de final et je lui ai dit : « Je crois que cette chanson c'est le final parfait ». On avait seulement 15 jours ! On l'a enregistrée dans l'urgence. Seulement, je n'étais pas satisfaite de la première version, c'était trop haut pour moi, même si elle a essayé de rajouter plein d'effets sur ma voix. (Rires) Finalement je suis retournée en studio avec RAUMM, le compositeur, qui est un amour, et il m'a débloqué un truc. On a enregistré en trois heures. Le 15 septembre, j'étais sur scène pour jouer mon spectacle pour la première fois, avec cette chanson. J'ai fait 25 dates sur la première partie de ma tournée et les gens avaient forcément une attente vis-à-vis de sa sortie. Je suis très contente qu'elle soit enfin disponible pour tous !

Tu connaissais déjà leur travail ?
RAUMM je ne connaissais pas mais Rebeka, j'étais une grande fan ! Quand je veux l'embêter je lui dis : « Tu sais je t'écoutais quand je passais le bac ». (Rires) J'écoutais Sexy Sushi, "Sex Appeal"... Après je connaissais de loin ce qu'elle a fait par la suite, avec Kompromat notamment. Elle est emblématique de la nuit queer.




Je vois un parallèle entre Rebeka Warrior et Paloma : deux créatures de la nuit, deux femmes fortes, deux femmes queer... 
C'est vrai ! En plus, il paraît que je suis la drag queen des lesbiennes. (Rires) Je m'entends bien avec elles, j'en ai plein autour de moi. On se ressemble beaucoup avec Rebeka... Elle a cette image de femme froide et hyper dark, alors que c'est tout l'inverse. Je rigole avec elle comme avec peu de gens, elle est vraiment très drôle ! Et on a tous les deux un personnage : elle ne s'appelle pas Rebeka Warrior dans la vraie vie, elle a créé une identité, un univers. On s'est beaucoup retrouvées sur ce point, une image qu'on peut projeter sur les gens qui n'est pas forcément conforme à la réalité. Moi j'ai le drag, c'est encore une couche en plus parce que ça veut dire que même physiquement, je ne ressemble pas à ce que je suis dans la vie. Même si je garde le même caractère, quand je suis Paloma, forcément je change un peu. En tout cas, j'aime bien l'idée des deux femmes fortes. (Sourire)

Pour toute une frange de la population, je reste le diable
Les paroles de ta chanson sont comme un bilan de la vie de Paloma, de sa création à ses deux années de règne après ''Drag Race France'', mais raconté depuis les yeux de Hugo Bardin. C'est comme si tu brisais le quatrième mur...
C'est un peu tabou dans le drag de faire ça ! Il y a cette règle tacite, pas vraiment dite mais qui existe, de dire : ce qui est important c'est notre drag et le reste on s'en fout. Les gens doivent nous voir en drag, ne pas connaître notre vie en dehors... Et moi c'est vrai que dès "Drag Race", j'ai imposé mon nom en plus de celui de Paloma, j'ai médiatisé ma vie privée, j'ai fait de mon couple un truc un peu politique, je suis intervenu dans des médias sans mon personnage. Je suis comédien aussi donc c'est difficile pour moi d'abandonner qui je suis dans la vie. Même si j'aime Paloma et que j'ai de grandes ambitions avec elle, j'ai aussi de grandes ambitions en tant que Hugo. Et parfois, j'ai l'impression qu'on attendait de moi que je sois Paloma tout le temps. Paloma elle est là pour éduquer, divertir, d'accord, mais il y a des moments où c'est plus important que ce soit moi qui s'exprime.

Tu as parfois le sentiment d'avoir deux vies, que les pistes sont brouillées ?
Non, des fois c'est chiant quand je viens pour parler d'un sujet et qu'on me dit : « Il faut qu'il vienne en Paloma sinon le public ne va pas comprendre ». Mais les gens ne sont pas débiles, les gens comprennent qu'il y a moi et qu'il y a le personnage. Lady Gaga pendant 15 ans, on ne l'a jamais vue sans perruque et sans maquillage parce qu'elle était emprisonnée. Pourtant, maintenant qu'elle se montre au naturel, les gens continuent d'écouter sa musique ! Il y a un personnage de scène et puis il y a l'artiste derrière. Dans la chanson, on aborde un thème très particulier : les gens m'aiment pour une image, et cette image n'empêche pas que je reçoive de la violence. Ça, j'ai eu du mal à le réaliser. Oui j'ai reçu beaucoup d'amour, une espèce de starification très forte et très vite, mais à côté de ça, je reste un peu le diable pour toute une frange de la population qui ne voit en moi que Satan. Si je parle de ça, ça me paraissait important de me foutre un peu à poil dans tous les sens du terme et de montrer Hugo.

