Anisha

Crédits photo : Lucie Bascoul
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Un an a passé depuis ta victoire à la "Star Academy". Quel bilan fais-tu de cette année vécue ?
Je suis déjà un peu plus soulagée d'avoir terminé l'album, d'avoir obtenu mon diplôme. C'était vraiment intense. C'est ça qui résumerait mon aventure, même pendant et après la "Star Academy". Aussi, le fait de sortir de sa zone de confort fait grandir. Découvrir beaucoup de choses, humainement ou artistiquement parlant, et surtout je me suis vue créer, préparer cet album. Le bilan, c'est que cette année a été intense mais j'y ai pris plaisir et j'ai fait cet album pour partager aux gens la suite de la "Star Ac", car je suis là pour mettre en lumière les quelques messages que je veux faire passer.

Cet album "Lumière" sort justement au bout d'un an, tu as voulu prendre ton temps ?
J'ai toujours eu, depuis le début, le désir de garder la main, que ce soit sur l'écriture, la composition, les images... Je ne dirais pas que j'ai pris mon temps juste pour dire que je prends mon temps, mais j'avais mes études à côté que je ne voulais absolument pas lâcher car pour moi, c'est une chance d'avoir une éducation et d'être à la fac. Il fallait jongler entre les deux, et avec le travail à côté. Ce n'est pas pour rien que j'ai pris le temps de le faire. Aussi, j'ai co-écrit et co-composé des choses avec des auteurs puis j'ai repris des chansons que j'avais déjà écrites, ou j'ai commencé à écrire les chansons en intégralité. J'ai voulu prendre le temps de faire bien les choses et de faire les choses qui me correspondent, pour que je puisse me dire que j'ai participé pleinement à ce premier album et que quoiqu'il en soit, il y a une partie de moi dedans.

Tu ressens une pression quand tu vois les cartons qu'ont été les premiers albums de Jenifer, Nolwenn Leroy ou Grégory Lemarchal ?
Le contexte est très différent. A l'époque, il y avait une sorte de nouveauté dans le télé-crochet et les talents. Je ne connais pas forcément comment ça s'est passé, mais dans les années où il n'y avait pas les réseaux sociaux ni l'émergence du digital, c'était assez différent. C'est normal et, finalement, rien n'est comparable. Je ne me suis jamais comparée à qui que ce soit et je n'aime pas le faire, que ce soit même avec les artistes d'aujourd'hui. Chacun a son parcours, chacun a sa destinée et pour moi, arriver après la "Star Academy" et faire un album, c'est quelque chose d'assez incroyable. J'y suis allée pour me dépasser, pour grandir et pour sortir de ma zone de confort. Psychologiquement, je n'avais pas préparé dans ma tête que j'irais jusqu'au bout et que je ferais un album, donc j'y suis allée chaque jour comme si c'était un cadeau d'avancer dans l'aventure. Il faut s'adapter très vite car sinon on se laisse emporter par les choses. Pour moi, faire un album aujourd'hui est quelque chose d'assez énorme et j'ai la chance de le réaliser aujourd'hui. Le plus important, c'est de partager le message et mettre au service ma voix et ma musique pour apporter quelque chose dans le coeur ou les âmes des gens.

Vendre beaucoup de disques ou décrocher un tube, c'est un objectif ?
Aujourd'hui, je ne pourrais pas deviner ou me dire "peut-être que ça va se vendre à tant d'exemplaires". Je le fais pour les gens et si les gens aiment, c'est à eux de se dire s'ils veulent acheter le disque ou pas. Tout ça, c'est comme à la "Star Academy". Ce n'est pas moi qui saura à l'avance si je vais aller plus loin ou non. Je me suis laissée emporter par la chose. J'ai donné le meilleur de moi-même avec les moyens que j'avais, avec des personnes qui m'ont entourée et aidée à concevoir le projet. Le futur me dira ce qu'il va se passer. Je me laisse emporter par chaque jour, et on verra bien. Le plus important, c'est que ça puisse apporter quelque chose dans le coeur des gens.



