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mercredi 21 novembre 2012 16:00

Leslie : "Un jour on vous piétine, le lendemain on vous adule"

Leslie publiera prochainement son cinquième album "Les enfants de l'orage", dont les singles "Des mots invincibles" et "Ma génération" sont extraits. Deux titres qui annoncent un tournant majeur dans la carrière de l'artiste qui a débuté il y a dix ans alors qu'elle n'était qu'une adolescente. Depuis, Leslie a grandi et appris les ficelles du métier, mûri artistiquement, et souhaite assouvir de nouvelles envies. La chanteuse se dévoile pour Pure Charts, révèle les grandes lignes de son nouvel opus et évoque ses projets de scène ainsi que ses envies de cinéma.
Crédits photo : David Benchetrit
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Ton album devait paraître au mois d'octobre, puis a finalement été reporté. Comment expliques-tu ces changements de plan ?
Leslie : En rentrant de vacances, j'ai voulu enregistrer de nouveaux titres. J'ai trouvé de nouvelles inspirations et j'avais l'impression que cet album n'était pas véritablement terminé. Tous les titres ne sont pas encore mixés. Il me reste les nouveaux titres à enregistrer, le mixage, le mastering... Donc je n'étais pas prête pour la date convenue au départ.

La dernière fois qu'on s'est croisé, c'était pour la sortie de l'album "A la recherche du bonheur", en 2010. Durant ces deux dernières années, l'as-tu trouvé ?
Le bonheur est une quête permanente. Disons que chaque jour est fait de plein de petits bonheurs. L'être humain est ainsi constitué. C'est un éternel insatisfait et il en redemande toujours, encore et encore. Je peux dire que je suis heureuse. Maintenant, le bonheur, ce serait d'en avoir plus. Ce serait de faire encore de la musique dans dix ans.

Je suis devenue une femme à part entière
On n'a pas eu beaucoup de tes nouvelles pendant ces derniers mois. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Pas mal de choses. Quand on s'était vu, j'étais dans un label indépendant. Depuis, j'ai signé avec une nouvelle maison de disques, chez Play On. Ça se passe très bien ! J'ai un nouvel agent. J'ai autour de moi une nouvelle équipe, donc il a fallu un petit peu de temps pour que tout se mette en place. Surtout qu'il a fallu de nouvelles chansons pour obtenir cette signature ! Et ça a pris ce temps-là.

C'est plus difficile d'obtenir une signature dans un label en 2012, toi qui avais déjà vécu l'expérience auparavant ?
Est-ce que c'est difficile ? Oui et non. Parce que quand on fait de la musique, on ne se pose pas trop de questions. On se dit simplement qu'il faut donner le meilleur de soi-même et faire la musique avec son cœur, ce que j'ai toujours fait. Après, soit les deux ou trois premières compositions qu'on propose séduisent, soit c'est un refus catégorique. Et puis on essaie ailleurs. On tente d'entrer par la porte et si ça ne passe pas, on entre par la fenêtre.

Tu as dû faire face à des refus ?
Non. J'aurais pu signer ailleurs mais ça ne s'est pas fait. Tout dépend de ce qu'on cherche et de la manière dont on se sent au sein d'une équipe. "Est-ce qu'on a envie d'être au cœur d'une grosse machine ?". Ce n'était pas mon cas. J'ai senti une ambiance assez chaleureuse, presque familiale avec des jeunes dynamiques et qui avaient l'air d'étudier au cas par cas chaque artiste. C'est la raison pour laquelle j'ai signé chez Play On.

Tu as fait ton retour cet été avec le single "Des mots invincibles", qui annonce un changement dans le style...
C'est vrai que c'est un tournant qui accompagne ma vie. J'ai 27 ans. Je suis devenue une femme à part entière. J'envisage la musique différemment. J'ai fait un album pour la scène. Pendant de longues années, j'ai eu l'impression d'être une artiste très productive en studio mais frustrée de ne pas avoir fait assez de concerts. Là, j'ai vraiment envie de me retrouver sur les routes. Je me sens mieux dans mes baskets. Je ne suis plus la petite adolescente un peu lisse que le public a connue. J'ai eu envie de choses différentes avec des textes plus matures. L'album est plus écrit, avec parfois une double lecture. J'avais envie de quelque chose de plus profond.

