Bilal Hassani

Crédits photo : TMC
« Bilal recevait entre 1000 et 1500 messages de haine par minute ». Cet aveu glaçant, la mère de Bilal Hassani l'a fait hier soir sur le plateau de "Quotidien", l'émission de Yann Barthès sur TMC. A l'occasion de la sortie en libraires du livre "Être mère", dans lequel elle revient sur l'éducation de ses deux fils et comment elle a tout fait pour protéger celui qui s'est fait connaître dans "The Voice Kids", Amina Frühauf donne les clés pour aider les parents à combattre le harcèlement, fléau que l'interprète de "Roi" a vécu avec une extrême violence lorsqu'il a été choisi pour représenter la France à l'Eurovision en 2019. Car Bilal Hassani est d'origine arabe, chante avec une perruque, aime se maquiller et assume ouvertement son homosexualité. « On a coché toutes les cases qui dérangent » souligne sa maman. « Ça a été très dur. Surtout les menaces de mort. D'autant qu'on recevait des messages de haine de partout, de tout le monde. Il fallait gérer et, pour cela, il fallait d'abord protéger Bilal, parce qu'il n'avait que 19 ans. Et je ne pouvais pas imaginer ce qui pouvait se passer dans la tête d'un enfant de 19 ans qui reçoit autant de message de haine » s'est remémoré la mère du chanteur sur le plateau de "Quotidien".

"Maman, elle était là tout le temps"

Cet harcèlement quotidien, pesant, nourri d'insultes et de menaces de mort, a eu des conséquences très lourdes sur leur vie de famille. Bilal Hassani ne peut plus prendre les transports en commun et se déplace en permanence avec un garde du corps. Comme il le rappelle, cette vague de haine « n'était pas que sur les réseaux ». « Il y avait des lettres d'hommes politiques contre moi » a indiqué le finaliste de "Danse avec les stars", qui avait notamment été attaqué par un député d'extrême-droite. Pour Amina, sa mission était de tout faire pour que son fils puisse poursuivre ses rêves. « Bilal, depuis tout petit, il veut devenir chanteur. Il veut devenir star intergalactique... Et moi, qui suis partie jeune de mon pays, je ne pouvais accepter que mon enfant fasse marche arrière parce qu'il a peur de messages de gens qu'on ne voit pas, qui pour moi n'existent pas » a-t-elle expliqué avec émotion. Bilal Hassani a d'ailleurs révélé qu'un jour, à bout de forces, il a failli tout arrêter. « J'avais très peur, j'étais très triste. J'avais demandé qu'on arrête tout, j'avais dit : "C'est trop, là, je ne peux pas". Et elle est partie au front sans moi. Elle est partie me défendre, sans moi, elle a continué mon combat. (...) Maman, elle était là tout le temps ».

« Il fallait protéger Bilal. Il recevait entre 1000 et 1500 messages de haine par minute. »@iambilalhassani et sa mère Amina Frühauf évoquent le cyber-harcèlement et la haine en ligne ⬇️#Quotidien pic.twitter.com/iCWivnKpQF

— Quotidien (@Qofficiel) February 2, 2022

"Une chose comme toi aurait dû exploser au Bataclan"

Dans un format pour Konbini réalisé pour sensibiliser aux dangers du cyberharcèlement, Amina Frühauf affirme qu'elle a eu peur pour son fils. « Il y avait des messages où on écrivait à Bilal sur les réseaux sociaux : "Pourquoi tu n'étais pas au Bataclan ce 13 novembre ?". En fait, ils ont repris toutes les dates où il y a eu des violences très graves en disant "Une chose comme toi aurait dû exploser au Bataclan" ou "Tu aurais dû être dans cette boîte de nuit". Là ces messages, ils m'ont un petit peu tétanisée. J'étais très encolère » raconte la mère de Bilal Hassani, qui a saisi la justice. Mais sa plainte a été classée sans suites. « Ça ne veut pas dire que je regrette d'avoir porté plainte. Quand vous subissez du cyberharcèlement, il faut porter plainte, ne serait-ce que pour entrer dans les chiffres, dans les statistiques » conseille Amina.

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De par l'expérience qu'elle et Bilal ont vécue, elle tient à adresser un message de solidarité aux parents des victimes. « Il ne faut pas que le contact se brise entre les parents et les enfants. Le danger, c'est quand un enfant croit qu'il est seul. Parce qu'il y a aussi certains enfants qui veulent inverser les rôles et protéger leurs parents. Ils ne veulent pas qu'il souffrent (...) Donc veuillez à ce que l'enfant garde toujours sa place d'enfant » préconise-t-elle.