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dimanche 04 juillet 2021 18:00

Kyo en interview pour son retour : "Le nouvel album sera joyeux, rock et brut"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Après quatre ans d'absence, Kyo est prêt à écrire le sixième chapitre de sa carrière avec un nouvel album prévu cet automne. Alors que la bande dégaine deux nouveaux titres rock dont "Mon époque", Benoît Poher, le chanteur, en dit plus sur ce projet musical à la dimension cinématographique, l'impact du confinement sur son enregistrement, l'arrivée d'un nouveau membre et l'envie de ne pas être réduit aux tubes qui ont fait son succès.
Crédits photo : Laura Gilli
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Dans quel état d'esprit êtes-vous avec les garçons, à l'aube de cette nouvelle ère ?
A chaque nouveau chapitre, il y a toujours une forme d'excitation et un peu d'appréhension. On avait dit qu'on essaierait de réduire le temps entre deux albums, ça n'a une fois de plus pas été le cas. (Rires) Après trois ans de travail, on a tellement envie que les gens puissent l'entendre. J'ai l'impression que les retours des fans sur le premier clip sont bons donc c'est rassurant. L'excitation prend le dessus.

Le départ de Fabien [Dubos] a déstabilisé les fans de la première heure
Vous avez des circonstances pour justifier ce délai, avec ce qu'on a traversé !
Il y a eu un peu de retard mais on n'a pas été plus impacté. Durant cette période, il y avait deux catégories d'artistes : ceux qui partaient en tournée et ceux qui écrivaient un disque. Nous, on était dans le deuxième cas même si ça a par la force des choses crée des petits délais, notamment sur le début de l'enregistrement qu'on a fait par Zoom ! C'était absolument... horrible. (Rires) Ce n'est pas comme ça qu'on fait un disque. Ça a pris plus de temps, mais bon. Finalement on s'est retrouvés à Bruxelles pour terminer l'album et c'était cool. Même si là-bas, ils avaient les mêmes galères qu'en France avec les contraintes sanitaires.

Avoir un nouveau batteur dans le groupe, qu'est-ce que ça change ?
Jocelyn [Moze] joue vraiment différemment. Moi je suis habitué aux deux : j'ai toujours connu Fab dans Kyo et Jocelyn était le batteur du groupe Empyr. On a fait deux albums et deux tournées ensemble. Je connais son jeu par coeur ! Il amène son approche de la batterie sur Kyo. Artistiquement, il a vraiment un avis tranché. Là où avant on pouvait mettre très longtemps à prendre une décision parce qu'on a une démarche démocratique... D'avoir un caractère un peu plus rentre-dedans, ça fait aboutir plus rapidement les choses. L'apport, il est là.

Avec Fabien, vous étiez ensemble depuis vos débuts en 1994. Son départ a-t-il remis en question l'avenir de Kyo ?
Pas vraiment pour nous. Je pense surtout que ça a déstabilisé les fans de la première heure, qui préfèrent toujours le line-up originel. Moi-même en tant qu'auditeur... Ceci dit, j'ai le contre-exemple avec les Guns N' Roses où le premier batteur présent sur "Appetite for Destruction" avait été remplacé par la suite : nous, on préfère le deuxième ! (Sourire)

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Pourquoi avoir choisi de revenir avec le titre "Margaux, Omar, Marlow" ?
Le concept est venu après l'écriture de l'album. Sur le papier, ça peut paraître une mauvaise idée ! En réalité, j'avais écrit ce titre où je raconte l'histoire de trois personnages qui s'entremêlent, une première pour moi. Pour tous les morceaux, j'ai essayé d'avoir une singularité d'approche. Un matin, pendant l'enregistrement de l'album, Nicolas [Chassagne, le guitariste ndlr] est venu me voir en me disant : "J'ai l'impression que dans les autres chansons du disque, tu parles aussi de Margaux, Omar et Marlow". Il trouvait qu'il y avait vraiment une cohérence, une unité. Plus on se penchait sur les textes, plus on s'apercevait que presque tout l'album pouvait rentrer dans cette histoire. On n'arrivait pas à la lâcher. Finalement, on la développera autour de quatre chansons et comme ce titre-là introduit les personnages, ça faisait sens de le sortir en premier.