On a voulu faire un constat concret de notre société
Siméo n'est pas étranger à cette évolution...
Ce qui m'a permis d'en arriver là, c'est bien-sûr ma rencontre avec ce nouvel auteur puisque je n'avais jamais été auparavant que simple interprète. J'ai trouvé en lui quelqu'un qui m'a comprise à 300%. Notre rencontre est le fruit du hasard puisqu'il travaillait dans le studio à côté duquel j'enregistrais des chansons. Il m'a rapidement dit qu'il voulait travailler avec moi. On a fait un test sur un premier titre. On a trouvé que c'était bon. Il m'a écrit plusieurs morceaux dont "Les enfants de l'orage", qui est le titre de mon nouvel album. Le feeling est bien passé parce que c'est quelqu'un de ma génération, qui porte le même regard que moi sur le monde qui nous entoure. On a voulu faire un constat concret de notre société, où la musique est jetable, où l'amour est vite consommé. Il a su donner à mes chansons une touche d'espoir malgré la conjoncture.

Ecoutez le nouveau single de Leslie, "Ma génération" :


Le fait de confier l'écriture de tes textes à quelqu'un d'autre, qu'est-ce que ça a changé dans la perception que tu pouvais avoir du métier ?
On se retrouve forcément à un moment donné à discuter pendant des heures autour d'un mot sur lequel on n'est pas d'accord. Et ça c'était nouveau ! Quand on écrit, on a l'impression d'être plus libre alors qu'au final on s'autocensure plus facilement. C'est assez paradoxal. Quand on devient la "muse" de quelqu'un d'autre, tout est différent. Le regard change. On est peut-être plus objectif. Siméo a réussi à me faire chanter des choses que je n'aurais peut-être pas chantées en temps normal. Je ne me serais surement pas dévoilée comme il me l'a demandé. Peut-être par pudeur.

Qui sont "Les enfants de l'orage" ?
Tous les enfants ! C'est une façon de parler. Il est question ici de toutes les personnes qui traversent la crise. Je parle des personnes qui sont à la recherche d'un bonheur simple et à la fois de ceux qui sont en colère contre le gouvernement. Je parle des personnes qui se sentent rebelles et qui ont envie de s'en sortir. Des battants !

"Les enfants de l'orage", ce n'est pas aussi un bouclier derrière lequel tu te retranches pour exprimer tes propres opinions ?
Oui, puisque de toute façon les choses que je chante sont d'une certaine manière le fruit de ma pensée. Même si ce n'est pas moi qui ai écrit ces textes, ils évoquent ce à quoi j'adhère ou n'adhère pas, mis à part quand il s'agit de fiction. Pour le reste, je laisse le mystère planer… (sourire).

Crédits photo : DR.
Dans le titre "Des mots invincibles", tu évoques le métier d'artiste, et notamment le succès éphémère. Après dix ans de carrière, quel regard portes-tu sur le métier ? Comment a-t-il évolué ?
Etre artiste aujourd'hui, c'est avant tout arriver à construire une carrière. Il y a des hauts, il y a des bas. Un jour on a envie de vous piétiner, le lendemain on vous adule. Un jour vous êtes en vogue et le lendemain vous êtes has-been. Je pense qu'il faut savoir mener sa barque et aller là où on a envie d'aller pour ne pas avoir de regrets. Aller chercher le soleil, c'est se brûler les ailes. Autant ne pas aller chercher la gloire et partir du principe pour lequel on a fait ce métier, c'est-à-dire la passion. Et tant qu'on agit avec son cœur, et qu'on est le plus sincère possible, le public ne s'y trompe pas. Après, qu'on m'aime ou qu'on me déteste, ça fait partie du jeu. Je l'accepte volontiers.