Désormais, les drag queens ont une place publique
Dans le titre, tu parles du fait d'être reconnue, adulée, d'être un personnage publique mais aussi des dangers qu'amène cette exposition. Tu dis des mots très forts : « En vrai, j′ai peur qu'on m'assassine, pas si facile d'être une drag queen, pas si facile d′être un PD »...
"Drag Race" a ouvert des portes, en tout cas a ouvert un débat. Maintenant, on a une place publique, on a une plateforme. Il n'empêche que, même si on a rassemblé un public qui est beaucoup plus large qu'avant – et je le vois en tournée, il y a des familles, des parents qui viennent me voir parce qu'ils m'apprécient, il y a encore une confusion entre mon identité, qui est celle d'un garçon homosexuel, et mon travail. Ceux qui nous détestent, ceux qui voient de la déviance là-dedans, sont obnubilés parce que je suis moi. Si j'étais une jeune femme de 32 ans en drag, ça ne poserait de problème à personne. Mais comme je suis un homme, c'est forcément pervers de faire ça. Parfois, je suis attaqué pour ce que je suis et pas pour ce que je fais. Il y a encore du travail. Le débat est loin d'être clos...

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Est-ce que ces attaques sont amplifiées par le statut des drag-queens, qui sont souvent vues comme des porte-paroles voire des modèles pour la communauté LGBTQ+ ?
C'est récent, franchement... Les drags queens étaient à la tête de toutes les luttes, de toutes les manifs. Elles ont toujours été aux premières loges. Mais c'est très récent que ce soit accepté par le reste de la communauté. Quand je suis arrivée à Paris, les drag queens c'était la honte ! Les homos ne voulaient pas de drag queens comme représentants. « Oh non, on va encore dire qu'on est des folles »... Pourtant, ce ne sont pas les homos virils, bien intégrés et médiatisés qui prennent la parole pour parler des sujets de la communauté. Ou très rarement. Il faut reconnaître que les drag queens, aussi parce qu'il y a un masque et un personnage, ont moins peur de se mouiller. Je me rends compte que même si j'ai une plateforme énorme, que le public est avec moi et que je suis appréciée, le fait de parler de sujets politiques, de m'être politisée, de ne pas avoir peur de représenter, justement, ça me ferme aussi des portes. Peut-être que ça arrangerait tout le monde si j'étais juste une drag queen et que je n'avais pas la parole.

Il y a des gens qui veulent m'assassiner mais je ne me tairai pas
Comment tu fais pour réussir à composer avec cette ambivalence ?
Quand je regarde les gens qui me détestent et qui veulent m'assassiner, parce qu'il y en a, c'est pas des gens que j'ai envie de séduire de toute façon. Ce sont les mêmes personnes qui tapent leurs femmes et qui écrivent des messages racistes sur internet. Je ne suis qu'un queer parmi d'autres qui reçoit des insultes. Le monde sera toujours comme ça... Il y aura toujours des mecs hétéros, pas déconstruits, fragiles et qui ont peur du changement, de la différence. Ce qui est sûr, c'est que je ne me laisse pas faire. Et je ne me tais pas, au contraire ! Je pense qu'il y a bien des gens à ma place qui se feraient plus discrets. Ce n'est pas du tout ce que je veux. Je suis très ambitieuse et je veux être à 21 heures sur le service publique, à présenter des émissions, à faire des films. Je veux être visible. On ne sera jamais accepté en passant par la petite porte. Nos avancées, on ne les gagnera pas en faisant plaisir. Si les féminismes ont un peu – un peu mais trop peu – la parole aujourd'hui, c'est parce qu'à un moment il y a des Virginie Despentes qui ont écrit "Baise-moi" et ont fait ch**r tout le monde.