J'ai toujours la même fascination pour la jeunesse
C'est un concept qui vous permet de parler de la jeunesse d'aujourd'hui ?
C'est le but. Je viens d'avoir 42 ans et j'ai toujours la même fascination pour ce moment charnière de la vie, pour ce qu'est l'adolescence et le début de l'âge adulte. On le saisit bien dans le clip : il y a dans cet âge quelque chose d'innocent, d'un peu sauvage, qu'on peut perdre avec le temps. En plus, ça permet de développer l'histoire de ces personnages sur le long terme : pourquoi ne pas les revoir dans un morceau ultérieur ? Savoir ce qu'ils sont devenus à mon âge justement, la quarantaine. L'idée me plaît beaucoup.

Tu évoques le clip, à mi-chemin entre "Jules et Jim" de François Truffaut et "Une fille, deux garçons, trois possibilités" d'Andrew Fleming. Ces influences cinématographiques étaient conscientes ?
Elles étaient même plus que conscientes. Quand j'écris, j'écris énormément en pensant aux images que ça pourrait donner. Je suis autant passionné par le cinéma que la musique. Alors si j'ai la possibilité de concilier les deux, je ne vais pas me priver. (Sourire) C'est la première fois qu'on s'approche aussi près d'un mélange entre ces deux moyens d'expression. J'ai très envie de faire du cinéma moi, clairement. Depuis longtemps. Pas jouer mais écrire des histoires, et c'est sûr que je vais essayer de le faire. Ce projet-là me permet de mettre un pied dedans alors c'est très excitant.

J'ai très envie de faire du cinéma
Le lead single de ce nouvel album est "Mon époque". Que dit ce titre de notre époque, justement ?
En fait, j'ai deux-trois façons d'écrire différemment. Il y a des morceaux qui sont très terre à terre, comme "Margaux, Omar, Marlow". Même s'il y a de la poésie, je raconte globalement ce que vivent les protagonistes. "Mon époque" c'est un peu plus imaginé, comme j'aime le faire sur pas mal de textes. Je ne sais pas si je raconte quelque chose de précis sur notre époque mais j'y parle de choses qui me font réfléchir, qui ressortent de manière très brute. Il y a par exemple cette phrase « Je suis mal dans ta peau, t'es mal dans la mienne » pour parler de l'incompréhension entre les gens. Quand je chante « Tous nés sous un cimetière d'étoiles, mais pas tous aussi bien nés », c'est pour évoquer l'égalité des chances, un thème qui me tient à coeur. Il n'y a aucune gloire à réaliser des choses incroyables si tu ne pars pas sur la même ligne de départ que les autres.

Musicalement, vous aviez envie de proposer un titre rock et énergique pour coller au déconfinement, à la bonne humeur qui revient ?
C'est un hasard, en quelque sorte. On n'avait pas prémédité ce qui allait arriver quand on a enregistré les paroles « J'ai le mal de mon époque » ou « Je n'veux pas rester seul » car elles étaient écrites bien avant la pandémie. Mais puisque le thème colle à la situation, ça nous a sans doute influencés dans le choix d'en faire le premier single. Tu as raison, au niveau de l'énergie, on a senti que les gens avaient vachement envie de s'aérer l'esprit cet été, d'un morceau qui met la pêche et pas d'une ballade dépressive. D'ailleurs on n'en a pas énormément dans l'album, contrairement à d'autres disques qu'on a pu faire. C'est un petit peu plus joyeux, rock et brut dans sa généralité.

D'autant que le clip nous invite à se lâcher pour faire la fête, on ne peut pas faire plus actuel.
Je pense qu'on n'est pas les seuls à proposer cette idée-là, en ce moment. (Rires) Tous les artistes auront sans doute envie de proposer des clips avec des gens qui font la fête.

Regardez le clip "Mon époque" de Kyo :



Artistiquement, c'est une période très exaltante
Qu'est-ce que tu peux me dire sur cet album, sur les inspirations, les envies, les sonorités ?
On calcule très peu ça en amont quand on commence à écrire la musique et les paroles. On parlait de l'arrivée de Jocelyn dans le groupe tout à l'heure, je pense que lui avait dès le départ envie que ça sonne groupe, justement. A l'écoute des morceaux, on sent que c'est un groupe qui joue, on avait envie d'entendre qu'il y a de la basse, de la batterie et des guitares, pas des machines. On a énormément tenté de préserver cette énergie-là sur l'intégralité de l'album, et même sur des morceaux plus calmes, pour amener un côté plus spontané. On a passé moins de temps à mettre des couches d'arrangements. Sur les textes, je me suis efforcé de trouver un angle particulier. Il y a un morceau qui s'appelle "Enfant de la patrie" où je joue avec les trois couleurs bleu, blanc, rouge du drapeau français. Un autre, "Mon immeuble", où j'ai compilé toutes les petites anecdotes de voisinage que j'avais dans la tête, quand tes voisins font trop la fête, tapent contre les murs ou baisent les fenêtres ouvertes. (Rires) Je trouvais ça rigolo. Il y a un titre conceptuel qui s'appelle "Quand je serais jeune" et raconte tout ce qu'on aurait aimé changer et qu'on ne peut plus aujourd'hui. Toujours ce lien avec le temps qui passe...