Mon rêve c'est de donner un concert au Japon
A un moment ou un autre, tu as souffert des critiques ?
Je ne peux pas dire que j'ai vraiment souffert de la critique. Mais on est tous des êtres humains et, à un moment ou un autre, on peut être touché par une phrase ou une autre lancée à notre encontre. D'ailleurs, je constate que les critiques sont assez virulentes sur Pure Charts ! (Sourire) Mais j'aime aussi cette liberté d'expression sur Internet. On part du principe qu'il est plus facile de s'exprimer via des réseaux sociaux. Ça fait partie du jeu ça aussi...

Dans le clip "Des mots invincibles", on remarque deux personnages très célèbres : Marilyn Monroe et Charlie Chaplin. Selon toi, quelle est - s'il en existe une - la différence entre une star et un artiste en 2012. Est-ce que ce sont deux choses distinctes ?
Pour moi, la notion de star arrive quand on commence à connaître un succès international. Pas avant ! Je fais aussi la distinction entre star et icône. Les icônes, ce sont celles qui ont marqué durablement l'histoire, comme Marilyn Monroe justement, pour tout ce qu'elle a fait. Le terme artiste est quand même assez généraliste. N'importe qui peut devenir un artiste !

Regardez le clip "Des mots invincibles" de Leslie :



Tu rêves d'être une star ?
Je n'ai jamais rêvé d'être une star. Je cherche simplement à avoir la carrière la plus longue possible. Je réfléchis de manière très cartésienne. Je suis consciente de la crise que traverse le monde de la musique, mais on a toujours l'œil qui brille en pensant qu'un jour peut-être on aura la chanson qui fera qu'on peut partir chanter à l'étranger. J'aimerais beaucoup me produire dans les pays asiatiques. Pour beaucoup, le rêve c'est d'aller chanter aux Etats-Unis. Moi ça ne me fait ni chaud ni froid, les Etats-Unis. Mon rêve c'est plutôt de donner un concert au Japon.

Jouer un rôle de chanteuse dans un film, ça ne m'intéresse pas
La sortie l'an prochain de ce nouvel album sera-t-elle l'occasion pour toi de partir en tournée ?
En ce moment même, je suis en train de monter une équipe de musiciennes. J'en avais un peu marre de travailler toujours avec des hommes ! (sourire) C'est peut-être aussi pour partager des moments de complicité entre nanas. Et puis, je trouve que les femmes sont bien trop peu nombreuses dans cet univers, et j'ai envie de mettre en avant leurs talents. On essaiera de partir en tournée l'année prochaine.

Ton dernier single a été remixé avec la complicité de Youssoupha. On a vu ce rappeur avec Irma aussi pour un remix de son tube "I Know". Des rencontres artistiques généralement réussies qui permettent de toucher un plus large public en étant diffusé sur différents types de radios. Tu pars à la conquête d'un nouveau public ?
Non ! Le but n'était absolument pas de partir à la conquête d'un nouveau public. Je connais Youssoupha depuis très longtemps. On a travaillé ensemble sur un autre projet par le passé. Ce remix, c'est un cadeau pour le public. Comme ce n'est pas notre création mais une collaboration sur quelque chose de déjà existant, c'est juste un bonus pour cette chanson. Youssoupha est un artiste que j'admire énormément. Il a une superbe plume. Je sais qu'on sera amené à faire autre chose encore par la suite.

Si on devait synthétiser le son de ton nouvel album et tenir le public en haleine, comment le décrirais-tu ?
C'est un album résolument pop, voire rock dans ses côtes les plus sombres. Un album conscient, générationnel, et surtout, je l'espère, à la hauteur des espérances du public.

Après dix ans de carrière, que te reste-t-il à accomplir ?
J'aimerais gagner encore en maturité et assouvir toutes les envies que je n'ai pas eu le temps d'assouvir durant ces dix ans. Je voudrais aussi me consacrer à d'autres activités qui me plairaient beaucoup, comme le cinéma par exemple. J'ai déjà reçu quelques demandes, mais si c'est pour jouer un rôle de chanteuse dans un film, ça ne m'intéresse pas. Je suis une grande cinéphile. J'ai donc des envies qui sont en accord avec mes goûts. A suivre… (sourire) !
Pour en savoir plus, visitez le site internet officiel de Leslie.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Leslie sur Pure Charts.

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