Pour l'album, tu mises sur des sonorités pop-folk. Ça s'est immédiatement imposé dans le processus ?
Quand j'ai commencé à chanter, j'ai toujours été influencée par le rock des années 60, 70 et 80. Puis j'ai aussi découvert la pop-rock et j'ai beaucoup aimé. C'est en 2020 que j'ai découvert le côté doux et organique de la folk. Sachant que j'aime beaucoup la guitare, ça m'a donné un nouveau souffle. Parce que tout ce qui est rock, c'est quelque chose d'un peu intense, alors que la folk redonne ce côté organique et c'était important pour moi d'avoir cette veine organique. Si tu écoutes l'album, c'est assez varié car il y a des ballades, des titres plus pop-valses... Pour moi, c'est important les instruments et les musiciens : ils méritent de briller car c'est un travail d'équipe.

Dans les paroles, tu parles énormément du fait de faire briller la lumière en toi et te "prouver" face aux autres. C'est quelque chose d'important à tes yeux ?
De faire briller la lumière, ce n'est pas forcément comme ça que je le dirais... Pour moi, le thème de la lumière signifie qu'il n'y a pas de lumière sans ombre ni d'ombre sans lumière. Même sur la pochette, tout est noir car même dans l'ombre de nos doutes, de nos peurs, et ça ne parle pas que de moi, car je parle beaucoup des autres. Comme dans "Tu rayonnes", je voulais quelque chose de fédérateur. Et c'était important pour moi que les gens s'identifient car qui n'a pas vécu de difficultés dans sa vie ? C'est sortir de cette ombre-là en trouvant la lumière qui nous sort de là. Puis je parle beaucoup de la lumière qui nous met devant la scène, et là ça parle de moi. Mais aussi la lumière qu'on cherche au fond de soi quand tout nous paraît tout noir. La vie, c'est des épreuves, des belles choses.

En un sens, le message de l'album pourrait être résumé dans la chanson "Tu rêves" où tu dis qu'il ne faut jamais baisser les bras, coûte que coûte ?
Effectivement ! "Tu rêves", c'est un des titres que j'ai écrit en amont pour dire que mon rêve, c'était de partager, d'apporter de l'aide même par ma simple présence. C'était important de le dire en chanson. J'aime bien parler du fait que la chanson ça aide, c'est une thérapie. "Tu rêves", ça parle des miens mais aussi de ceux des gens qui veulent s'en sortir, qui ont un objectif.

Dans "Automne", tu chantes "Je perds mes repères, je ne sais plus quoi faire". C'est ce que tu as pu ressentir après la "Star Academy" ?
Il faut savoir que j'ai écrit cette chanson bien avant la "Star Academy", à l'automne 2021. C'était un poème à la base. Je suis sortie d'un train, j'ai vu des feuilles mortes tomber d'un arbre, il faisait nuit, et à ce moment-là de ma vie, j'étais un peu perdue, comme toutes les personnes qui ont des moments de flou. Mais l'espoir en moi me disait que tout allait s'arranger. Donc j'ai fait cette métaphore de "mais viendra encore le printemps". C'est pas que ma vie, c'est la vie de tout le monde. Ces derniers mois, ce n'est pas que je me suis sentie perdue, mais je suis une personne qui est train de voir comment je peux encore me développer. Il faut toujours chercher à se développer, ce qu'on peut apporter dans le monde ou à notre entourage. Je suis une personne qui cherche encore à évoluer, à atteindre un état d'éveil et de conscience encore plus grand. C'est une nouvelle vie et il faut s'adapter, en ayant les épaules pour.



Il y a un côté assez spirituel dans ta musique, avec la chanson "Irery" ou quand tu chantes "Merci à Dieu". C'est finalement assez rare dans la pop française !
Je ne connais pas encore trop la culture pop française donc je ne peux pas te dire ce à quoi je peux me référer. Mais vu que j'ai toujours écrit en anglais, j'ai toujours eu une petite distance face à l'écriture et là en français, c'est plus brut et authentique de mettre des mots avec lesquels je parle tous les jours. Avec le français, je mets vraiment les émotions et ce que j'ai envie de dire. En termes de spiritualité, je ne peux pas dire haut et fort que j'en ai une, mais le fait d'être connectée à l'autre, à un environnement, à une divinité qui me semble inatteignable, il y a ce côté là qui très important. C'est ça que j'ai toujours aimé : être connectée à l'autre, prôner l'amour et l'espoir... Au-delà de ça, la spiritualité m'aide à être en harmonie avec moi-même, car je doute beaucoup de moi-même, je m'autoflagelle. Le but c'est d'être réellement ancrée et alignée, par rapport à mon coeur et mon esprit. Si je dis "Merci à Dieu" ou que je chante "Irery", bien sûr que la croyance tient une place importante. Pour moi c'est venu naturellement, sans penser à une chose.