Il sortira quand ?
L'album je pense qu'il arrive fin octobre, début novembre. D'ici là, on va sortir d'autres clips. Ça c'est trop cool parce que le label nous donne la possibilité de sortir plusieurs clips sur des morceaux qui ne sont pas des singles. On nous laisse la chance et l'opportunité de développer un vrai univers avant même la sortie du disque. Ça fait plaisir parce que la plupart du temps, un label t'autorise à tourner un gros premier clip et puis le reste ça dépend un peu du succès commercial de l'album. C'est un gage de confiance qui est vachement agréable et rassurant. Si tout se passe bien, on pourra continuer à tourner d'autres vidéos donc on mettra beaucoup de choses en images. Artistiquement, c'est une période très exaltante et qui m'amuse plus sur que l'album précédent, où j'étais un peu frustré.

A quel niveau ?
Je trouve qu'on s'est un peu foiré sur l'image. Il n'y a pas eu de clips marquants. Ça m'a vraiment fait chier. Là, on avait envie de proposer un univers plus maîtrisé et je crois qu'on est sur la bonne voie.

On regarde nos anciens tubes avec tendresse
Kyo reste une madeleine de Proust pour toute une génération. Tu as l'impression que vos tubes d'avant vous collent à la peau ou qu'inconsciemment, vous essayez de vous en détacher quand vous créez de nouveaux morceaux ?
On peut essayer, hein ! Mais on ne s'en détache jamais, ça ne marche pas comme ça. Ces titres-là, on les regarde avec beaucoup de tendresse. Je sais que c'est une question que je m'étais vachement posée quand on avait fait notre pause de 10 ans. Comment j'allais pouvoir remonter sur scène et chanter "Je cours", qui parle d'un gamin au collège sur fond de harcèlement ? Quand on est revenu, j'avais 32 ou 33 ans, j'étais loin de ces thématiques-là. J'ai toujours à coeur de chanter des trucs que je ressentais, ça faisait d'ailleurs partie de l'ADN de Kyo, et je trouvais ça bizarre au début de rechanter ces textes. Mais rapidement, j'ai vu que les gens avaient grandi aussi, durant ces 10 ans, et que ça leur faisait exactement le même effet. Ils ne vivaient plus les mêmes émotions mais en revanche, c'est devenu un moment de partage d'une époque qui avait vachement compté pour eux. Et je me suis dit : c'est eux qui ont complètement raison, il faut que j'arrête de me stresser là-dessus. Ces tubes, c'est une célébration d'une époque qui a été marquante. Quand je chante "Dernière danse" aujourd'hui, je me remémore tous les souvenirs des moments incroyables qu'on a vécus grâce à cette chanson. Donc il y a beaucoup de tendresse, pas de frustration. Et puis c'est tellement difficile d'avoir un titre qui a marqué les gens : quand tu en as un, il ne faut pas le renier. (Sourire)

Et puis 20 ans après, les fans sont encore là donc c'est que l'histoire continue...
Oui, je crois que "Le Graal" a fait beaucoup de bien. C'est un titre qui a cartonné alors qu'il est très différent des autres, on flippait vachement de revenir avec ce single, on n'était pas serein. De voir que ça marche dans les médias et aussi sur scène, parce que les gens sont fous quand on joue ce morceau, ça permet d'avoir une légitimité dans le temps. Après, je ne te cache pas que j'aimerais beaucoup avoir un autre gros titre qui marque, que ce soit "Mon époque" ou un autre. Je comprends ta question parce qu'effectivement, je n'ai pas envie toute ma vie que les gens attendent pendant deux heures dans nos concerts qu'on joue "Dernière danse" à la fin. Donc faut réussir à les convaincre aujourd'hui. Il faut rester pertinent. De toute façon, on va vite le voir !
Toute l'actualité de Kyo sur son site internet officiel et sa page Facebook.
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