Tout ça, tu étais prête à l'assumer lorsque tu t'es inscrite à "Drag Race France" ?
Mais pas du tout. Très honnêtement, moi je pensais que ça n'allait pas marcher. Je pensais que ça intéresserait les queers, les gens du Marais, mais je ne m'attendais pas à ce que l'émission devienne un phénomène de société. On est la franchise de "Drag Race" la plus regardée dans le monde et celle qui fait le plus gros taux d'audience dans son pays au monde. Aux Etats-Unis, proportionnellement, les gens regardent moins "Drag Race" qu'en France. C'est fou ! Il y a des grands-mères, des gens dans leur campagne, qui ont regardé "Drag Race". Ça, on ne pouvait pas le prévoir. Dans la saison 1, personne n'avait anticipé l'impact, personne n'avait anticipé le poids de la représentation. Sauf peut-être Soa de Muse. C'est elle qui me l'a fait réaliser. Un jour, elle avait dit dans l'atelier : « Attention, on n'est pas là que pour notre petite gueule. On est là aussi pour plein de gens qui ont besoin d'être représentés ». C'est quand on m'a mis la couronne sur la tête et qu'on m'a tendu les micros que je me suis dit : "Ah oui, je ne peux pas juste parler de ma perruque et de mon maquillage". Je n'ai pas le droit. Je pourrais mais ce serait déloyal. Déloyal vis-à-vis du public et du petit garçon que j'ai été, qui a cruellement manqué de représentation. Personne ne me l'a demandé, mais j'ai cette possibilité d'être une représentation pour plein de gens. Ceux qui ne sont pas contents de me voir, tant pis !

Je n'ai jamais eu l'ambition de faire de la musique
Penses-tu que ce rôle-là, il peut passer par la musique ?
Complètement. C'est drôle parce que je n'ai jamais eu l'ambition de faire de la musique. Je voulais être comédien, réalisateur... "Love l'artère" c'est la BO de mon film, c'était vraiment sans ambition aucune. Et ça a tellement marché ! Les gens m'ont dit : « On a envie que tu fasses de la musique », et j'étais là : « D'accord... Il va falloir que je chante ». Rebeka m'a mis le pied à l'étrier et là je prépare un album. En l'écrivant, je me rends compte que je dis des choses hyper intimes que je ne dirais jamais ailleurs. La musique c'est bête mais ça fédère un truc universel. Tu peux faire passer tellement d'émotions. Parfois, un beau discours, c'est très bien mais c'est clivant. La musique a ce pouvoir de rassembler. Tout un tas de personnes ont dansé sur "Express Yourself" de Madonna sans savoir de quoi la chanson parlait. Et après Lady Gaga a fait "Born This Way" en hommage à ce titre et la planète a dansé dessus. Il y a plein de gamins hétéros qui connaissent les paroles de "Born This Way" alors que c'est une chanson sur nous quoi ! C'est du détail mais si je me dis que la musique a ce pouvoir-là, c'est un pouvoir de plus. Et je pense que les gens sont plus habitués à avoir une imagerie drag dans la musique que dans le cinéma, par exemple. Il y a plein d'artistes très populaires qui ont joué avec les codes du drag. Je parlais de Lady Gaga mais il y a aussi David Bowie, Freddie Mercury, Klaus Nomi, Elton John... Même Johnny et Mylène Farmer, ce sont des drags pour moi ! Johnny Hallyday c'est un drag king, Mylène Farmer c'est une drag queen. Ils se sont créé un pseudo, une identité visuelle – de manière plus ou moins extravagante, un personnage qui les protège et finalement, c'est ça le drag. Johnny, c'était un drag king ! Il était plus maquillé que Laeticia. (Rires) Moi j'adore son côté too much.




Tu prépares donc un album...
Il ne sortira pas dans un mois ! (Rires) On avance très lentement. Je ne sais pas si ce sera un album ou un EP mais il va y avoir au moins six ou sept chansons, c'est sûr. On a cinq chansons qui sont écrites et composées, il faut qu'on les enregistre. On a fait des petits tests, déjà. Je me challenge beaucoup ! C'est très haut niveau vocal. Les gens qui m'aiment parce que j'aime Mylène ne seront pas déçus. (Sourire) Ça va être très "Love l'artère", très années 80, très chevaleresque. Très Lady Oscar ! Tout ce qu'on a aimé de Paloma, on va le retrouver dans la musique. Et en plus, j'aborde des sujets hyper personnels. Ça va être un peu un OVNI... C'est trop tôt pour en parler mais tout ce qu'on a fait pour l'instant, j'en suis très fière. J'espère que ça trouvera son public. Et que ça sortira, surtout !

Avec cet album, Je me crée un endroit à moi
Tu dis "on", avec qui travailles-tu ?
Je fais tout avec Marc Bret‐Vittoz, qui a fait "Love l'artère". On écrit et on compose ensemble. Il me fait des maquettes où il chante très bien, et ça m'agace ! (Rires) Parce qu'après, je dois passer derrière moi !

Justement : sans te faire d'offense, à la base, tu n'es pas chanteuse...
Pas du tout ! Vraiment, pas.

