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samedi 12 décembre 2015 11:31

Fréro Delavega en interview : "On est devenus des people mais on ne l'a pas choisi"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Pour la sortie de son deuxième album "Des ombres et des lumières", le tandem Fréro Delavega a accepté de répondre aux questions de Pure Charts. Florian et Jérémy évoquent sans tabou le poids du succès, les conséquences sur leur relation, leur collaboration avec Tété, leur difficulté à assumer le remix du "Chant des sirènes", leurs motivations...
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Il est 14h30 passées dans les locaux d'Universal Music France, quand Florian et Jérémy, alias Fréro Delavega, se posent sur un canapé avec leurs sandwiches. Agréables et disponibles, en plein tourbillon depuis "The Voice", les complices se livrent, autour de leur nouvel album, qu'ils n'ont pas tardé à proposer pour être en phase avec leur état d'esprit actuel.

Votre premier album s'est vendu à plus de 300.000 exemplaires. Vous vous attendiez à cet accueil ?
Jérémy : Pas du tout, personne ne s'y attend. Nous on a fait cet album, après c'est la maison de disques qui a travaillé dessus et qui l'a sorti. C'est eux qui l'ont provoqué, on ne s'attendait pas à ce que ça explose autant. On est parti en tournée, à fond sur les routes, je pense que c'est ça aussi qui a fait le succès. Il y a eu le bouche à oreille, le live a installé une certaine marque. Les gens ne s'attendaient pas à voir ça en live. Ils avaient une certaine image de nous et en sortant du concert, ils en avaient une autre.

On avait envie de raconter une autre histoire
Vous revenez déjà avec un deuxième album "Des ombres et des lumières". Est-ce que c'est pas un peu tôt ? Vous avez été très exposés...
Florian : C'est tôt effectivement. Ça fait un peu plus d'un an, ce qui est tôt pour l'exploitation d'un disque. Mais là ça va au-delà, ça partait d'une envie de dire autre chose, de raconter une autre histoire, une envie d'actualiser qui on est. Une envie d'assumer plus ce qu'on va chanter et ce qu'on va dire aux gens.

Vous avez signé l'un des tubes de l'été avec le remix du "Chant des sirènes". Vous ne vous êtes pas dit que c'était un peu risqué ? Même si le genre fonctionne bien, vous partiez dans un autre univers...
Jérémy : Ah si si ! Nous on se l'est dit. (Rires)

Florian : On se l'est dit. On s'est même affirmés à pas du tout assumer ce remix. Parce que ce n'est pas un remix que nous on a choisi. Nous, on a fait une version. Il y a un remix qui a été fait. Libre à lui de vivre ! C'est lui qui a vécu. Ça a permis de faire connaître "Le chant des sirènes". C'est comme ça. Nous on n'a pas fait ce remix.

Ça a pourtant très bien marché. Vous pourriez être tentés d'en refaire un...
Florian : Non non... En tout cas, s'il y a un intérêt artistique, ça peut se faire ad vitam aeternam. S'il y a un intérêt économique et commercial, on aimerait bien savoir mettre la barrière où il faut.

Vous écrivez vos chansons, l'un de vous est musicien, mais vous avez travaillé avec de nouveaux auteurs dont Tété qui a écrit "Ton visage". Quand on arrive devant Tété, on a envie de gommer l'étiquette "The Voice" ?
Jérémy : On a surtout l'étiquette "Wow on a envie d'écrire une chanson avec lui" car il est hyper fort.

Florian : Et puis s'il s'est déplacé, l'étiquette "The Voice", clairement, lui il s'en fout. Donc il n'y a pas de complexe à avoir.

Découvrez le clip "Ton visage" :



Et pourquoi ne pas tout faire vous-mêmes après tout ?
Florian : On fait déjà les choses nous-mêmes. On a écrit 80% de l'album. C'est pas une règle, on avait envie de tout faire nous-mêmes, comme sur le premier. Mais après il y a des opportunités, des rencontres... Et ça créé des chansons qu'on aime, donc on se dit qu'on va les mettre.

Jérémy : C'est pas du tout des envies de combler des trous d'album, c'est avant tout des envies artistiques de vouloir avoir d'autres idées venant d'autres personnes.

On a constaté qu'il y avait déjà des dysfonctionnements entre nous

Et tout s'accorde avec votre univers finalement...
Jérémy : Oui mais on le créé cette chose-là. A la base, on adore leur style propre, et après on l'arrange à notre sauce à nous quand ils nous envoient le titre.

C'est un exemple pour vous Tété ?
Jérémy : C'est un artiste qu'on admire beaucoup, surtout son écriture.

Et sur scène, il est incroyable...
Jérémy : Je n'ai pas encore eu la chance de le voir sur scène, mais il doit être très bon aussi car il est très intelligent, il a l'air drôle, il doit être très proche des gens. J'aimerais bien le voir en live !

Dans une interview au Parisien vous avez dit : "On était contraints de subir les choses. La famille, la chérie, c'était fini. On arrivait, on commençait les interviews jusqu'au soir, et on rentrait. On finissait par connaître l'autre en fonction des réponses qu'il donnait aux journalistes". Est-ce que vous avez eu peur que le succès, ce tourbillon, vous éloigne l'un de l'autre ou affecte votre relation ? Ou même votre créativité ?
Flo : Non, peur, non. Parce que la peur c'est ce qui provoque le truc. Quand on a constaté qu'il y avait déjà des dysfonctionnements...

Jérémy : Humains.

