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samedi 11 mai 2024 12:59

Angelina Mango (Italie) en interview : "L'Eurovision n'arrive qu'une fois dans une vie"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Ce soir, le monde entier aura les yeux rivés vers l'Eurovision. Si Slimane espère décrocher la victoire avec "Mon amour", la chanteuse italienne Angelina Mango figure depuis des semaines parmi les favorites avec sa chanson "La noia". Rencontre !
Crédits photo : Alma Bengtsson
Propos recueillis par Yohann Ruelle, une semaine avant l'Eurovision.

Le public français te découvre avec l'Eurovision 2024. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bien sûr ! Je suis Angelina Mango, j'ai 23 ans et je viens d'Italie. Je vis à Milan mais je suis née dans le sud du pays à Maratea, dans la région de la Basilicate. J'ai toujours aimé faire de la musique depuis que je suis toute petite. Je pense même avoir commencé à chanter avant même de parler ! (Rires) J'ai grandi dans une famille de musiciens [son père est Giuseppe Mango, sa mère Laura Valente, ndlr] et cela m'a toujours imprégnée. C'est très important pour moi de communiquer à travers la musique, et je l'ai appris dès le plus jeune âge. Voilà, c'est ça ma vie !

La musique n'était pas un choix mais une évidence
Quel est ton premier souvenir avec la musique ?
Quand j'avais deux ans, je m'amusais à un petit jeu. Je chantais par dessus les chansons de mes parents. Ce n'est pas vraiment un jeu mais moi, c'était mon moment préféré ! J'adorais ça. Quand j'avais cinq ans, j'ai écrit ma première chanson. Elle s'appelait "Je suis tombée amoureuse de moi". (Rires) C'est mon frère qui avait fait la mélodie et je me suis chargée des paroles ! Je pense que je la sortirais un jour parce qu'elle est magnifique.

La musique t'a donc toujours entourée. Tu rêvais de devenir chanteuse ?
Non ! Je ne savais pas ce que je voulais faire en grandissant. En réalité, j'étais musicienne mais je voulais devenir danseuse. Ou peut-être autrice. J'ai décidé de faire de la musique ma vie quand j'ai terminé le lycée. J'ai dû travailler dur. J'ai commencé à faire du babysitting en parallèle de mes études. Mais j'étais complètement amoureuse de la musique alors finalement, ce n'était pas vraiment un choix, c'était une évidence.

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Sanremo, c'est comme Noël pour les Italiens !
Tu as remporté le prestigieux festival Sanremo cette année. Que représente cet événement pour les Italiens ?
C'est le plus gros événement de l'année. En Italie, Sanremo c'est comme Noël ! Les gens attendent Sanremo comme un enfant attend son anniversaire, c'est le même sentiment. Je trouve que c'est un endroit fabuleux parce que c'est une célébration de la musique, et le miroir de tout le panorama de la culture italienne. Il y a beaucoup de pression, beaucoup de stress parce que c'est un événement très important. La dernière finale a rassemblé 14 millions de téléspectateurs ! Tout le monde regarde Sanremo. Ce fut vraiment un défi pour moi et je ne m'attendais pas du tout à être sélectionnée, et encore moins à gagner. Ça ne faisait pas partie de mes plans mais je l'ai vécu et fait avec mon instinct naturel pour la musique, en prenant avant tout du plaisir. Et ça a fonctionné.

Ton père et ta mère, tous deux artistes, avaient déjà chanté à Sanremo. C'était aussi une façon pour toi de poursuivre leur héritage ?
En quelque sorte, oui. Je n'en ai pas fait un sujet d'importance mais c'était agréable de me souvenir des moments que j'avais pu passer à Sanremo quand j'y étais petite avec mes parents. Quand je suis montée sur scène, c'était comme un câlin réconfortant pour moi...