Tu te places des attentes vis-à-vis de la technique vocale ?
Avec "Love l'artère", on a placé la barre assez haut. Mais c'est impossible de chanter comme "Love l'artère", c'est une chanson de studio. Ce n'est quasiment que de la machine, ce n'est pas possible de chanter techniquement de cette façon. Donc là, on recherche quelque chose d'un peu plus pur. En fait, on fait la démarche inverse. Là, on essaie de faire quelque chose qui fonctionne avec ma voix. Je me challenge, je travaille. Pour la première fois de ma vie, je me dis que je ne vais pas y arriver. Mais j'ai envie d'essayer. Ce qui m'intéresse, c'est de faire de la musique pour pouvoir faire des clips, pour pouvoir donner une continuité à mon personnage. Dans mon spectacle, c'est Hugo, c'est pas Paloma. Elle est en tête d'affiche mais c'est Hugo qui écrit, Hugo qui se met en scène à travers plusieurs personnages. Avec la musique, je vois où je peux emmener Paloma. Je me crée un endroit à moi. La musique qu'on est en train de faire, ce n'est pas la musique de quelqu'un d'autre. Et je veux utiliser Paloma pour la dimension visuelle, pour créer une oeuvre globale. C'est un challenge mais quelque part, je me sens protégé par le personnage. Jamais je ne ferai un album "Hugo Bardin chante" ! Ce serait horrible, je n'imagine même pas. (Rires)

Paloma, c'est un peu ma Mylène !
Oui c'est comme un alter-ego...
Paloma c'est un peu ma Mylène. J'ai rêvé toute ma vie d'être Mylène Farmer. C'est pas juste l'extravagance, c'est pas juste être belle et rousse. C'était un peu une religion, quand j'étais petit, ado et même encore aujourd'hui. Elle m'a sauvé, Mylène. Elle m'a ouvert un univers que je pensais être le seul à aimer. Pendant très longtemps, j'étais persuadé que personne ne connaissait Mylène Farmer à part moi ! Ça a été assez dur de me rendre compte qu'elle était aimée par des millions de personnes, qu'il fallait la partager. (Sourire) J'ai l'impression qu'avec Paloma, à mon humble échelle, j'ai créé une entité qui provoque ça chez des gens. J'ai envie d'aller dans cette direction un peu mystique pour la musique, quelque chose qui fédère et me dépasse moi humainement. Et je peux me laisser aller à un délire mégalo parce que c'est du drag ! Quand je vais sortir cet album, si je veux l'accompagner de clips complètement pharaoniques où je me mets en scène de manière égocentrique, je l'accepte parce que c'est Paloma. Je comprends pourquoi beaucoup d'artistes dans la musique se servent de personnages : ça permet toutes les excentricités.

Ce projet, tu veux aller le défendre sur scène ?
Ben ouais, j'aimerais bien ! Je sais pas, on verra comment cela va se passer. (Rires) J'aimerais beaucoup. En fait, j'aimerais m'autoriser ça dans la vie. Déjà, il faut l'enregistrer, il faut qu'il sorte. Il faut que les maisons de disques qui m'ont fait du pied l'année dernière me suivent, parce c'est pas toujours simple. Et il faut que cette chanson, "P.A.L.O.M.A", fasse son chemin.

Je reviens sur Mylène Farmer mais je meurs d'envie de le savoir : as-tu pu la rencontrer depuis que tu es sous le feu des projecteurs ?
Non... Elle m'a écrit. Je sais qu'elle a vu "Drag Race France", je sais qu'elle a suivi – de près ou de loin, je ne sais pas – mon travail et beaucoup de choses que j'ai pu faire l'année dernière. Je sais qu'elle a vu le concert de l'Hyper Weekend Festival. Elle m'a écrit un petit mot mais c'est resté très... pudique. Et de toute façon, je n'ai pas envie de la rencontrer comme ça, pour jouer le fan. Pas du tout ! J'aimerais beaucoup réaliser un clip pour elle. C'est un peu mon rêve. Il ne faut pas rencontrer ses idoles, il faut travailler avec.