Florian : ... mais qu'on a dans toutes les relations, tout le temps. Après quand tu vis tous les jours avec la même personne, ces dysfonctionnements ils s'additionnent. C'est ça qui créé l’ambiguïté dans le temps. Parce que des dysfonctionnements de communication, on en a tous les jours, avec tout le temps. Du coup, quand on a constaté ça, on a sonné la sonnette d'alarme... C'est nul comme expression. Vraiment pourri. (Rires) Non mais on s'est parlé du coup, on s'est dit les choses, ce qu'on ressentait, ça a calmé le truc. Ça permet de repartir sur des bonnes bases, d'actualiser les choses aussi, se rassurer l'un l'autre. Se dire "Il se passe rien là, on est d'accord ?".

Ce n'est pas à nous de donner de l'espoir aux gens
Vous êtes devenus très populaires grâce à la musique, mais du coup on vous a aussi beaucoup vu dans les magazines people. Est-ce qu'à un moment, on a peur de la frontière entre l'artiste et le people aux yeux des gens ?
Florian : Tu es les deux. Tu choisis pas. C'est pas toi qui choisis. Ce sont les gens et les médias. On aurait très bien pu rester au stade de... Peu importe quel stade. Après, c'est y croire ou ne pas y croire, se limiter ou pas se limiter. On n'a pas eu peur de ça.

Jérémy : Non, on n'a pas eu peur parce que ce sont eux qui nous mettent à ce statut-là. Nous, on est artistes, on écrit des chansons et on fait de la musique. Eux, s'ils veulent nous mettre dans cette case-là, ils le font. Ce sont eux qui décident de tout.

Florian : Eux, ce sont les gens et les médias.

Jérémy : Surtout les médias.

Florian : Il faut que les gens soient là... Si personne n'achète... Mais en général, les gens achètent ce que les médias leur montrent.

Jérémy : Il y a des gars, ils sont connus, tu ne sais pas pourquoi.

Mais c'est ça le risque dont je parlais aussi. Celui de devenir "le petit ami de" plus que "le chanteur de telle chanson"...
Florian : Mais ça, on y a pensé même avant de faire "The Voice". C'était l'enjeu. On avait déjà refusé auparavant car on savait que l'image qui allait être reçue, ça pouvait être ça. Donc il fallait savoir où on allait, qu'on impose une direction, pour que quand on participe au truc on dise "Non, les gars, nous c'est ça en fait". Rien d'autre. On a pris le temps et quand on s'est décidé, on a su pourquoi on le faisait. On savait qu'il y aurait un décalage, mais on savait aussi que ce qu'on allait proposer aux gens dans les concerts, dans nos chansons, ça allait dépasser ça. Ca a été assez rapide. Parfois, on a eu la sensation que c'était long parce qu'on évolue plus vite. D'où l'intérêt d'écrire un album aussi rapidement...




Dans "Le coeur éléphant", vous chantez "Je mettrais tout mon poids pour faire pencher la vie du bon côté". C'est ce que vous faites avec vos chansons, donner de l'espoir, être le parte parole de...
Florian : Non.

Jérémy : Porte-parole de nous-mêmes ! (Sourire)

Des carrières solo ? On ne se projette pas trop
Flo : On n'a pas envie d'assumer ce poids. Donner de l'espoir... Nous, notre discours il n'est pas tellement dans cette direction. Ce n'est pas à nous de donner de l'espoir aux gens. C'est à eux de trouver l'espoir qu'ils ont en eux. Et nous du coup, on parle de ça, des choses qu'on a vécu, qui nous ont donné foi en la vie, qui nous rendent heureux. Ce détachement par rapport à l'illusion, de tous les rôles qu'on joue tous à notre niveau. Peu importe où on est, on vit tous une expérience. Ce détachement par rapport au contexte de vie même si nous on est très favorable, c'est très facile de penser comme ça... Nous c'est ça qu'on veut livrer aux gens. C'est pas "Ne vous inquiétez pas, on va sauver le monde. Venez !". Nous, on va rien sauver du tout ! On va sauver notre peau à nous. On va essayer de faire les choses qui nous semblent bonnes. Si on a envie de les exprimer et de les dire aux gens, on le fera. Mais ce sont les gens qui vont trouver leur voie. Nous, on est de simples humains. Après oui, on est écouté, donc effectivement il peut y avoir une influence, mais c'est un poids que je n'ai pas trop envie d'assumer.

Pourquoi ? Ca fait peur ?
Florian : Non mais déjà mon propre poids, ma propre vie. On a tous nos problèmes, on a tous nos façons de voir la vie, nos contradictions, nos culpabilités. Donc je préfère m'occuper des miennes, essayer de me régler moi tout seul, avant de régler les autres. Sinon on s'en sort plus ! (Rires)

"Entre ciel et terre" et "Mes autres" sont des titres solo sur l'album. Vous aviez déjà fait ça sur le précédent. Vous préparez le public à un futur en solitaire, l'un sans l'autre ? Vous y réfléchissez ?
Florian : On ne se projette pas trop, même si ces chansons en question ce sont des moyens pour nous d'exprimer autre chose, de faire un petit écart. Même si on reste quand même dans ce qui ressemble au reste. On n'est pas dans un truc opposé. C'est important pour nous d'avoir cet espace. On n'est pas du tout là-dedans. Il peut se passer tellement de choses... On n'a pas envie de dire "Oui, on va faire ci, on va faire ça". On tente, nous, de communiquer le plus possible sur nos envies. Et voilà, on verra ce qu'il va se passer. Cet album il nous plait à tous les deux. On veut tourner jusqu'en 2017. Après, on a envie de prendre des vacances. On aimerait bien vivre un peu. La décision elle se prendra à ce moment-là. Mais en fait il n'y a pas de décision à prendre... Et puis c'est un truc qui ne regarde que nous.

Toute l'actu des Frero Delavega sur leur site internet et leur page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez le nouvel album de Fréro Delavega sur Pure Charts.

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