En raflant la victoire, tu as gagné ton ticket pour représenter l'Italie à l'Eurovision. As-tu hésité avant de dire oui ?
Non, absolument pas. (Sourire) Je n'avais aucune attente durant cette semaine à Sanremo [le festival se déroule en plusieurs étapes et sur plusieurs jours, ndlr]. Ce n'est qu'au lendemain de l'annonce de ma victoire que j'ai réalisé que j'allais aussi faire l'Eurovision ! J'ai dit oui parce que c'est un superbe concours. Je suis jeune, j'ai envie de tout essayer ! L'Eurovision est une opportunité qui n'arrive qu'une fois dans une vie, c'est une grande chance pour moi d'apprendre et de vivre de grandes émotions.

Cette chanson contient tout de moi
Tu concoures à Malmö avec la chanson "La noia". Quelle histoire veux-tu raconter à travers elle ?
"La noia" parle de moi, de mon histoire. Je suis très fière, en particulier, de porter un message. Je veux pouvoir dire aux gens que si tu traverses des épreuves difficiles dans ta vie, tu peux en sortir plus fort et danser avec "une couronne d'épines sur la tête", comme le dit la chanson. C'est important, parfois, de savoir faire preuve d'ironie et de sourire, même face à des choses mauvaises. Je trouve cela beau de représenter un pays avec un message positif. J'ai travaillé sur ce morceau avec la rappeuse Madame et le producteur Dardust et c'était vraiment un rêve pour moi parce que je débute dans l'industrie de la musique. Nous avons commencé à travailler sur la chanson vers novembre je crois, j'ai participé à plein de sessions d'écriture durant l'année écoulée. A l'origine, elle n'était pas destinée à concourir à Sanremo mais quand je l'ai entendue terminée pour la première fois, j'ai dit : "ok, cette chanson contient tout de moi. Je peux l'amener sur une scène comme Sanremo, sans regret".

"La noia" utilise des éléments de la cumbia, un genre musical typique de la Colombie. Pourquoi ce choix ?
Pour moi, la musique est un espace de création libre. La plus belle partie de ce métier est de pouvoir tout mélanger, prendre tout ce qu'on veut, de partout. Nous avons opté pour de la cumbia avec Dardust parce qu'il s'agit d'une danse folklorique inventé par des esclaves pour se sentir mieux à une époque de domination coloniale. On retrouve l'idée de ce que je chante dans les paroles de cette chanson. Le concept était cohérent.




Tu fais partie des favorites pour cette édition de l'Eurovision. Ça te met une pression supplémentaire ?
Non. En fait, je ne veux absolument pas ouvrir une porte qui m'amènerait à céder à la pression parce je ne serais pas capable de la fermer. (Rires) À l'Eurovision, je veux prendre tout ce que j'ai de bon à prendre. Si quelqu'un aime ce que je propose, c'est merveilleux ! Ça me rend plus confiante en mes capacités, plus forte aussi. Je veux me focaliser sur les aspects positifs de tout ce jeu des bookmakers, sans me mettre de pression.

Avec l'Italie, il y a toujours de l'inattendu
De ce que je comprends, tu es une personne plutôt réservée dans l'intimité. C'est la scène qui te transforme ?
Sur scène, je suis totalement moi. Je n'ai aucune insécurité. Je n'ai pas beaucoup confiance en moi dans ma vie, c'est vrai, mais quand je chante, c'est étrange ! Tout l'inverse se produit. Tout le monde me regarde mais je me sens puissante, et j'ai le sentiment de pouvoir accomplir tout ce que je souhaite. Je suis libre. Je pense que c'est important pour les gens de voir quelqu'un de libre sur scène. Je suis dans le moment présent. Je ne veux pas perdre une seconde de ce que je suis en train de vivre.

L'Italie est dans une dynamique impressionnante à l'Eurovision. Tous vos candidats ont fait partie du top 6 final ces six dernières années ! Quel est le secret ?
Je ne sais pas... C'est peut-être grâce à l'équipe de la délégation ! Je crois que la musique a beaucoup changé ces dernières années, avec l'avènement du streaming. Aussi parce que Sanremo est une célébration importante de la musique en Italie. Beaucoup d'artistes très connus viennent de Sanremo ! Je crois beaucoup en la beauté de la musique italienne. Il y a toujours de l'inattendu, ça ne correspond pas nécessaire à des stéréotypes.