Tu chantes justement en malgache dans "Irery"...
Je dis que je prie pour mes compatriotes, les gens qui travaillent durs, ma famille, mes amis, mon pays qui est en difficulté aujourd'hui... C'est normal que j'en parle. Et "Merci à Dieu" car j'ai de la gratitude envers tout : la vie, les gens qui ont compté pour moi, le public, toutes les personnes qui m'ont aidées et la lumière qui m'a guidée jusque là.

"Accorde-moi un temps" est en duo avec Abi Bernadoth de "The Voice". Comment est né ce duo ?
Ce duo est né d'une certaine amitié. On s'est rencontrés lors des W9 d'Or où l'on devait chanter en trio avec Mentissa. J'étais hyper stressée car il me semble car j'avais oublié les paroles, que je n'avais pas assez bien révisé, et ils étaient là pour me soutenir. J'ai vu deux personnes très humaines et ultra gentilles. On est restés en contact. Avec Abi, on s'est revus plusieurs fois sur des plateaux télés... Il m'avait déjà proposé des choses mais ça ne s'est fait que plus tard. C'est venu très naturellement de lui demander s'il voulait chanter sur l'album. (Sourire) Il était vraiment partant et les paroles de "Accorde-moi un temps" lui ont vraiment parlé, il trouvait ça bien. Pour moi, c'était très gratifiant. Et malgré nos différences de styles musicaux, on arrivait à s'accorder sur "Accorde-moi un temps".

Lui aussi est sorti victorieux d'un télé-crochet. Il t'a donné des conseils là-dessus ?
C'est toujours normal d'en parler un peu. Pour moi, c'est nouveau alors que lui a un peu d'expérience, il va partir en tournée avec sa comédie musicale donc il connaît plus le milieu que moi. Il est de bon conseil et ce n'est pas le seul, mais c'est toujours des conseils bienveillants. Ce n'est pas que lui qui me donne ce genre de conseils, mais c'est le fait de vraiment le vivre pleinement, d'en tirer le maximum de positif. On le fait pour les messages qu'on veut faire passer, et surtout se raccrocher à ça. Ça a toujours été ma philosophie.



Tu n'as pas voulu faire de duo avec les autres élèves de la saison comme Louis, Léa, Paola... ?
Chacun a dû aussi gérer son aventure d'après. On se comprend sur le fait d'avoir vécu la chose de l'intérieur mais aussi sur ce qu'on vit après. L'aventure est finie, et on a chacun notre propre style musical, notre propre genre, notre public avec lequel on doit communiquer et être toujours en contact. Plusieurs sont en indépendants, d'autres sont dans des maisons de disques... Chacun est donc sur son projet respectif et je pense que parler d'un duo aujourd'hui, pour moi en tout cas, ça aurait été un peu trop tôt. Je trouve que, déjà, chacun essaie de faire son projet au mieux. Chacun grandit de son côté et si ça doit se faire un jour, ça se fera. (Sourire)

La "Star Academy" revient ce samedi. Vas-tu y avoir un rôle ?
Alors là, je ne pourrais pas te dire. Mais ce que je sais, et ça me paraîtra très normal, c'est de pouvoir revenir, que ce soit sur le plateau ou au château, pour pouvoir voir les nouveaux élèves, les rencontrer, leur donner des conseils sur mon expérience passée. C'est ça le truc : avoir la lumière et leur transmettre. En tous cas je ne leur souhaite que des belles choses ! Malgré l'intensité des cours ! (Rires) Mais c'est vraiment pour nous former à être des artistes qui arrivent à gérer tout ça, l'intensité qui nous attend à l'intérieur et à l'extérieur. C'est une école de vie. J'espère pouvoir revenir, ne serait-ce qu'une fois, pour partager et dire merci au public !

Quel est le conseil que tu donnerais aux nouveaux élèves ?
Le plus important : vivez cette expérience pleinement. Certes, ça va aller très vite mais ça va être aussi long. Il faut vivre le moment présent au maximum, même s'il y a des doutes, c'est normal. Soyez patients envers vous-même et surtout, quelque soit le résultat, si vous sortez la première, la deuxième ou la dernière semaine, ça n'enlèvera aucunement la valeur de la personne que vous êtes et le cadeau que vous avez reçu. Chacun a son parcours et sa destinée, mais vous allez apprendre à vous former. Prenez tout ce qu'il y a à prendre !