Christina Aguilera

Crédits photo : pochette de l'album Lotus
Les deux dernières années ont été compliquées pour Christina Aguilera, entre le flop de son album "Bionic", le film "Burlesque", pas super bien reçu, les moqueries après sa prestation sur l'hymne américain au Super Bowl, et accessoirement un divorce. Certes, elle a signé un joli succès l'an dernier en duo avec Maroon 5 sur "Moves Like Jagger" et fait partie du jury du carton "The Voice" aux Etats-Unis. Mais la chanteuse n'a pas signé de hit solo depuis six ans et a donc besoin de revenir en force avec "Lotus". Et même si l'album est plutôt réussi, pas sûr qu'il soit suffisamment convaincant pour permettre à la star de retrouver les hauteurs des charts.

Aucune prise de risque

Une chose est sûre : "Lotus" confirme que, malgré toute la confiance en soi - ou l'arrogance, au choix - dont elle fait preuve en interview et dans les paroles de ses textes, Christina Aguilera s'inquiète sans doute un peu pour sa carrière. Estimant que "Bionic" a fait un flop car il était « en avance sur son temps » - un argument quelque peu discutable -, Christina a en effet décidé de laisser de côté le risque et la créativité. Pour celle qui avait fait tomber les barrières sur "Stripped" et surpris sur "Back to Basics", c'est un peu décevant. Et les résultats sont inégaux. La star a en effet fait appel à Max Martin et Shellback pour deux titres, le premier single "Your Body", efficace mais un peu en retard sur la tendance, et "Let There Be Love", qui rappelle étrangement le "Girl Gone Wild" de Madonna, les cris en plus sur le refrain. L'ensemble manque parfois de cohésion, Christina changeant de style comme de couleur de cheveux, mais elle nous y avait déjà habitué sur l'excellent(issime) "Stripped" sans que ça pose vraiment problème.

Ce qui est plus gênant ici, c'est que le message soit si confus. D'une part, Christina se pose en victime qui refuse de se laisser faire. Elle essaie de renouveler le carton de "Fighter" sur le moins accrocheur "Army of Me", évoque aussi le thème de l'armée sur "Ceasefire" et invite ses détracteurs à "Shut Up" sur l'édition deluxe et même l'un d'entre eux à s'asseoir sur son majeur dans le titre "Circles". Très, très classe. Une attitude étonnante quand on voit, d'une part, que Christina a tout fait sauf se battre, prenant zéro risque sur ce disque alors qu'elle crie haut et (très) fort qu'elle est comme elle est et qu'elle ne changera pas. Et d'autre part, ces paroles sont certes source d'inspiration mais tranchent avec "Make the World Move", duo réussi avec Cee-Lo Green où la diva encourage tout le monde à laisser tomber la méchanceté et à s'aimer et s'accepter. Vous avez dit contradictoire ?

Plein de bons titres mais pas de tube

Le plus gros problème de "Lotus" est sans doute que, même si aucun titre n'a à rougir, il n'y a pas de véritable tube ici, aucune chanson qui ferait taire ses détracteurs sans que Christina ait besoin de sortir les mitraillettes, dans les paroles ou la production. Reste plein de bons moments, aussi bien dans le fun ("Circles", le bonus track "Shut Up", "Red Hot Kinda Love") que dans les ballades : Sia signe la sublime "Blank Page" et Blake Shelton fait une apparition remarquée sur "Just a Fool". Même l'intro qui n'en est pas une fait mouche. Dommage que, sur certains de ces titres, Christina se lance dans une démonstration vocale, là où elle est souvent plus puissante dans la fragilité et la retenue.