Il ne faut pas rencontrer ses idoles, il faut travailler avec
Quels parallèles entre elle et Paloma pourrais-tu dresser ?
Ohlala mais c'est les gens qui me comparent à elle, je n'oserais même pas le faire ! Je pense que j'ai été biberonnée à Mylène et de fait, on a des goûts en commun. Ce n'est même pas que je cherche à imiter Mylène. Pour mon clip, j'ai vu des commentaires qui disaient : « Oh, c'est tout pompé sur Mylène ». Non ! C'est une déclaration d'amour. Quand je fais référence au "Cinquième élément", évidemment que je fais un clin d'oeil à "Dégénération" mais elle-même, elle faisait un clin d'oeil au film de Luc Besson. Les gens n'ont pas de culture. (Rires) Je l'aime, c'est tout. Pendant très longtemps, c'était honteux de dire qu'on aimait Mylène. Au lycée, les gens se foutaient de ma gueule mais moi, je le crie sur tous les toits ! C'est notre plus grande artiste en France. C'est la plus complète, celle qui a la plus grande longévité. Elle ne s'est jamais menti. Les gens se moquaient d'elle en disant : « C'est une posture ». Je suis désolé, quand tu chantes "L'horloge" à 24 ans et qu'à 62 ans tu refais une référence à Baudelaire, c'est que tu es cohérente dans ton travail. C'est quelqu'un de pointu et sans compromis dans son travail. Je trouve ça hyper punk d'être Mylène Farmer, en fait ! Donc je n''ai aucun problème à dire que je l'aime et à lui rendre hommage. Même si je n'aime pas tout, attention. Il y a beaucoup de choses que je trouve même assez mauvaises. Mais même les trucs ratés, je les aime bien.

Tu vas aller voir les concerts au Stade de France ?
J'ai vu la tournée déjà, le premier concert à Lille ! Mais je n'en ai vu qu'un seul, je ne suis pas un fan hystérique. Par contre je vais faire les trois au Stade de France. Ça va être grandiose.




L'Eurovision ? Ils ne se sont jamais positionnés
Que dirais-tu si on te proposait de représenter la France à l'Eurovision ?
On ne me le proposera pas. (Rires) Ils ne l'ont déjà pas proposé à Sara Forever alors qu'elle était pressentie... Mais oui, pourquoi pas. Ce qui est sûr, c'est que je le ferais si ça se passe dans un pays qui n'est pas en guerre et si on ne ferme pas les yeux sur des choses graves qui se passent dans le monde. L'Eurovision a un sacré CV d'absence de prise de position. Combien de fois le concours a eu lieu à des moments critiques dans des pays où les droits de l'homme n'étaient pas respectés, en plein conflits internationaux ? Ils ne se sont jamais positionnés...

Ce sont plus souvent les artistes qui se positionnent. Cette année, neuf candidats appellent à un cessez-le-feu à Gaza.
Oui. Mais bon. On le sait très bien que les gens qui représentent la France à l'Eurovision, ou n'importe quel pays d'ailleurs, sont vachement cadenassés par la chaîne, la délégation. Moi je ne suis pas quelqu'un qui crache dans la soupe. Si je décide de le faire, j'assume. Si je travaille avec France Télévisions, je n'irai pas faire un coup bas. Je fais cette émission, je défends cette émission. Je trouve ça hypocrite de dire : « Ok je le fais parce que c'est bien pour ma petite carrière mais je veux laver ma conscience, donc je vais sortir un drapeau quand il y a une caméra qui passe ». Si tu es un artiste politique, tu ne vas pas faire l'Eurovision pour toucher ton cachet. Ou alors tu le reverses. Beaucoup de gens sont de mauvaise foi quand il s'agit de l'Eurovision. Demain, si on me proposait de faire l'Eurovision, je n'irais pas faire un doigt d'honneur à côté de la directrice des programmes tu vois. J'assumerais d'être là.

Tu fais référence à La Zarra, qui a récemment dit avoir vécu « l'enfer » lors de sa participation au concours...
C'est cracher dans la soupe pour moi. Je ne trouve pas ça classe. Et ce n'est pas punk non plus. Ce qui est punk, c'est de ne pas y aller si tu n'es pas en accord avec tes convictions.

J'ai des projets de fiction
Depuis ta victoire à "Drag Race France", beaucoup de portes se sont ouvertes pour toi. Où vois-tu Paloma dans 5 ans ?
En Italie pour faire un lifting, sûrement ! En résidence à Vegas. (Rires) Je t'avoue que les projets à long terme que j'ai dans les tuyaux concernent la réalisation, la télé ou le cinéma. Des projets de fiction.

Devant et derrière la caméra, donc ?
Toujours devant, toujours derrière. (Clin d'oeil) Réaliser mon clip m'a fait énormément de bien. C'est ce que j'aime ! Je voudrais réaliser des oeuvres dans lesquelles il y a Paloma, comme ça tout le monde est content. Projet de film, de série, de fiction, et pourquoi pas d'animation ? Avec Paloma, j'ai accompli des choses que je n'aurais jamais pu imaginer. J'ai défilé à la fashion week, j'ai fait de la musique... Le drag a ce pouvoir. Tant que Paloma sera regardable, Paloma sera là !

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