Je ne veux pas songer au résultat
Que peux-tu me dire sur la performance que tu présenteras sur scène ?
Je ne veux pas spoiler ! (Rires) À Sanremo, j'étais seule sur scène avec un orchestre symphonique. La scène de la Malmö Arena est beaucoup plus grande, par conséquent, j'ai la possibilité de me montrer plus créative. Et de danser ! J'aime vraiment ressentir la musique dans tout mon corps. C'est un grand honneur pour moi de travailler avec Majnoon, mon chorégraphe. J'aurai cinq danseuses avec moi et je meurs impatience de partager ce moment avec elles. Ça va être magnifique. Ce sera avec la version supérieure [de sa prestation à Sanremo, ndlr] mais je veux aussi rester humaine. Je ne veux pas perdre ça, parce qu'il est important que les gens comprennent ce que je ressens quand je suis sur scène. Je ne veux pas porter de masque, je veux juste être moi : une jeune femme qui s'amuse quand elle chante !

Penses-tu pouvoir gagner l'Eurovision ?
Non, absolument pas. (Rires) Je suis déjà fière d'être là-bas. Je veux vivre cette expérience en restant entièrement moi-même, je ne veux pas songer au résultat. Si je pense à la fin, je ne pourrais pas vivre le moment présent.

Cette édition de l'Eurovision attire beaucoup d'attention pour des raisons politiques. Cela t'affecte-t-il dans ta préparation ?
Je crois que faire de la musique, c'est être dans un autre monde. C'est un monde qui, moi, me protège de tout. Faire de la musique c'est être libre. Faire de la musique, c'est transmettre des messages positifs. Rien d'autre. Les autres artistes et moi faisons la même chose : nous voulons communiquer des émotions au public, sans autres pensées, ni pensées sous-jacentes. Il y a simplement de la musique. L'Eurovision est important parce que c'est l'union de tous les pays. C'est un message fondamental, pour nous mais aussi pour les gens qui regardent l'événement chez eux.

Faire de la musique, c'est être libre
Penses-tu que la musique a le pouvoir de changer le monde ?
Je ne sais pas... Je ne veux pas porter cette responsabilité. Ce qui est sûr, c'est que la musique me sauve la vie. Tous les jours. Alors je crois qu'elle peut tenir le même rôle pour d'autres personnes. Je ne sais pas si la musique peut changer le monde mais elle permet aux gens de se sentir bien. Et quand les gens se sentent mieux, il y a moins de place pour commettre de mauvaises choses.




J'adore Slimane et sa chanson
Quelles sont tes impressions sur le candidat français Slimane ?
Je l'adore ! Il est très talentueux et très gentil. Je l'ai rencontré durant les pré-parties [des concerts organisés avant la compétition avec les candidats, ndlr] et il est vraiment trop cool. J'ai hâte d'apprendre à la connaître davantage à Malmö parce qu'on n'a pas passé assez de temps ensemble. Musicalement, je suis en amour devant sa chanson. Sa voix est très intense.

As-tu des souvenirs particuliers liés à la France, où tu te produiras en concert en novembre ?
Bien sûr ! Pour tout te dire, j'ai appris ma participation à Sanremo alors que je me trouvais à Paris. J'étais dans un restaurant et ma mère m'a appelé pour me dire : "C'est bon, tu es sélectionnée". Je me suis mise à pleurer devant tout le monde. (Rires) J'ai vécu beaucoup de moments intenses ici.

Tu sortiras le 31 mai ton premier album ''Poké Melodrama''. A quoi peut-on s'attendre ?
J'ai énormément travaillé sur ce projet au cours de la dernière année écoulée. J'ai la chance de pouvoir écrire des chansons de n'importe où. Je n'ai pas besoin d'aller dans un studio d'enregistrement pendant deux semaines, comme cela peut se faire dans l'industrie. Je fais de la musique continuellement. Cet album est l'histoire de ma vie sur un an. La seule chose que je peux affirmer, c'est que ce disque est la parfaite représentation de ma personnalité. Et ça veut dire beaucoup ! (Rires) C'est totalement moi, c'est totalement vrai. C'est ma réalité. Je voulais être libre en faisant cet album. Je veux briser tous les murs quand j'arrive en studio.
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