Francis Cabrel

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Depuis 1977, Francis Cabrel berce les Français avec ses chansons populaires confectionnées à la guitare. Et le succès ne s'est jamais démenti pour le chanteur, dont le dernier album "A l'aube revenant", entré numéro un des ventes en octobre, a déjà envoûté plus de 200.000 mélomanes. Un plébiscite unanime pour un artiste discret qui a su cultiver le goût du secret comme peu de personnalités ont su le faire, à l'exception peut-être de son ami Jean-Jacques Goldman, qu'il a perdu de vue. Ses derniers titres comme "Te ressembler" ? Il les a fabriquées chez lui dans sa maison située à Astaffort, dans le Lot-et-Garonne, où il mène une vie paisible loin de l'agitation médiatique. « C'est du temps que je prends pour m'appliquer à faire des chansons. Lorsque je réapparais, j'ai l'impression d'avoir fait un maximum, pour eux, pour ne pas les décevoir (...) Je suis très très heureux de leur présenter mes nouvelles chansons. Ça m'a pris du temps » expliquait-il à Laurent Delahousse sur France 2 à propos de ses longues absences.

"Je me trouve barbant"

Et cette discrétion légendaire, Francis Cabrel la chérit par dessus-tout. Dans un entretien en forme de bilan accordé aux équipes de "Sept à huit" depuis son cocon familial, l'artiste de 67 ans se satisfait que le grand public en sache peu sur sa vie privée. On ne le connaît pas assez ? « Eh bien tant mieux » répond-t-il avec calme et sérénité : « Ça m'arrange, en fait. C'est ce que je voulais finalement qu'on ne me connaisse pas tant que ça. Je suis assez content effectivement d'avoir mené ma vie comme ça, entre des apparitions où je m'approche de ce qu'on appelle le show business et puis des longues périodes justement où je m'en éloigne pour vivre comme un père de famille, un villageois tranquille ». Et la raison pour laquelle Francis Cabrel s'exprime rarement est toute simple : « Je me trouve ennuyeux. Mais alors, vraiment barbant, il n'y a pas d'autre mot ! ».

"L'époque est dure"

Se décrivant comme un enfant « replié sur lui-même », le musicien dit avoir hérité de ce trait de caractère de son père, à qui il dédie la première chanson de son nouvel album. « Il était ouvrier, il travaillait dans les fermes. C'était quelqu'un de la terre. Et moi j'ai rêvassé devant une guitare, une feuille en papier, puis c'est parti comme ça. De temps en temps, je culpabilise par rapport à lui et tout ceux qui l'ont précédé dans la famille. Je mène une vie de papillon » décrypte Francis Cabrel, parvenu à trouver un équilibre entre sa vie de star en tournée et son rôle de père pour ses trois filles, Aurélie, Manon et Thiu : « Ce n'est pas un exploit. C'est naturel, humain. Chanter ça m'a quand même paru de suite assez factice, cette effervescence qu'il y a autour d'un chanteur (...) On est arrivé [avec les autres chanteurs de ma génération] après ces années yéyé qui étaient très exubérantes, qui faisait hurler tous les publics. On était l'inverse, des gens discrets, timides ».

De sa petite commune du Sud-Ouest, Francis Cabrel reste néanmoins observateur de son temps. Le chanteur partage ses inquiétudes à propos du monde dans lequel il voit ses enfants grandir. « Il n'y a pas que des sujets rassurants dans l'époque. Je la trouve dure. Elle est crue, elle est dure, elle est violente par rapport à celle que j'ai vécue moi (...) Tout ce qu'il y a autour des attentats, des affrontements hebdomadaires avec la police. La violence est d'une banalité » estime l'interprète de "Dur comme fer", pour qui « c'était mieux avant » : « Ce sont des choses qu'on ne vivait pas ».