Francoise Hardy

Crédits photo : Abaca
Partir quand même... à la retraite ? La mobilisation continue contre la réforme des retraites, prévoyant le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Ce jeudi 13 avril, une nouvelle journée de grève est prévue, notamment dans les transports en commun franciliens. Si beaucoup d'artistes du monde de la culture, comme Patrick Bruel, SCH, Gauvain Sers ou les actrices Laure Calamy et Corinne Masiero, ont exprimé leur mécontentement à ce sujet, une artiste surprend puisqu'elle affiche clairement son soutien à la réforme des retraites. Dans une nouvelle interview accordée au JDD, la chanteuse de 79 ans dit n'avoir « sûrement pas » signé la lettre demandant le retrait « immédiat » de la réforme comme 300 autres artistes du milieu de la culture : « Je m'intéresse aux réalités économiques et j'ai compris qu'il y a plusieurs raisons impératives d'effectuer une réforme des retraites ».

"Une France qui se laisse manipuler par les extrémistes"

Selon elle, la France est le seul pays européen à avoir un âge de départ légal à la retraite aussi bas : « Tous les pays européens ont mis l'âge de retraite à 65, 66 ou 67 ans, sauf le nôtre dont la dépense publique est la plus élevée d'Europe. (...) Et puis les retraités vivent de plus en plus longtemps et, actuellement nous n'avons même pas deux actifs pour un retraité ». Ainsi, l'interprète de "Message personnel" dit avoir « honte de ce qui se passe dans une France qui se laisse manipuler et désinformer par des extrémistes, de gauche ou de droite : la LFI, la NUPES, Marine Le Pen, etc. ».

"Paris est un repoussoir touristique"

Et pour Françoise Hardy, « les grèves répétées aggravent un peu plus la situation économique ». Elle pointe notamment du doigt « les problèmes de transport que [les grèves] provoquent et qui empêchent beaucoup de gens de se rendre normalement à leur travail et même certains d'entre eux de travailler » mais aussi l'insalubrité de Paris, récemment dénoncée par Pierre Perret dans sa chanson à succès "Paris saccagé". Elle parle d'une « transformation de Paris et du pays en repoussoirs touristiques, sans parler de toutes les violences et des nombreuses dégradations matérielles inadmissibles dont les réparations coûtent cher ». Celle qui cite Raymond Barre, Michel Rocard et Hubert Védrine comme ses personnalités préférées (« Ils ont toujours tenu à être dans la réalité des faits ») l'avoue sans fard : « Ce ne sont pas les partis qui m'intéressent mais les personnalités. Je ne me sens pas de droite - surtout en ce moment - et encore moins de gauche ».

Enfin, l'artiste, qui lutte contre un cancer du pharynx depuis 2019, se dit heureuse de l'ouverture du débat sur la fin de vie en France, cause qu'elle défend depuis des années : « La France est retardataire sur tellement de plans ! Il était grand temps qu'elle se débarrasse de certains préjugés religieux. Ne pas aider à partir quelqu'un qui souffre le martyre d'une maladie incurable m'a toujours paru inhumain ». En 2012, Françoise Hardy s'était déjà insurgée contre la réforme prévoyant la hausse de l'ISF, pour taxer à 75% les revenus supérieurs à un million d'euros. « Je suis si peu certaine de pouvoir payer mes impôts et mes charges avec un revenu hypothétique de 150.000 euros par an » avait-elle déclaré à l'époque, annonçant qu'elle souhaitait déménager pour trouver un appartement « beaucoup plus petit ».